Cette année marque les 40 années [anglais] du coup d'état militaire chilien. Sur le blog Memory in Latin America [anglais], Lillie Langtry a publié une série d'articles sur “les lieux de mémoire” à Santiago, capitale du Chili. Bâtiments ou sites liés au coup d'état militaire qui a renversé la président socialiste Salvador Allende [anglais] le 11 septembre 1973, et conduit aux 17 années de dictature d’Augusto Pinochet figurent parmi ces lieux.
1. Musée de la Mémoire et des Droits de l'Homme
Cette visite virtuelle débute par le Musée de la Mémoire et des Droits de l'Homme [espagnol], “un lieu vaste et saisissant”, comme l'explique Lillie :
Malheureusement, vous n'êtes pas autorisé à prendre des photos à l'intérieur, ce qui est vraiment dommage, car le caractère marquant de cet endroit est l'imposant mur de photographies des disparus, qui occupent tout l'espace. Il y a également un emplacement où vous pouvez voir ce mur et observer tous les noms et visages de ces personnes.
Au rez-de-chaussée divers terminaux diffusent des séquences du coup de 1973 et ses conséquences. A l'étage, différents espaces couvrent des aspects divers tels que les exils et la solidarité internationale, la couverture médiatique, et la torture – incluant un dispositif de choc électrique qui fait froid dans le dos (conçu par General Electric – ce qui ne suggère pas que le fabricant le destinait à cet usage !). On trouve aussi des objets fabriqués par les prisonniers et des photographies des sites mémoriaux à travers le Chili.
Lillie note également que “ce n'est clairement pas un espace où vous trouverez une pseudo-neutralité et où les factions pro et anti-Pinochet sont présentées sur un même pied d'égalité”, citant la brochure du musée:
“La tâche de construire un lieu de mémoire doit être guidée par un sens moral; nous devons élaborer une lecture du traumatisme collectif qui va au-delà de ce qui est évident, une histoire des victimes et des criminels, coupables et innocents. Le but de la construction de ce musée de la mémoire est de devenir un espace qui permette aux droits de l'Homme et aux valeurs démocratiques de devenir le fondement éthique de notre présent et de notre coexistence future. C'est seulement de cette façon que nous pourrons dire PLUS JAMAIS CA.”
Vous pouvez consulter d'autres images du musée (y compris de l'intérieur) sur Flickr.
2. Londres 38
Dans un autre article, Lillie écrit sur un ancien centre de détention et de torture, Londres 38 [situé au 38 rue de Londres, dans le centre ancien de Santiago] :
Il était utilisé par la DINA (Direction Nationale du Renseignement) comme centre de torture et de détention pour les opposants au régime, où au moins 98 d'entre eux ont péri ici ou ailleurs [espagnol]. Sur la façade de l'immeuble, les noms des victimes sont incrustés dans les pavés en pierre (comme ceux du Stolpersteine en Allemagne).
Elle ajoute :
Au départ, j'ai été un peu surprise de l'état des murs, mais cela donne évidemment plus de sens que s'ils avaient été artificiellement rafraîchis. Vous vous rendez mieux compte de la souffrance éprouvée en ce lieu ; néanmoins, il est surréaliste de penser à quel point cet endroit est central. Ilovechile.cl écrit que ce bâtiment était connu pour la forte musique classique qui en sortait – ce qui est effrayant lorsque l'on réalise ce que cette musique était destinée à couvrir.
3. La Moneda
Lillie a également publié un article sur le palais présidentiel chilien, bombardé durant le coup d'état, le 11 septembre 1973.
Francisco Vergara témoigne sur les bombardements sur Democracities:
Ce bâtiment, considéré comme un symbole de l'indépendance nationale et de la tradition républicaine, une expression du progrès social, a été complètement consumé et détruit par les forces militaires qui ont juré fidélité à la nation et à sa constitution. Imaginez deux F-16 bombardant la Maison Blanche, ou deux Typhoons bombardant Buckingham Palace… Une scène difficilement imaginable. Cette attaque était le signe de la fin de l'ère républicaine et démocratique.
4. Mémorial pour les Disparus
Dans le dernier article de sa série consacrée aux lieux de mémoire à Santiago, Lillie évoque le Mémorial pour les Disparus: “un vaste mur en pierre avec une liste de victimes gravées dessus”.
Elle explique que le mémorial se trouve à l'intérieur d'un cimetière :
J'ai toujours aimé voir de quelle façon était utilisé un mémorial, qui fait partie intégrante de notre vie. Ici, en bas du mémorial se trouvent de nombreuses notes, photos, petites plaques, fleurs et autres. C'est un site inévitablement sombre, puisqu'il se niche dans un cimetière. Auparavant, les familles des victimes ne pouvaient se recueillir sur aucune tombe. Dorénavant elles le peuvent, et reconnaissent le cimetière principal de la capitale comme faisant partie de l'histoire du pays.
Visitez le blog de Lillie pour lire davantage d'articles sur la mémoire et les droits de l'Homme en Amérique Latine. Vous pouvez également la suivre sur Twitter:@Lillie_Langtry.
5. Le Stade National
Enfin, nous aimerions ajouter un lieu de commémoration supplémentaire à Santiago: le Stade National (Estadio Nacional en espagnol), utilisé comme centre de détention et de torture.
Comme l'explique Pascale Bonnefoy à Global Post, “Les estimations du nombre total de prisonniers vont de 7 000 à 20 000, dont environ 1 000 femmes. […] La torture avait lieu sur le vélodrome, dans les bureaux administratifs, dans les couloirs et sur le terrain. Il n'y a pas de chiffre définitif concernant le nombre de personnes tuées dans ce stade ou qui ont disparu.”
1 commentaire