Thaïlande : Les réactions régionales à la crise politique

Les manifestants anti-gouvernementaux ont quitté les rues ; ils ont aussi évacué les locaux des aéroports qu'ils avaient occupés toute une semaine. Mais la crise politique thaïlandaise [en anglais, ainsi que tous les blogs cités, sauf indication contraire] reste en suspens.

Les partisans de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) avaient investi les deux principaux aéroports de Bangkok  le 26 novembre dernier. Ils demandaient la démission du premier ministre qu'ils accusaient d'être corrompu [en anglais]. Il y a une semaine, les dirigeants du parti au pouvoir ont été déclarés coupables de fraude électorale par la Cour suprême thaïlandaise, décision qui a conduit à la démission du premier ministre.

Quelle est aujourd'hui la situation en Thaïlande ?

- Les partis politiques rivalisent pour tenter d'asseoir leur prédominance. Ils doivent choisir un premier ministre dans les jours à venir.

- La prise de l'aéroport a non seulement bloqué des centaines de milliers de passagers, mais elle a aussi porté un coup à l'industrie touristique thaïlandaise. Des responsables du secteur touristique estiment que les répercussions de la crise feront perdre à la Thaïlande plus de 2 millions de touristes dans les prochains mois.

- Bangkok est plus calme ces jours-ci, même dans les centres commerciaux.

- Les Thaïlandais et les visiteurs commencent à mettre par écrit ce qu'il ont vécu et leurs points de vue sur la prise de l'aéroport. Certains proposent des solutions à la crise .

- L'homme qui a été battu par des sympathisants du PAD [en thaïlandais] a été retrouvé.

- Un blogueur qui avait critiqué les actions menées par le PAD a reçu un coup de téléphone d'un lecteur en désaccord avec son point de vue. Ils ont décidé de se rencontrer, de discuter et de boire une bière.

- Le dernier numéro du magazine The Economist a été interdit en Thaïlande car il contenaitt un article jugé insultant pour le roi du pays.

Réactions à travers la région

Aaron de Singapour  vilipende le PAD :

“What the People's Alliance for Democracy (PAD) did in Bangkok was simply appalling, even by my liberal standards of democracy and human rights. I am all for freedom of speech and even civil disobedience, provided the situation warrants it, but to take a country hostage by seizing airports and disrupting the lives of millions of other people needlessly is simply inexcusable. To me, the PAD is like the bands of Somali pirates that hijack ships, or even the group of terrorists that attacked Mumbai…By virtue of their actions, the PAD has effectively disrupted the livelihoods of millions of other Thais, and if you are a poor Thai who depends on tourist dollars to survive, you are basically handed a slow death.”

« Ce que l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) a fait à Bangkok est scandaleux, et je suis pourtant un fervent partisan de la démocratie et des droits de l'homme. Je suis résolument pour la liberté d'expression, voire la désobéissance civile, si la situation la justifie, mais prendre un pays en otage en s'emparant des aéroports et en perturbant la vie de millions de personnes sans raison est tout simplement inexcusable. Pour moi, le PAD ne vaut pas mieux que les bandes de pirates somaliens qui détournent les navires, ni même que le groupe terroriste responsable des attaques de Mumbai… Par ses actions, le PAD a en effet mis à mal le gagne-pain de millions d'autres Thaïs, et si vous êtes un homme pauvre dont la survie dépend des dollars dépensés par les touristes, vous voici simplement condamné à une mort lente. »

Luis Teodoro des Philippines analyse la crise ainsi :

“Thailand has been far from immune from crisis in its turbulent recent history, which has been peppered with military coups and political violence. The verdict so far is that political unrest will continue despite the king, Thailand being severely divided.”

La Thaïlande est loin d'avoir été exemptée de crises durant son histoire récente et mouvementée, une histoire agrémentée de coups d'état militaires et de violences politiques. Le résultat aujourd'hui est que la Thaïlande est gravement désunie, le malaise politique va perdurer, et ce, malgré le roi. 

Le blog indonésien Unspun note qu'un vidéo d'une interview du premier ministre thaï évincé, Thaksin Shinawatra, a d'abord été mise en ligne sur internet ; ce qui témoigne selon lui du manque de confiance de Thaksin envers les médias traditionnels.

Un groupe vietnamien de hip hop s'est retrouvé bloqué à Bangkok pendant la prise de l'aéroport. Le tourisme cambodgien souffre également des effets de la crise. Environ 1 500 passagers transitent chaque jour par Bangkok pour se rendre au Cambodge. La blogueuse laotienne Nye Noona raconte l'épreuve qu'elle a vécu pendant la première journée de blocage de l'aéroport.

Photos de Nye Noona

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