Palestine : Se sentir humain à Gaza, une lutte quotidienne

Alors que les conditions de vie à Gaza se détériorent de jour en jour, beaucoup se battent pour survivre aux difficultés de la vie quotidienne, mais aussi au changement des valeurs, dans cette société désormais dominée par l'idéologie islamiste. Dans ce billet, un blogueur de Gaza pousse un cri de désespoir.

Averting Depression [Eviter la dépression] décrit son état d’esprit [en arabe]:

ندما أحاول أن أعزي نفسي بوجودي في البقعة من الأرض ؛ و عندما أحاول أن أرفض هواجس الرحيل من هذا المكان الذي أنتميت له أربعين عاما بالتمام بحكم الميلاد , و من ثم بحكم االمعاناة و الإنحياز لها , و بحكم الأحلام و السجائر و العرق و الدم ؛ و عندما أتشبث بفكرة : ” تشاؤم العقل و تفاؤل الإرادة ” التي تلازمني منذ عشرين عاما؛ و عندما أختار أن أنحاز لإنسانيتي قبل أي شئ و كل شيء ؛ و عندما أحاول ألا أخوض في وحل غزة و مجاريها , فأن فكرة أن أكون مواطنا عالميا في غزة تداهمني إلى حد الجنون , محاولا التغلب على جنون الواقع الذي ظهرت تجلياته بجنون منقطع النظير عندما إنتصر السيف و البشاعة على كل أمل بالأفضل قبل عام في غزة .
J'essaie tristement de me consoler de ma présence sur cette tâche sur terre [Gaza ]. Lorsque j'essaie de chasser de ma tête l'idée de fuir de cet endroit, auquel j'appartiens depuis 40 longues années, parce que j'y suis né, et à cause des problèmes et de l'isolement, et puis en vertu des rêves que j'ai faits, des cigarettes que j'ai fumées et de la sueur et du sang que j'ai laissés sur cette terre; lorsque je me raccroche à l'idée de Gramsci, ‘Le pessimisme de l'intellect et l'optimisme de la volonté’, qui ne me quitte plus depuis 20 ans; lorsque je choisis de faire passer mon humanité avant toute chose; lorsque je tente de ne pas sombrer dans la boue et les égoûts de Gaza; alors, je suis envahi par l'idée, quasi obsessionnelle, que je suis un citoyen du monde vivant à Gaza et j'essaie de prendre le dessus sur cette folle réalité. Réalité, dont les révélations se sont manifestées dans une démence sans précédent, il y a un an de cela, quand, à Gaza, la guerre et la laideur ont brisé tout espoir de jours meilleurs. 
هل لي أن أكون كوسموبوليتينيا في غزة وسط هذا القحط القاتل و الحصار الظالم و البشاعة التي تأبى أن يكون لها نظيرا. أحاول أن أحافظ على قيم ما و ألا أفعل ما يفعل الرومان عندما أكون في روما , و لكن هل أستطيع و غزة و هوائها المغموس بالماء يحاصرني من كل فج و ميل , و هل لي و قيمها الهلامية تلتف حولي من الأمام و الخلف و من فوق و من تحت .
هل لي ؟؟ ليس أمامي سوى ذلك لأعيش فيها و لها غير راكلاً أحلامي أو قاتلا لها بومضة فكرة جريئة أو بقرار متهور . ليس لي إلا أن أحافظ على إنسانيتي وسط هذا الركام من البشاعة.
M'est-il possible d'être un citoyen cosmopolite à Gaza, au milieu de cette disette meutrière, de cet état de siège accablant et de la laideur qui veut s'imposer ? Je tente de maintenir des valeurs et de ne pas reproduire ce qu'ont fait les Romains à Rome; pourtant, est-ce possible tant que Gaza et son air saturé d'humidité m'assaillent de tous le côtés ? Est-ce possible quand ses valeurs viles se lovent autour de moi, par l'avant, l'arrière, en dessus et en dessous ? Est-ce possible ? Devant moi, il n'y a d'autre horizon que la vie à Gaza et Gaza ne peut rien pour moi, excepté mettre à mal mes rêves ou les briser à cause de l'étincelle d'une idée téméraire ou d'une décision irréfléchie. Il ne m'est possible de maintenir que mon humanité dans cette masse de laideur.

Après avoir rédigé ce billet, Averting Depression a fait un terrible cauchemar qui l'a laissé en larmes. Il s'est demandé si le billet en était la cause [en arabe]:

قد تكون كلمة كوسموبوليتي هي الذنب و هي الجريمة التي ارتكبته قبل الحلم / الكابوس بدقائق أو ساعات . تعرفت على الكلمة أول مرة عندما قرأت المانفيستو قبل أكثر من عشرين عاما , و كانت قرأتي السريعة للأيديولوجيا تسقط على هذه الكلمة بعدا سلبيا على ما أذكر . و أستخدام الكلمة هنا في واقعنا الذي نغوص فيه في الوحل/ المجاري هنا في غزة إلى درجة الغرق قد يوحي بالهروب من الواقع الذي طالما تفاخرت بالتشبث به و الانتماء له.
Le problème vient peut-être du mot “cosmopolite”, le crime que j'ai commis juste quelques minutes ou quelques heures avant le rêve/cauchemar. J'ai rencontré ce mot pour la première fois, il y a plus de vingt ans, en lisant le Manifeste (communiste). Dans ma lecture rapide de cette idéologie, ce mot a retenu mon attention de façon négative, si je me souviens bien. Je l'utilise ici pour renvoyer à la réalité de Gaza, où nous nous enfonçons dans la boue et les égoûts jusqu'à nous y noyer. Peut-être aurons-nous alors l'impression de fuir cette réalité, à laquelle j'appartenais et me raccrochais avec tant de fierté.
هل استطيع هنا في غزة تسمية الاستشهاد بالانتحار؟ هل استطيع هنا أن نسمي البلادة باسمها أم أنها الدفاع عن الحياة في واقع تقطع فيه رؤوس كل من يتنحنح؟ هل نستطيع أن نسقط دراسات الغرب عن مجتمعات محددة و واضحة المعالم على مجتمع هلامي الشكل ؟ هل نستطيع أن نسقط قيم الثقافة الكونية على واقعنا المحلي؟ العقل و الفم مليئان بالأسئلة التي تتكاثر كما تتكاثر الأرانب, و العقل عقيم عندما أحتاج الاجابات .

Ici, à Gaza, puis-je désigner le martyre par le nom “suicide” ? Peut-on vraiment utiliser le mot apathie pour ce qu'il est ou est-ce un moyen de défense contre cette vie, dans laquelle on coupe la tête à ceux qui s'éclaircissent la voix ? Pouvons-nous abandonner les écrits occidentaux qui présentent des sociétés bien définies, régies par des schémas précis, pour cette société qui semble informe?  Pouvons-nous renoncer aux valeurs de la culture universelle au bénéfice de notre réalité locale ? 

Mon esprit et ma bouche fourmillent de questions, qui se multiplient tels des lapins, pourtant mon esprit est stérile quand il s'agit d'y répondre.

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