Une vidéo satirique sur le vice-premier ministre serbe provoque des cyber-représailles

Des sites web ont été bloqués, des serveurs attaqués, et des comptes Twitter piratés en Serbie début février lors d'une cyber-attaque contre les amateurs et férus de nouvelle technologie à Belgrade. La raison ? Une vidéo virale se moquant de la récente tentative du Vice-premier Ministre Aleksandar Vucic de se présenter comme “un homme du peuple” aux informations nationales.

Les professionnels de la presse du pays ont subi une grande vague de harcèlement et un comportement quasi-voyou des responsables publics et de leurs subordonnés, depuis que l'actuelle coalition du pays a accédé au pouvoir, en 2012. Mais les événements récents ont conduit à des actions de plus en plus agressives de la part des fonctionnaires du gouvernement, en particulier de la part de Vucic, un puissant et impitoyable homme d'influence, connu pour son utilisation des médias nationaux dans ses campagnes de promotion de son image d'homme public. Avec les élections parlementaires en ligne de mire, lui et d'autres personnalités semblent déterminés à promouvoir et à préserver leurs images, dans la presse traditionnelle et sur internet.

Alek u Feketiću from Ivan Đokić on Vimeo.

Dans cet incident en particulier, un satiriste inconnu a apposé des sous-titres humoristiques sur la vidéo ci-dessus, où l'on voit Vucic “sauver” un enfant d'une tempête de neige. Le clip complet montre que deux assistants amènent l'enfant et des éléments de décor, indiquant clairement qu'il s'agit d'une mise en scène.

La vidéo est rapidement devenue virale. La séquence originale a été réalisée par le service de radio-diffusion public de la Radio Télévision Serbe (RTS). Mais KVZ Music, une société de distribution autrichienne totalement différente, possédant des bureaux dans plusieurs pays y compris la Serbie, et sans lien apparent avec la RTS, a affirmé que la vidéo a violé ses droits d'auteur. Une plainte a été déposée, et la vidéo retirée de YouTube.

La vidéo avait cependant déjà été téléchargée et copiée, et elle avait circulé sur plusieurs sites et blogs du pays. Peu après, plusieurs sites qui avaient mis en ligne la vidéo ont été bloqués – et beaucoup d'autres se sont rendu compte que leurs serveurs subissaient soudain des attaques DDoS massives, qui semblaient toutes provenir de Serbie.

Quelques administrateurs de ces sites – dont plusieurs sont des blogs qui diffusent des informations indépendantes ou des commentaires – ont rapidement vu leurs comptes Twitter piratés, et les mots de passe associés aux comptes e-mail modifiés. Les informations des comptes ont été restaurées, mais le message était clair : “Ne plaisantez pas avec nous.”

L'Association des Journalistes Indépendants de Serbie, l'Association Indépendante des Journalistes de Voïvodine et la fondation SHARE ont publié un communiqué le lendemain, condamnant la suppression des vidéos et la censure d'internet, et affirmant que la “culture du remix”, la pratique de la fusion d'une vidéo à d'autres éléments pour créer de nouveaux contenus en ligne, représentait un “pilier de la culture d'Internet.”

L'experte en médias et dirigeante d'ONG, Danica Radisic, également éditrice à Global Voices, qualifie ces attaques de “sans précédent et…presque impensables, même du temps de triste mémoire de l'ère Milosevic.” Beaucoup de détails demeurent inconnus, mais Danica Radisic soupçonne que les attaques ont été perpétrées par des “voyous” ou des groupes à la solde de la coalition au pouvoir.

Je ne vois tout simplement pas qui d'autre aurait la motivation de dépenser autant de temps, d'énergie et de force dans ces attaques. En fait, je ne vois pas non plus en quoi cela pourrait être une démarche intelligente de la part de la coalition au pouvoir, car je présume que leur objectif est de gagner autant de voix que possible aux prochaines élections parlementaires anticipées du 16 mars de cette année.

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