La technologie aide les Kényans à dévoiler une fraude à l'enregistrement des électeurs

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Logotype de la Commission kényane indépendante des circonscriptions électorales. Photo courtoisie dehttp://www.iebc.or.ke/

 

(Billet d'origine publié le 7 janvier 2013)

Alors que les Kényans se préparent pour les élections présidentielles qui auront lieu dans moins de 90 jours, la technologie est en train de devenir amie et ennemie pour beaucoup de politiciens qui perdent en intrigues politiques et changent d'alliances plus vite que les Kényans ordinaires ne peuvent comprendre.

Tout cela a commencé avec l'établissement d'une présence en ligne pour les candidats à la présidentielle. En fait, beaucoup ont été pétrifiés quand la statistique disponible sur le site  Social Bakers a montré qu'il y avait plus de 2 millions d'usagers enregistrés sur Facebook seulement. Nombreux sont les Kényans qui utilisent actuellement l'Internet pour se divertir ainsi que pour trouver des nouvelles et de l'information alternatives.

Ainsi la course a démarré et plusieurs candidats à la présidentielle ont commencé à ouvrir des comptes Facebook et Twitter, sans avoir ni stratégie, ni compréhension de l'utilisation efficace des nouveaux médias.

La Commission indépendante des circonscriptions électorales (IEBC) a publié sur son site, en collaboration avec le Registre des Partis politiques, des listes des membres enregistrés dans chaque parti, avec une possibilité ouverte aux Kenyans de requêtes dans la base de données.

Ce qui est apparu, c'est que de nombreux partis politiques avaient volé les données personnelles de l'Identification Nationale de Kényans sans méfiance et s'étaient mis à les enregistrer en tant que leurs propres membres. Ceci pour atteindre le nombre obligatoire des membres enregistrés par district avant la date limite.

La nouvelle de cette fraude a fait irruption sur Twitter jeudi le 3 Janvier 2013, quand Larry Madowo, un journaliste qui travaille dans une société de médias de premier plan au Kenya, Nation Media Group, a tweeté qu'il avait été illégalement enregistré en tant que membre d'un parti. Larry Madowo, une victime de cette fraude commise par le Parti de l'Alliance Nationale (TNA) dont le candidat à la présidentielle est le fils du premier président kényan Mzee Jomo Kenyatta, s'est attaqué à Uhuru Kenyatta sur Twitter, en quête d'une explication.

Le vice-premier ministre du Kenya  Uhuru Kenyatta dont le parti est accusé d'avoir enregistré de faux membres. Photo utilisée avec permission d'Anonymous sous Licence de la Documentation Libre GNU.

 @LarryMadowo: Je n'ai jamais rejoint aucun parti @ Le Parti TNA a VOLE mes données personnelles et m'a enregistré ILLEGALEMENT. Sales tricheurs !

pic.twitter /AK1ybcdp

 @LarryMadowo: Cher @UKenyatta, comment se fait-il que je sois un membre enregistré de votre parti, si je ne l'ai jamais été ? C'est ça l'intégrité que nous devrions attendre de votre présidence?

@LarryMadowo: Entrez votre numéro d'identification ici http: //iebc.or.ke/ rpp/ pour vérifier si un parti (je me réfère à vous @TNAParty) vous a enregistré d'une manière frauduleuse

 

Un mot-clic de Twitter #FakePartyMembersKe a été rapidement crée quand il s'est avéré que Larry n'était pas la seule victime. Des Kényans en plus grand nombre ont suivi le lien de l'IEBC pour vérifier s'ils avaient été enregistrés dans un parti sans leur consentement. Ceux qui avaient été victimes, ont dévoilé des détails sur les partis qui les avaient enregistrés frauduleusement.

@WandiriK: #FakePartyMembersKE mes numéros de passeport et de carte d'identité n'ont été enregistrés dans aucun parti. Je vous engage à vérifier les deux.

Invité à répondre aux allégations de fraude commise par le parti TNA en enregistrant ses membres, le président du parti, Sakaja Johnson, a publié sur Twitter les commentaires suivants :

‏@SakajaJohnson: @KumekuchaPhil C'est une ruse inutile des partis qui n'ont pas été capables de capter l'imagination des Kényans. #fakepartymemberske

Le Président a ensuite accusé la commission électorale qui, selon lui, serait derrière la fraude. Il s'est avéré que d'autres partis politiques ont été aussi impliqués, mais aucun d'entre eux n'a émis de commentaire.

@SakajaJohnson: @LarryMadowo Pourquoi ne demandez-vous pas à la @iebcpage de combien de façons on peut s'enregistrer dans un parti ? C'est un système ouvert à beaucoup.

Les médias kényans se sont emparés de l'affaire et actuellement elle se résume à un échange d'accusations entre le parti TNA et l'IEBC sur la stabilité et la sécurité du logiciel utilisé pour l'enregistrement des membres. Au mépris de la révélation faite par la commission électorale que chaque parti avait un code unique pour se connecter au système et seuls les fonctionnaires de parti pouvaient entrer les données. L'IEBC a dévoilé qu'elle a obtenu des détails des adresses IP dans les cas où de faux membres avaient été enregistrés. La question reste en suspens car l'IEBC n'a pas confirmé comment elle traiterait avec les partis.

Les Kényans prennent vivement à partie des candidats, notamment par le biais de Twitter, cherchant à connaître leur position sur les questions affectant les circonscriptions que les politiciens se disputent.

 @RasDunkie13: @RailaOdinga Joyeux Nouvel An, M. le Premier Ministre. Quel est votre plan spécifique pour le transport en commun… allez-vous supprimer les matatus (minibus) ?

Sans aucun doute, les médias en ligne joueront un rôle immense dans l'information des Kényans et pour leur permettre de mettre au défi les politiciens d'une manière complètement inédite. Désormais c'est la commission électorale qui a la charge de répondre à l'électeur kényan, plus informé que jamais et qui réclame des réponses.

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