Argentine : Manifestations autochtones au centre de Buenos-Aires

Le lundi 25 avril, des militants de la communauté Qom, un groupe autochtone de la province de Formosa, ont érigé un barrage routier sur l'Avenue du 9 Juillet au centre même de Buenos Aires.

Certains membres du groupe, sous la conduite de Felix Díaz, ont aussi, ainsi que l'a rapporté Tiempo Argentino [liens en  espagnol], entamé une grève de la faim, soutenant qu'on ne leur avait laissé aucun autre choix.

Les manifestations veulent attirer l'attention sur de supposés abus policiers commis lors du démantèlement du barrage de la Route 86 mis en place par la Communauté Quom en novembre dernier. Le démantèlement s'est achevé par la mort d'un officier de police et celle d'un autochtone, Roberto López. La clarification de cette affaire est une autre des revendications des Quoms.

Durant la manifestation à Buenos Aires, les Qom ont fait cette pancarte, représentant les répressions policières à Formosa en novembre 2010. Photo Patricio Murphy, Copyright Demotix

Mariana Espinosa, dans le blog Red Latina Sin Fronteras, a exprimé son inquiétude après la répression subie par les autochtones dans la province de  Formosa:

Los pueblos originarios, existen y necesitan de todos nosotros, no queremos un muerto más, un dolor más, una tristeza más, un enferma mas, queremos justicia para Roberto Lopez…

La communauté autochtone existe et a besoin de nous tous, nous ne voulons plus de morts, plus de douleur ni de tristesse, plus de malades, nous voulons la justice pour Roberto Lopez…

Dans leur blog, les membres de la communauté Qom affirment leur détermination à continuer de manifester quoiqu'il arrive:

Muy errados están los que piensan que golpeándonos, matándonos, deteniéndonos, quemando nuestras casas e inventándonos causas penales nos detendrán.

Ceux qui pensent qu'en nous frappant, en nous tuant, en nous arrêtant, en brûlant nos maisons et en nous faisant des procès ils nous arrêteront, se trompent.

Le conflit a démarré par un différend territorial. Les Qoms dénoncent la préemption de 1300 hectares de terre par le gouvernement de Gildo Insfrán, le gouverneur de la province de Formosa, une province où vivent 180 communautés autochtones.

Dans le blog Un alumno Diferente, Jésus David fournit un rapide résumé de ce conflit territorial :

El conflicto por la posesión de tierras se inició a mediados de 2010, cuando el gobernador formoseño Gildo Insfrán cedió a la Universidad Nacional de Formosa los terrenos en los que vive la comunidad Qom, que posee los títulos de propiedad otorgados por el Gobierno nacional en 1940. Tras ser desalojados, los habitantes cortaron durante poco más de tres meses el tránsito en la ruta nacional 86.

Le conflit pour la possession des terres a débuté vers la mi 2010, lorsque le gouverneur de Formosa, Gildo Insfrán, a cédé à l'Université nationale de  Formosa les terres où vit la communauté Qom, laquelle possède le titre de propriété que le gouvernement lui avait conféré en 1940. Après avoir été déplacés, les habitants ont coupé la circulation de la Route nationale 86 pendant plus de trois mois.

Daniel Gaguine, dans son blog El Caleidoscopio de Lucy, explique pourquoi le thème de la terre est si important pour les autochtones:

Muchas de las tierras fueron adquiridas por empresas y particulares de fuerte poderío económico, causando graves dificultades en lo que sería uno de los “pulmones” del norte del país, con lo que sería la poda de árboles y demás.

Les entreprises et les particuliers ayant un fort pouvoir économique ont acheté les terres, provoquant de graves difficultés dans ce qui est supposé être l'un des «poumons» du Nord du pays, avec la coupe des arbres et bien d'autres choses encore.

Il a aussi interrogé Pablo Gramajo, l'un des manifestants de l'avenue du 9 juillet à Buenos Aires, lequel met en lumière le désaccord existant entre le point de vue des autorités et celui des autochtones :

El problema de la expulsión de la tierra no es solo en Formosa sino de todo el norte argentine… Lo que ustedes llaman “desarrollo”, nosotros le decimos “forma de vida” y el desarrollo no va con nuestra forma de vida.

Le problème de l'expulsion des terres n'existe pas seulement à Formosa mais dans tout le Nord de l'Argentine.… Ce que vous appelez “développement”, nous l'appelons «mode de vie» et votre développement ne s'accorde pas avec notre mode de vie.

"Membre de la communauté Qom sur un barrage routier, demandant la restitution de leurs terres." Photo Patricio Murphy, Copyright Demotix

Le 30 décembre de l'année dernière, les autorités du gouvernement provincial et les Qom sont parvenus à un accord de base sur les soins médicaux et la sécurité, ouvrant la voie à une résolution pacifique du conflit. Mais les Qom affirment que le gouvernement n'a pas rempli ses promesses, les contraignant à intensifier de nouveau leurs manifestations.

Le blog Lalacnaqom explique comment les militants Qom ont recommencé la grève de la faim et le barrage routier :

Los manifestantes, pertenecientes en su totalidad a las comunidades Qom, iniciaron esta medida de fuerza con el propósito de acceder a un diálogo con los representantes del gobierno, a fin de hacer un seguimiento de las promesas firmadas en noviembre pasado. Dichas promesas … consisten en la construcción de viviendas para la comunidad Qom.

Les manifestants, appartenant tous aux communautés Qoms ont entamé cette démarche [le barrage routier et la grève de la faim à  Buenos Aires] pour parvenir à un dialogue avec les autorités gouvernementales et ce, afin qu'ils tiennent leurs promesses signées en novembre dernier. Ces promesses… consistaient à construire des habitations pour la communauté .

Dans leur blog, les militants de la communauté Qom déplorent aussi le fait que le gouvernement fédéral fasse si peu cas d'eux:

Cuándo se va a reconocer la situación crítica en que nos ponen? Negar la realidad es la peor alternativa.

Quand vont-ils reconnaître la difficile situation en laquelle ils nous ont mis ? Nier la réalité est la pire alternative.

Dans son blog Señales, Claudio Andrés de Luca critique la manière dont les médias officiels discréditent le mouvement autochtone en ne rapportant pas leurs revendications :

Los medios oficiales CN23, la Televisión Pública, TelAm y El Argentino decidieron darle aire al reclamo que llevan, desde hace más de 5 meses, hermanos de la comunidad Qom en Buenos Aires. Y lo hacen de la peor manera llaman a Formosa para que el ministro de Gobierno pida desde allá el levantamiento de la protesta y dialoguen, algo a lo que el Gobernador Gildo Insfrán siempre se negó. En ninguna de sus crónicas dan voz a los pedidos del los acampantes.

Les médias officiels tels que CN23, la télévision publique, TelAm et El Argentino ont décidé de médiatiser les actions de revendications qu'ont menées nos frères de la communauté Qom  à Buenos Aires depuis cinq mois.  Et ils l'ont fait de la pire manière qu'on puisse imaginer, en appelant la province de Formosa afin qu'un ministre réclame depuis là bas la fin de la manifestation et un dialogue, quelque chose que le gouverneur Gildo Insfrán a toujours refusé.  Dans aucun de leurs reportages, ils ne parle des revendications des manifestants.

De nombreuses associations soutiennent le combat des Qoms, dont les Mères de la Place de Mai, Amnesty International et l’ONG du prix Nobel de la Paix Adolfo Pérez Esquivel. Le 26 avril, la Commission interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) a exprimé ses inquiétudes quant à la situation des Qoms en Argentine. Le Centre des Études Juridiques et Sociales (CELS), qui a porté l'affaire à la CIDH, réagit sur cette affaire sur son site :

La Comisión Interamericana de Derechos Humanos (CIDH) solicit al Estado argentino que “adoptar las medidas necesarias para garantizar la vida y la integridad física” de la comunidad qom (toba) “La Primavera”… el Estado argentine debe proteger a los indigenous “contra posibles amenazas, agresiones u hostigamientos por miembros de la policía, de la fuerza pública u otros agentes estatales”.

La Commission interaméricaine des Droits de l'Homme demande à l'Argentine d’ «adopter les mesures requises pour sauvegarder la vie et l'intégrité physique» de la communauté Qom (Toba) “La Primavera”… L'Argentine doit protéger les autochtones contre toutes éventuelles menaces, agressions ou hostilités de la part des policiers, de la force publique ou de tout autre agent de l'Etat.

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