Un rassemblement contre la haine tente d'endiguer la montée du racisme au Sri Lanka

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Des activistes contre la haine au Sri Lanka ont prévu un rassemblement dans la capitale, Colombo, le 28 avril. Ce pays a connu une récente série d'agressions violentes isolées et vu l'éclosion d'une rhétorique de haine de grande ampleur à l'encontre des minorités. Ce rassemblement intervient deux semaines après la veillée aux chandelles pacifique devant les bureaux du Bodu Bala Sena (Force Bouddhiste, un mouvement bouddhiste radical connu sous le sigle BBS, ndlt) à Colombo qui avait été interrompue par le BBS et la police sri-lankaise (voir l’article de Global Voices – en français)

Rally for unity

La veillée aux chandelles organisée par le groupe Buddhists Questioning Bodu Bala Sena (Des bouddhistes remettent en cause Bodu Bala Sena) a été la première manifestation publique décriant ce que beaucoup considèrent comme une campagne xénophobe de longue haleine menée par le BBS à l'encontre des minorités dans le pays. Le blogueur Indrajit Samaraiva attribue la politique du BBS à une dynamique plus complexe au sein de la communauté bouddhiste Sinhala. Dr. Vinoth Ramachandra suppose que les activités du BBS sont une tactique pour détourner l'attention d'autres problèmes qui minent la nation insulaire.

Ayant commencé par protester contre le label Halal, le BBS a poursuivi en critiquant les codes vestimentaires des femmes musulmanes, comme l'explique D.B.S. Jeyaraj, un journaliste et blogueur expérimenté. Beaucoup d'agressions sans lien entre elles ont été constatées dans tout le pays suite aux discours haineux du BBS.

Bien que le BBS soit l'une des organisations nationalistes d'extrême droite les plus virulentes, la dernière vague d’islamophobie et de rhétorique anti-minorités au Sri Lanka a débuté avant l'émergence médiatique de ce groupe, avec l'attentat contre un sanctuaire musulman dans la ville d’Anuradhapura, suivi par un attentat contre une mosquée plus importante à Dambulla.

Les églises n'ont pas été épargnées non plus, et certains temples bouddhistes qui ne s'accordent pas avec l'idéologie de ces groupes extrémistes ont aussi été victimes d'attaques. Les commerces tenus par des musulmans ont été pris pour cible par des groupes semant la haine. Lors d'une attaque survenue récemment contre un entrepôt à Colombo, des moines bouddhistes étaient en première ligne parmi la foule des assaillants. Le BBS a également mené plusieurs raids illégaux, avec le soutien supposé de la police, dont le plus tristement célèbre fut une descente contre un abattoir à Colombo, sur la base d'une rumeur selon laquelle des animaux y seraient abattus dans le non-respect de la législation locale.

Depuis peu, de plus en plus de voix s'élèvent contre ce discours de haine, et cela se manifeste en particulier dans les médias sociaux sri-lankais. Des mouvements tels que Buddhists Questioning Bodu Bala Sena (Des bouddhistes remettent en cause Bodu Bala Sena), Love not Hate (l'amour, pas la haine), et cette pétition sur Facebook essayent de prendre de l'ampleur pour y faire face. Toujours à vif après 30 ans de guerre civile, l’opinion publique sri-lankaise fait sans peine le lien entre discrimination raciale et de potentielles violences à grande échelle.

Un événement Facebook destiné à faire connaître le “Rassemblement pour l'Unité” a été plébiscité. Fazly Mowjood a pris une résolution:

Si les groupes racistes n'arrêtent pas de semer le racisme dans notre pays, alors nous les Sri-Lankais allons le faire cesser à leur place et ce dimanche ne sera que le commencement. Il y aura d'autres actions jusqu'à ce que le dernier groupe raciste du Sri Lanka soit REDUIT AU SILENCE.

Les bénévoles qui organisent les manifestations ont rassemblé leurs économies et fourni le matériel pour fabriquer ces affiches :

Posters for Rally for Unity. Image courtesy Rally For Unity Facebook page

Des pancartes pour le “Rassemblement pour l'Unité”. Image de la page Facebook Rally For Unity.

Le rassemblement de dimanche vise à combattre le discours haineux d'une façon générale et ne semble pas focalisé sur un groupe en particulier, ce qui est une différence majeure par rapport à la veillée aux chandelles [évoquée ci-dessus]. Le soutien croissant de politiciens tels que l'ancien capitaine de l'équipe de cricket sri-lankaise Arjuna Ranatunga et l'acteur reconverti en homme politique, Ranjan Ramanayake, est aussi un signe encourageant qui pointe vers la montée en puissance du mouvement contre la haine auprès du grand public.

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