Les bourses Rising Voices, une opportunité de développement pour une communauté

Pour avoir une idée de ce qu'a représenté l'obtention d'une des mini bourses de Rising Voices pour une association ou un porteur de projet, nous avons demandé à Orsola Jenei de nous décrire son expérience. Orsola est responsable d'un projet de cartographie du Niger, un projet financé par Rising Rising en 2013. Le projet est en cours de réalisation.

 

Comment avez-vous adapté votre projet à votre expérience personnelle ?

Orsolya Jenei, coordinatrice du projet de cartographie pour le Niger, célébrant la fin de la première phase du programme avec les membres de l'Université.

Orsolya Jenei, coordinatrice du projet de cartographie pour le Niger, célébrant la fin de la première phase du programme avec les membres de l'Université.

Avant d'aller au Niger, je travaillais sur un projet de cartographie humanitaire dans le sud du Tchad. L'idée de travailler avec des étudiants, en Géographie / Cartographie, m'est venue à l'esprit pendant cette période, car ce sont eux qui pourraient bénéficier directement de l'acquisition d'une expérience pratique dans la collecte des données géographiques et leur élaboration. Les universités tchadiennes ou nigériennes n'ont pas les moyens d'offrir à chaque étudiant la possibilité d'apprendre à utiliser des outils individuellement. Alors, pourquoi ne devrions-nous pas les regrouper ? Au moment où l'appel à projets de Rising Voices a été publié, je vivais déjà au Niger où je faisais du volontariat et j'ai tout de suite pensé à cette idée initiale. La cartographie complétée par l'usage des médias sociaux est un outil très puissant pour saisir et montrer les réalités d'un pays. Et par réalités, je veux dire aussi bien les côtés positifs que les autres: les cérémonies rurales fascinantes, les luttes quotidiennes des femmes, les problèmes de ressources naturelles mal gérées, et l'immense rôle positif que le sport peut jouer.

Y a-t-il eu des difficultés inattendues qui ont surgi au cours de l'exécution du projet?

Il y a eu beaucoup de difficultés inattendues, mais je crois que nous avons réussi à les tourner à notre avantage. Les étudiants devaient retourner dans leur ville natale pour les vacances d'été: nous avons utilisé ce temps pour recueillir des données et des histoires de ces lieux éloignés. Je ne m'attendais pas à ce que les étudiants soient motivés dans le projet au point de vouloir travailler ensemble plusieurs fois par semaine. Nous avons multiplié les occasions de travailler ensemble, ce qui bien sûr, a grandement bénéficié au projet !

Y a-t-il eu des problèmes imprévus technologiques ?

La technologie a été parfois la partie la plus délicate ! Coupures de courant, virus sur le GPS, insuffisance ou panne d'ordinateurs, perte de données, connexion à Internet intermittente. Il est arrivé à plusieurs reprises que nous nous trouvions dans la salle de formation, les pieds dans l'eau, après que chacun avait trouvé le moyen d'accéder à sa place dans la salle des ordinateurs, suite à une forte pluie, en attendant que l'électricité revienne. Je craignais que ces obstacles ne démotivent les étudiants. Mais pour être honnête, ces problèmes qui sont très fréquents, ils les ont acceptés patiemment, attendu, de nouveau recueilli les données, ré-ouvert les ordinateurs de nombreuses fois par jour, et ils ont travaillé. Ils ont été merveilleux.

Y a-t-il eu des outils que vous auriez aimer avoir ?

En regardant en arrière, j'aurais souhaité que nous ayons eu Twitter dans les langues locales, comme c'est un excellent outil, qui peut atteindre un grand nombre de personnes par les téléphones portables. Mais ce n'est pas une cause perdue et j'espère que nous pourrons les inclure cette année ! Nous avons dû beaucoup travailler sur l'acquisition des compétences élémentaires en informatique, mais je pense que maintenant nous avons établi une bonne base pour cela. Aussi, les étudiants eux-mêmes sont capables de former d'autres personnes. Nous avons dû aller lentement et aborder un logiciel après l'autre.

Une station de cartographie à Niamey, Niger

Opération de cartographie d'un lieu à Niamey, au Niger

Qu'auriez-vous voulu avoir fait différemment (le cas échéant) ?

J'aurais peut-être essayé d'impliquer initialement seulement quelques personnes, puis avec leur aide d'impliquer graduellement d'autres étudiants. Le début a été très difficile pour moi, à cause du faible niveau de connaissances informatiques des étudiants, qui avaient utilisé peu, si jamais, Internet avant. Travailler lors des premières étapes du projet avec 15 élèves à la fois n'a pas été facile – surtout comme il y avait 3-4 personnes par ordinateur et que la technologie se moquait quelque fois de nous :). Mais après ces moments agités du début, j'ai été heureuse de les avoir tous ; en outre plusieurs d'entre eux, qui ont vite compris ces notions de base, ont été d'une grande aide pour la formation des autres.

Avez-vous des conseils généraux pour l'élaboration d'une demande pour la première fois? 

Je pense que le processus de candidature est très utile car il permet de penser vraiment à tous les aspects du projet, ses objectifs et ses contraintes. Cependant, je conseillerais aux candidats qui postulent pour la première fois de vraiment bien cerner la partie technique, car elle peut jouer un grand rôle dans la réalisation du projet. Ces ordinateurs sont-ils vraiment fonctionnels ? La connexion Internet est-elle assez rapide? Imaginer les pires scénarios, pour pouvoir y faire face lors de l'exécution du projet. Aussi, prévoir des marges pour les changements et les modifications. La beauté d'un financement de Rising Voices, c'est que les conditions ne lient pas les mains du bénéficiaire. Il ne dépend que de celui-ci de décider ce qu'il veut en tirer, ce qu'il veut destiner aux participants et aux communautés locales.

Autre chose à ajouter, que les candidats devrait savoir à cette étape du processus ? 

Si on est pas convaincu que le projet n'est pas la plus intéressante expérience pour un changement dans une communauté, alors ceux qui le liront ne seront pas convaincus non plus. On doit croire en soi-même et être pleinement motivé. Les bénéficiaires du financement travaillent avec des communautés marginalisées à qui le projet peut donner de l'espoir. Alors il faut utiliser son imagination, il faut s'asseoir et écrire le projet. Non seulement parce qu'il peut aider d'autres personnes, mais aussi parce qu'on va apprendre beaucoup sur soi-même.

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