Netizen Report : L’Éthiopie restreint la liberté d’expression

zonenine

Ellery Biddle, Lisa Ferguson, Alex Laverty, Hae-in Lim et Sarah Myers ont collaboré à l’élaboration de ce rapport.

[Les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.]

Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

L’édition de la semaine dernière se tourne tout d’abord vers l’Éthiopie où, le 25 avril, six membres du collectif Zone Nine, connus pour critiquer les politiques et la répression, ont été arrêtés. Un journaliste, soupçonné d’être associé au groupe a aussi été placé en garde à vue. Le lendemain, deux autres journalistes ont été arrêtés pour des motifs similaires. Selon certaines informations, les blogueurs ont été inculpés pour « avoir travaillé avec des organisations étrangères prétendant militer pour les droits de l’homme et… obtenu des fonds pour inciter à la violence publique au moyen des réseaux sociaux ». Plusieurs membres du groupe collaborent avec Global Voices, en tant que rédacteur ou traducteur. En 2012, Zone Nine avait participé à la création de la version en amharique du site. Dans un article au sujet des arrestations, Endalk expliquait l’origine du nom du collectif dont il est membre :

« Dans la banlieue d’Addis-Abeba se dresse une grande prison, Kality, où de nombreux prisonniers politiques sont actuellement détenus, parmi eux les journalistes Eskinder Nega et Reeyot Alemu. Les journalistes nous ont donné beaucoup d’informations concernant l’établissement pénitentiaire et les consternantes conditions de vie auxquelles ils doivent faire face là-bas. Kality est divisé en huit zones, la dernière, la Zone Huit est réservée aux journalistes, aux militants luttant pour les droits de l’homme et aux dissidents. En nous réunissant, nous avons décidé de créer un blog pour la prison proverbiale où vivent tous les Éthiopiens. Voilà comment est né Zone Nine. »

Human Rights Watch, le Committee to Protect Journalists et l’Electronic Frontier Foundation ont déjà demandé leur libération.

Liberté d’expression : l’Arabie saoudite cherche à garantir « un contenu de qualité » sur YouTube

Les autorités saoudiennes ont récemment annoncé des programmes pour garantir un « contenu de qualité » pour ses citoyens sur les plateformes vidéo telles que YouTube. Elles proposent notamment que la Commission générale pour les médias audiovisuels délivre bientôt des licences pour les chaînes YouTube qui passent un contrôle de « qualité ». Les autorités ont été surprises par les dizaines de citoyens qui, au cours des dernières semaines, ont publié des vidéos sur YouTube critiquant la famille royale et/ou se plaignant des bas salaires et du chômage.

En Russie, une nouvelle loi adoptée par la Douma, la chambre basse du Parlement, oblige les blogueurs qui comptent plus de 3 000 visiteurs quotidiens à s’enregistrer auprès de l’organisme russe de réglementation des médias, Roskomnadzor. Ces blogueurs devront par conséquent endosser les mêmes responsabilités juridiques que les médias traditionnels, y compris les interdictions de communiquer à l’approche des élections, sans bénéficier pour autant des mêmes protections.

Pour répondre à ce changement de politique, LiveJournal Russia a revu les widgets affichant publiquement le nombre d’abonnés de manière que les blogs ayant plus de 2 500 abonnés affichent « 2500+ » et non le nombre total. Le principal moteur de recherche, Yandex, a choisi de son côté de mettre fin à son service de classement des blogs, une fonctionnalité auparavant très populaire.

Violences : la police étasunienne a fait une descente chez un utilisateur de Twitter pour un compte parodique

Les comptes parodiques sont officiellement sanctionnés par Twitter, pourtant les autorités ne semblent pas prêtes à rire de ses situations. Jim Ardis, maire de Peoria, une petite ville de l’État de l’Illinois, a récemment déposé une plainte officielle contre le compte parodique @peoriamayor, malgré les protections de la liberté d’expression réunies dans le premier amendement. La police a obtenu des mandats de perquisition, fait une descente au domicile du détenteur du compte et arrêté son colocataire pour possession de marijuana. Finalement, le procureur d’État a refusé d’engager des poursuites, car les lois de l’État punissant les personnes se faisant passer pour un agent public ne couvrent pas les médias électroniques. Dans des affaires antérieures, la défense avait soutenu que les comptes parodiques devaient être exemptés des accusations de diffamation s'il était évident que leur nature était fausse. Dans le cas d’un compte tel que @peoriamayor, dont les messages quotidiens faisaient référence aux drogues et à la prostitution (par exemple, « qui a volé ma pipe à crack ? »), il semble probable que cette norme s’appliquerait. Twitter a fermé le compte @peoriamayor.

Le blogueur chinois Qin Zhihui a écopé d’une peine de prison de trois ans décidée par un tribunal chinois pour « diffamation » et « encouragement aux disputes et provocation de troubles », selon CCTV. Il est la première personne condamnée parmi plusieurs centaines arrêtées dans le cadre de la campagne gouvernementale « anti-rumeurs ».

Droit à la vie privée : les experts considèrent la nouvelle loi canadienne comme une menace

Une nouvelle loi canadienne, le Digital Privacy Act (Bill S-4) vise à mettre en œuvre les exigences en matière de divulgation et de protection des données afin de défendre les Canadiens contre l’usurpation d’identité. Les opposants à la loi S-4, tels que Michael Geist, professeur de droit à l’Université d’Ottawa, considèrent que cela mènerait à de nombreuses limitations du droit à la vie privée, y compris une immunité juridique totale pour toute organisation fournissant des informations privées concernant les utilisateurs aux forces de l’ordre ou de toute autre organisation prétendant enquêter sur « une atteinte réelle ou éventuelle à la vie privée », sans devoir passer devant les tribunaux.

Gouvernance d’Internet : la Nouvelle-Zélande prête à adopter les libertés numériques ?

Le député néo-zélandais Garth Hughes a proposé au Parlement une loi relative aux droits et aux libertés numériques visant à protéger le droit à un accès Internet, la liberté d’expression et d’association, la neutralité du Net, le droit à l’anonymat, le droit à la vie privée et à lutter contre la surveillance. La proposition comprend une procédure de consultation qui permettrait aux Néo-Zélandais de débattre de la formulation de la loi.

Les gouvernements, la société civile, les entreprises et les communautés académiques et techniques étaient rassemblés à Sao Paulo la semaine dernière pour discuter du futur de la gouvernance d’Internet lors du NETmundial. Les participants ont vivement débattu la neutralité du Net, la surveillance de masse, l’innovation « sans permission » et terminé par rédiger le Multistakeholder Statement of Sao Paulo, un document non contraignant qui ne porte pas le coup aux questions de surveillance que tant de groupes de la société civile espéraient. Lors d’une vidéoconférence à l’Arena NETmundial, le site officiel où se déroulait l’événement, Julian Assange s’est exprimé sur la souveraineté numérique, appelant la société civile à « produire un système différent » avec de « nouveaux réseaux d’associations, de nouveaux principes et de nouvelles valeurs ». Vous pouvez regarder Ellery Biddle, Marianne Diaz et Ben Wagner, membres de Global Voices Advocacy, discuter du NETmundial lors du GV Face de la semaine passée.

Industrie : dernier souffle de la neutralité du Net aux États-Unis

La Commission fédérale des communications des États-Unis a annoncé qu’elle allait proposer de nouvelles règles pour que les producteurs de contenus, tels que Netflix et Disney, puissent payer les fournisseurs d’accès Internet pour bénéficier d’un service plus rapide, anéantissant une fois pour toutes la neutralité du Net. Dan Gillmor, chroniqueur pour le Guardian, indique qu’avec les règles proposées « Verizon et Comcast auront d’énormes pouvoirs pour décider quels bits d’information atteignent vos appareils et le mien, dans quel ordre et à quelle vitesse ».

Activisme et internautes : les habitants de Mexico manifestent contre une nouvelle loi sur les télécommunications

Des milliers de manifestants ont formé une chaîne humaine dimanche 27 avril, partant du siège de la télévision Televisa et s’étendant au travers de la ville, pour protester contre des amendements à la loi sur les télécommunications qui menacent la liberté d’expression en ligne. Les organisateurs prévoyaient que la chaîne humaine atteigne la résidence du président, Enrique Pena Nieto, à l’origine de la proposition de révision législative, mais les forces de police ont forcé les manifestants à modifier le parcours. Le vote sur cette question a été repoussé à juin.

Publications et études

 Abonnez-vous au Netizen Report par courrier électronique.

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.