Caméroun : La crise amènera-t-elle un changement politique ?

 Le Cameroun a connu le pire épisode de violence depuis 1990 cette semaine, alors qu'une grève des transports, que les syndicats ont interrompu mercredi 27 février, s'est transformée en un mouvement général de protestation contre le prix des denrées alimentaires et de l'essence, encore agravé par les tentatives du President Biya de modifier la constitution pour prolonger un règne qui dure depuis 25 ans.

Pour l'heure, on dénombre au moins six, et peut-être vingt-quatre victimes. La police militaire a tiré des bombes lacrymogènes contre les manifestants, et a même jeté des cartouches de gaz depuis les hélicoptères.

A Bamenda, une ville au nord-ouest du Cameroun, les manifestants, poursuivis par la police militaire, auraient utilisé des écoliers comme boucliers humains.

Tandis que la crise s'installe, les blogueurs camérounais et leurs lecteurs, dont beaucoup écrivent depuis l'étranger, s'inquiètent pour leurs proches et débattent du futur politique de leur pays.

Le Blog du Prési, publié par un Camérounais vivant en France, écrit dans un billet titré  « L'heure est grave » :

C'est par ce titre qu'un ami intitulait le mail qu'il nous adressait ce lundi. Et pour cause, de nombreux affrontements et blocages paralysent l'activité dans les principales villes camerounaises, Douala en particulier. La raison à tout ceci, le prince veut modifier la constitution pour s'offrir quelques années de plus de règne, en meme temps, il asphyxie la population obligeant les transporteurs à se mettre en grève et le mélange de tout ceci donne un cocktail explosif qui a malheureusement un effet boomerang parce qu'handicapant encore plus ce peuple déjà bien mis à mal.

Un lecteur nommé Edouard, actuellement au Cameroun, répond que la crise est bien plus diffuse et grave :

“L'heure est grave”. Mes frères, vu du Cameroun, le mot n'est n'est pas fort. Ce n'est pas seulement Douala quio chauffe. L'Ouest, le Sud-Oues, le Nord-Ouest et Yaoundé sont en ébullition. La tension est montée d'un cran ce jour dans la capitale. Et figurez vous que c'est actuellement l'armée (les militaires) qui assurent le maintien de l'ordre. Il y a eu du feu un peu partout, et surtout à Mokolo et Tsinga. Même la poste centrale a été paralysée. L'affaire a dépassé la grève des transporteurs terrestres. Je me tape environs 30km en aller et retour pour être au bureau. Mais depuis hier, notre journal n'est même pas imprimé. C'est par Internet qu'on essaye d'informer.Les lendemains sont incertains.

Une autre lectrice du blog, PrincesseDi, écrit que les gens au Caméroun en ont tout simplement assez :

Je ne dors plus, je pense a ma famille, mes amis, tout ces etres chers restes au pays. Que vont-ils devenir? Tendons-nous vers in genocide? J'ai vraiment peur pour le Cameroun… Les populations en ont marre! 6000 frs CFA la bouteille de gaz, 100frs le litre d'huile de palme, 350 frs le morceau de savon, 20 000 frs le sac d'engrais, plus de 600 frs le litre de carburant…. Pour quels salaires? Et Son Excellence de dire “l'ordre règnera par tous les moyens”. Ou va-t-on?

Sur le site participatif français d'actualité, Rue89, un lecteur nommé Azza commente que même le soutien de la France à Biya ne permettra pas de le sauver :

Encore un dinosaure de la Françafrique qui tente d'imposer par la force la continuation de sa démocrature à une population qui n'en peut plus du népotisme et des élections truquées. Jusqu'à présent, il a toujours pu compter sur le soutient de Paris pour faire des bras d'honneurs répétés à sa population qui n'ose plus rêver de sa liberté.

Les lecteurs anglophones du blogueur Dibussi Tande, sur Scribbles From the Den, espèrent que la crise amènera un renouveau politique attendu depuis longtemps.

The Southwesterner:

At long last the awakening is taking place and guess what, my phone conversations yesterday morning and evening reveal the kumbaya happened in all the four corners of The Cameroons. From the North, South, East and West, what is to come is still in the making. The winner will be all of Cameroons children.

“Enfin, le réveil a lieu et devinez-quoi ? Ma conversation téléphonique hier matin et hier soir revèle que le kumbaya a lieu aux quatre coins du Caméroun. Du nord, sud, de l'est et de l'ouest, ce qui va arriver se prépare. Les grands gagnants seront les enfants camérounais”.

Innocent Ndifor Mancho:

Today the sons of Cameroon have realised that they need to take their destiny into their own hands. The essingan brotherhood and its band wagon of political charlatans for decades have manipulated elections, constitutions, human rights, justice. they have manipulated the police and the army, the students and the teachers. they have manipulated the youths and the elders. Of course, they forgot the very old wisdom that u can only fool all the people some of the time.

“Aujourd'hui les fils du Caméroun ont compris qu'ils doivent prendre leur destin en main. La fraternité essingan et ses charlatans politiques ont manipulé pendant des dizaines d'années les élections, les constitutions, les droits humains, la justice. Ils ont manipulé l'armée et la police, les étudiants et les professeurs, ils ont manipulé les jeunes et les vieux. Naturellement, ils ont oublié cette vieille sagesse qui dit qu'on ne peut tromper les gens que pendant un certain temps”.

Nga Adolph:

It is time for opposition forces in Cameroon to make sweeping political capital out of this,for if we miss the “train” this time around all hopes of bringing about the much needed reforms will be lost irredeemably.Make no mistake,the momentum must increase and accelerate to engulf the whole nation just like a tide sweeps through every nook and cranny of a beach.

“Il est temps pour l'opposition camérounaise d'en profiter pour frapper un grand coup car si nous ratons le train cette fois, tous les espoirs de réformes très nécessaires seront perdus irrémédiablement. Ne vous y trompez pas, la rebellion doit grandir et s'accélérer pour s'étendre à toute la nation, comme une marée qui inonde chaque recoin d'une plage”.

Jennifer Brea

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