Cuba: “brutalité policière” ou “mort naturelle” d'un dissident?”

MISE A JOUR: le mercredi 11 mai 2011 à 9h15 du matin: le blog Babalu [en anglais] a publié un lien vers un rapport médical [en espagnol] qui lui fait résumer la situation ainsi:

Il y a plusieurs mois de cela, Soto Garcia a été examiné par plusieurs médecins, et la pancréatite ne faisait pas partie des nombreuses affections, listées dans le rapport, dont souffrait l'activiste. La pancréatite dont Soto Garcia a souffert et qui a fini par le tuer est apparue de manière soudaine, et vraisemblablement suite aux coups violents et brutaux que lui administrèrent les agents de la sécurité d'Etat de Castro.

Le blogueur note [en anglais] également que “les membres de l'opposition et de la dissidence à Cuba appellent à une enquête internationale pour le meurtre de l'opposant Juan Wilfredo Soto”, tandis que le blog Pedazos de la Isla [en anglais]remarque que :

Après l'assassinat de Juan Wilfredo Soto, qui s'est produit le 8 mai dernier, ceux qui exercent le pouvoir ont déclenché sur l'île une nouvelle vague de répression contre les dissidents.

FIN DE LA MISE A JOUR

Les blogueurs cubains continuent d'ameuter l'opinion [en anglais] sur le décès du dissident Juan Wilfredo Soto [en anglais], particulièrement depuis qu'un document officiel suggère [en anglais] que Soto, plus connu sous le surnom de “l’Étudiant”, est mort “de cause naturelle”.

En entendant la position officielle du gouvernement cubain, le blog Uncommon Sense [en anglais] ironise:

Ça peut être vrai, bien sûr, parce qu'à Cuba, sous le régime de Castro, que la police passe à tabac un dissident est tout ce qu'il y a de plus naturel.

Puis le ton redevient sérieux:

Mais la ligne du parti a été mise à mal par des témoins qui sont sortis du silence afin de raconter ce qu'ils savent sur la mort de Soto. La ligne du parti est en train d'être mise à mal par la vérité.

Il y a, par exemple, Mario Lleonart Barroso qui affirme qu'il a parlé avec Soto après qu'il a été battu et avant qu'il soit admis à nouveau à l’hôpital, dans un état critique.

Le blogueur parle également d'”autres personnes prêtes à témoigner pas seulement de ce qu'elles ont vu mais également prêtes à risquer leurs propres vies afin de s'assurer que justice soit faite quant au décès de Soto”, au même titre qu'il y a de “nombreux dissidents prêts à entamer une grève de la faim, si, d'ici le 26 juillet 2011, le régime dictatorial n'a pas mené une véritable enquête sur ce qui était arrivé à Soto”. Un dissident a déjà fait savoir qu'il avait commencé [en espagnol] sa grève de la faim.

Les deux comptes-rendus de la mort de Soto ne pourraient pas être plus contradictoires, avec d'un côté, les dissidents locaux qui insistent sur le fait [en anglais] qu'il a été battu par la police et de l'autre, les officiels qui maintiennent que sa “pancréatite aiguë…a mené à la défaillance de plusieurs de ses organes” et qualifient les allégations de brutalité policière [en anglais] de “‘campagne calomnieuse’ visant à discréditer la révolution cubaine.”

Le blog est également en désaccord [en anglais] avec cet article [en anglais], déclarant que:

Un fois de plus, nous avons un ‘expert sur Cuba’ qui plaint la victime au lieu de plaindre l'assaillant. Juan Wilfredo Soto Garcia n'est pas mort parce que des agents de la sécurité cubaine l'ont battu à mort, mais parce que Soto Garcia n'a pas écouté leurs prières pour qu'il quitte la zone.’

Pendant ce temps, Pedazos de la Isla [en anglais] a une pensée pour la mère de Soto, qui “doit accepter la dure réalité de ne plus jamais pouvoir voir son fils simplement parce qu'il avait choisi de défendre les droits de l'homme dans un pays qui considère ce choix comme illégal”. Les blogueurs continuent de s'interroger sur la position du gouvernement cubain:

La seule chose dont on soit sûr, c'est que leur réaction a été dictée par la peur, quand ils ont si rapidement affirmé que tout cela n'était que mensonge. Maintenant, il nous faut attendre et voir si la presse internationale se fera le relais des idées fausses et absurdes crées par le gouvernement de Castro, comme ça avait été le cas avec Orlando Zapata.

Octavo Cerco [en anglais] propose un point de vue plus personnel sur la situation:

La dernière image que j'ai de Juan Wilfredo Soto Garcia, c'est de le voir courir à mes côtés sous le soleil ardent de Santa Clara. Nous avions essayé d'obtenir de l'évêque l'autorisation pour le père Dominico, qui avait traversé la moitié de la planète pour venir jusqu'à Cuba, d'aller voir Guillermo Fariñas aux soins intensifs pendant les heures officielles de visite.

Maintenant, je regarde la photographie prise sur Penultimos Dias [en espagnol] de l'Etudiant, et je ne le reconnais pas. Ça doit être parce que je me refuse à l'idée qu'ils l'ont battu à mort. Ça doit être parce que je ne veux pas me faire à l'idée que des temps d'horreur ont envahi l'île. Et je me demande : est-ce l'évidente incertitude de la rationalité? Combien de Wilfredos y a t-il eu et combien d'autres y en aura t-il? Assis dans le parc, un crime incompréhensible, le poids d'un demi-siècle d'impunité qui s'abat sur son corps.

Finalement, les blogueurs continuent de dire de la police cubaine, qu'ils appellent “les visages anonymes en bleu”:

Depuis très longtemps, les gens les ont craints plus qu'ils ne craignent les voleurs, les escrocs et les criminels. “Appelez la police” est devenu la pire des choses à faire. Parce qu'ils ne représentent pas la justice. Parce qu'ils ne sont pas là pour nous protéger, mais pour nous contrôler plus que tout autre chose.

L'image de la vignette utilisée dans cet article vient de utilisateur de Flickr quinn.anya, sous licence Creative Commons Deed Attribution-ShareAlike 2.0 Generic (CC BY-SA 2.0). Visitez la galerie de photos de quinn.anya sur flickr.

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