Les experts policiers du “lèse-majesté” dans le procès de Prachatai

Une foule nombreuse de soutiens a rempli la salle d'audience du procès pour lèse-majesté de Chiranuch Premchaiporn, webmaster de Prachatai, portail indépendant d'actualités en ligne de la Thaïlande, qui entrait dans son septième jour à la Cour Pénale de Bangkok. Le juge principal très actif d'hier, l'Honorable Kampol Rungrat, a été rejoint par un second juge.

Un major-général de la police affable, Suraphon Tuanphong, a été le premier témoin d'aujourd'hui de l'accusation. Le major-général s'est lui-même décrit à la cour comme un expert en déchiffrage de lèse-majesté dans les phrases codées sur Internet.

Le témoin est vice-secrétaire du groupe de travail de la Police Royale Thaïlandaise sur le lèse-majesté. Bien qu'il n'ait pas assisté à la réunion du groupe sur Prachatai, il était confiant dans sa présentation à la salle du tribunal.

Suraphon a déclaré qu'un des commentaires sur la discussion en ligne publique pour lesquels Chiranuch a été mise en accusation critiquait la présence de ‘Mama Blue Diamond’ aux funérailles d'une partisane des chemises jaunes tuée lors d'affrontements entre police et manifestants. Il a déclaré que cela décrivait évidemment la Reine et que le “palais fleuri” désignait la résidence royale, Chitralada, et que ‘Nai 04′ se référait au Prince Héritier du trône de Thaïlande.

L'officier de police a considéré ces mots de code comme ‘inappropriés’ et insultant la Famille Royale. Il a déclaré que la ‘police doit être tenue de lancer des poursuites’ dans de tels cas car le conflit politique pourrait facilement s'aggraver du fait de l'influence d'Internet. Cependant, de tels commentaires sont apparus non seulement sur Prachatai mais sur beaucoup d'autres sites web.

En réponse au contre-interrogatoire de la défense, le major-général Suraphon a admis que les internautes utilisant Prachatai n'étaient en aucun cas en accord unanime sur de tels commentaires et que ceux-ci généraient beaucoup de discussions à la fois positives et négatives. Cependant, le groupe de travail de la police est parvenu à la conclusion en décembre 2008 que si “Bento” devait être poursuivie pour ses commentaires, Prachatai devait l'être également.

Cependant, la police n'a trouvé aucune trace de collaboration entre “Bento”, la seule commentatrice à être poursuivie, sans succès, pour des commentaires de lèse-majesté, et Chiranuch en tant que webmaster de Prachatai. Le témoin a concédé que les participants pouvaient même ne pas avoir écrit eux-mêmes les commentaires mais auraient pu les copier depuis d'autres sources.

Suraphon a aussi noté que les utilisateurs de la discussion en ligne de Prachatai demandaient dans de nombreuses occasions que de tels commentaires soient retirés et que le site avait toujours accédé à de telles requêtes. Cependant, il a eu le sentiment que la webmaster doit être tenue pour responsable d'un tel contenu.

L'honorable juge a immédiatement fait remarquer que ‘quiconque saurait’ que ces mots de passe se réfèrent aux souverains. Mais il a demandé si les commentaires étaient en fait insultants et font qu'un webmaster en porte la corresponsabilité.

Le juge a sommairement révoqué un deuxième témoin de l'accusation, le nouveau secrétaire du groupe de travail de la police sur le lèse-majesté, disant qu'il n'était pas nécessaire à la cour d'entendre chaque personne qui avait travaillé sur le cas Prachatai.

Alors que se déroule cette audience théâtrale, nous devons tous garder à l'esprit qu'une courageuse journaliste risque 20 ans de prison pour des commentaires qui ne sont pas les siens.

L'affaire Chiranuch reprend la semaine prochaine, le mardi 6 septembre à la Cour Pénale de Bangkok (San Aya) sur la route de Ratchadapisek près de la station de métro Lat Phrao, sortie 4. Le procès se tient en salle d'audience 910 mais le numéro de greffe du dossier est 1167/2553 dans le cas où la salle changerait.

Les témoins de l'accusation seront entendus les 6, 7, 8, 9, 20 et 21 septembre et les témoins de la défense les 11, 12, 13 et 14 octobre.

Billets précédents sur cette affaire : voir ici.

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