Zimbabwe : Un bébé de 2 ans détenu en cellule d'isolement

[Mise à jour : selon une dépêche de l’ Associated Press, Nigel Mutemagau a été libéré le 14 janvier, mais ses parents restent en prison. Ce billet d'origine a été publié sur Global Voice en anglais le 13 janvier, la traduction en français a été mise en ligne le 15 janvier]. Ce bébé de 2 ans, Nigel Mutemagau (initialement identifié comme étant Nigel Mupfuranhehwe, du nom de famille de sa mère) est [était] en cellule d'isolement dans la prison la plus connue du Zimbabwe, la prison de haute sécurité de Chirurubi. Nigel a été enlevé avec sa maman et son père il y a environ trois mois par le Central Intelligence Organisation (CIO),, la police secrète du Zimbabwe, et personne n'a plus rien su de leur sort jusqu'au 24 décembre 2008, lorsqu'ils ont comparus devant le tribunal de la capitale Harare, avec Jestina Mukoko et d'autres activistes aux arrêts [en français].
Les parents de Nigel risquent d'être accusés de “recrutement de  bandits pour renverser le gouvernement de Robert Mugabé”, les mêmes accusations retenues contre Jestina Mukoko. Ces allégations ont été unanimement rejetées comme sans fondement. Récemment, le Président sud-africain, qui assure aussi la Présidence de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe), à propos de ces accusations, a déclaré :« Nous n'y avons jamais cru .»
La prison de haute sécurité de Chikuruki [en anglais, comme tous les liens qui suivent], où  Nigel est détenu en cellule d'isolement, est connu pour ses conditions atroces de détention, même durant de meilleurs jours au Zimbabwe. Cependant, maintenant, elles sont devenues encore pires. Les autorités carcérales n'ont pas assez de nourriture pour tous les détenus. Elles luttent pour joindre les deux bouts, comme tout le secteur public du Zimbabwe. Malgré cet état des choses, les autorités carcérales affirment qu'elles ont reçu l'ordre de ne pas laisser entrer de la nourriture de l'extérieur pour les prisonniers (même si ceux-ci sont des enfants). Aucune visite de la part des familles n'est autorisée pour cette catégorie de prisonniers, y compris pour Nigel, qui a deux ans.
Ce qui est encore, cependant, plus révoltant, d'après des rapports d'avocats, est que Nigel a été battu en prison pour contraindre sa mère de signer des aveux . Les avocats disent que le bébé a besoin de soins médicaux.
Dans un communiqué de presse publié sur le blog This Is Zimbabwe, ces avocats donnent un récapitulatif détaillé des événements et de leurs efforts pour obtenir la libération des prisonniers. Toutefois, ces efforts ont été jusqu'à présent vains. Ce communiqué du 30 Décembre 2008 dit :

Dans l'après-midi, des avocats se sont rendus à la prison de haute sécurité de Chikurubi accompagnés d'une équipe médicale. Ils ont trouvé que leurs clients n'étaient pas détenus, comme ordonné, dans l'hôpital de la prison, mais qu'ils étaient confinés en isolement dans la quartier de haute sécurité. Ils y ont été maintenant rejoints par la dernière détenue en date, Violet  Mupfuranhehwe, et son fils de deux ans, Nigel Mutemagau, eux aussi placés en isolement dans le quartier de haute sécurité.

Le cas de Nigel a été amplement ignoré par les médias traditionnels, dont l'attention est concentrée sur l'affaire de Jestina Mukoko, la plus connue des activistes emprisonnés. Les réseaux sociaux en ligne ont été particulièrement actifs sur l'affaire Jestina Mukoko, la plupart des blogs zimbabwéens ont publié une bannière avec un numéro de téléphone que leurs lecteurs pouvaient appeler pour donner toute information utile sur sa disparition.  Plusieurs groupes sur Facebook ont été créés,  exigeant sa libération (le plus populaire réunit 2 242 membres)
Le blogueur Sokwanele a été particulièrement actif en encourageant ses lecteurs à appeler le commissariat de police de Jestina pour demander ce qu'elle faisait pour la retrouver.

La situation terrible de Nigel, cependant, n'a retenu qu'une attention secondaire. Dans mon blog, j'ai écrit: “Un gentil garçonnet, juste comme celui que vous voyez ci-dessus a été emprisonné dans une des prisons les plus connues du Zimbabwe pour ses brutalités. […].
Enfermer un bébé de deux ans dans une prison de haute sécurité avec des assassins, des violeurs et certains des criminels de la pire espèce, est troublant. Je ne sais pas comment le gouvernement de Robert Mugabe va se justifier pour cet acte de cruauté, mais je suis plus choqué par nos réactions, notre silence, et notre complicité dans tout ça.
Où est ton sens de révolte, Zimbabwe ? Où est ton humanité ? Dans les centaines de milliers de colonnes écrites sur l'arrestation et le jugement de Jestina Mukoko, l'affaire concernant ce bébé qui commence à peine à marcher est marginale, méritant à peine quelques lignes. Il est couché là, nuit et jour, sur le sol froid d'une des prisons les plus renommées du Zimbabwe, oublié du monde, qui hurle pour la libération d'une femme (Jestina) de plus de 50 ans.

Par la suite, j'ai lancé une pétition sur mon blog personnel à remettre au Procureur général du Zimbabwe ce vendredi, demandant la libération du bébé et des soins médicaux, ainsi que son placement dans une institution chargée des soins aux enfants.
Dans le billet présentant la pétition, j'ai écrit :

 Je vous demande au moins de faire quelque chose : s'il vous plaît, laissez votre nom dans la section des commentaires de cet article (ci-dessous). Votre nom seulement. Nous rassemblerons tous les noms et les présenterons à M. Tomana, le Procureur général du Zimbabwe, lui demandant que le bébé soit remis immédiatement aux agents du Service du bien-être de l'enfance et libéré de la prison.

 J'ai aussi publié une alerte sur le réseau social Facebook, où la communauté zimbabwéenne (en particulier les expatriés) est particulièrement active. Je suis plein d'espoir. Il n'y a aucune justification, de quelque nature que ce soit, pour garder un enfant de cet âge dans une prison, dans une cellule d'isolement. L'intention est de faire de la publicité autour de l'affaire de cet enfant sans défenses pour forcer les autorités à réagir. Le Procureur général du Zimbabwe a le pouvoir de faire libérer cet enfant. Même au cas où cette libération pourrait être accompagnée de conditions contraignantes pour la mère, c'est mieux que laisser un bébé qui commence à peine à marcher là où il est actuellement. Comme je l'ai dit, j'ai de l'espoir. Il y a d'autres acteurs politiques importants au Zimbabwe, qui ont eux aussi commencé à prendre note de cette affaire, et je suis sûr que d'ici vendredi, nous aurons obtenu des résultats significatifs.   

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