Apprendre et préserver les langues du monde grâce à la technologie

Ce billet, rédigé par un contributeur externe, est signé Allyson Eamer, sociolinguiste à l'Université de l'Ontario, de l'Institute of Technology. Une version de ce billet a été publiée initialement sur le blog du projet Ethnos.

Une langue en péril dans le monde disparaît tous les 10 à 14 jours. Des locuteurs, des universitaires et des informaticiens joignent leurs efforts, en vue de préserver ces langues de la disparition, en explorant les possibilités offertes par les technologies dans leur revitalisation. 

Les langues finissent par être menacées d'extinction à plus ou moins long terme dès lors que leurs locuteurs optent pour une langue plus importante politiquement et économiquement. Bien souvent, ce changement est la conséquence de politiques coloniales et expansionistes responsables de l'aliénation de populations, cultures et territoires indigènes au profit de bâtisseurs d'empires. 

Singulièrement, le processus connu sous le terme de “darwinisme linguistique”, faisant référence à la survie de la langue du plus fort, ne semble pas inquiéter certains chercheurs qui se justifient ainsi : N'est-il pas plus simple que tout le monde parle la même langue ?

Je ne m'étendrai pas sur la faculté qu'a chaque langue d'exprimer une conception du monde qui lui est propre : à savoir que le vocabulaire d'une langue est révélateur des valeurs des personnes qui la pratiquent, que le savoir empirique est présent dans les traits linguistiques, ou que l'art, l'expression des individus, l'histoire, la culture, l'économie et l'identité sont indissociables de la langue. Je préfère plutôt partir du principe que nous croyons, vous et moi, que la perte d'une langue est un événement tragique et que les peuples indigènes dans le monde se sont déjà vus déposséder de beaucoup trop de choses.

Dictionnaire DNf miniature par Tomasz Sienicki (CC-SA-3.0)

Dictionnaire DNF miniature par Tomasz Sienicki (CC-SA-3.0)

La technologie peut créer un lien entre les professeurs de langues, les contenus exprimés dans ces langues et ceux qui en font l'apprentissage, en s'affranchissant des contraintes de temps et de lieu. La technologie peut documenter les langues en péril grâce aux enregistrements de la parole. Elle peut produire et distribuer simplement et rapidement des programmes d'étude et des ressources. Elle peut faciliter l'apprentissage autonome par le biais du jeu, de téléchargements dans les nuages et d'applications. Elle peut mettre en relation enseignants et apprenants pour un apprentissage des langues unidirectionnel ou bien en tandem.

Des esprits précurseurs exploitent le pouvoir sans précédent de la technologie pour préserver les langues de l'extinction, et parfois, de manière exceptionnelle, pour ressusciter une langue disparue.

Voici un aperçu de quelles manières la technologie numérique peut être utilisée dans ces travaux :

Europe

Amérique du Nord

  • Un CD-ROM d'auto-apprentissage a été développé en navajo, langue parlée dans le Sud-Ouest des États-Unis.
  • Les apprenants du cherokee, parlé dans la région Sud-Centre des États-Unis, peuvent communiquer au sein d'un monde virtuel.
  • Les Ojibwe du Manitoba, au Canada, utilisent une application pour iPhone pour revivifier leur langue,  comme cela a été fait pour les Winnebago dans le Midwest américain.

Afrique

Amérique centrale et du Sud

Asie

Région arctique

  • Des cours en ligne asynchrones sont disponibles en inuktitut, l'une des langues de la région arctique.

Moyen-Orient

Région du Pacifique

  • Une langue des signes indigène du centre de l'Australie peut être apprise à l'aide de vidéos en ligne.
  • Des narrations en ligne dans des langues des îles du Pacifique sont disponibles en ligne.

Pour suivre l'actualité des technologies utilisées dans l'enseignement des langues indigènes, nous vous renvoyons aux site dont le contenu est alimenté par Allyson Eamer.

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