Guyana : Inondations, et controverse

Le Guyana (à ne pas confondre avec la Guyane) a récemment vécu de sévères inondations, qui ont causé des dommages aux cultures et au bétail et aussi suscité l'indignation des blogueurs. Les inondations n’ont rien de nouveau, mais les dernières évolutions de cet épisode – Le rapport d'Oxfam International sur les capacités de réponse rapide à une crise,  qui qualifie l'inondation de « catastrophe naturelle complète»- n’a fait que rajouter à la controverse [tous les blogs cités sont en anglais] .

Living Guyana, le premier blog à faire allusion à ce rapport, fait une autre observation :

Tout ceci alors que le gouvernement a donné l’instruction aux médias d’état de ne pas utiliser le terme « inondation » mais plutôt « accumulation d’eau ». Les autorités gouvernementales refusent d’admettre qu’il y a un désastre sur le terrain, quand bien même Oxfam a qualifié la situation de désastre naturel.

Il continue en critiquant certains médias traditionnels locaux pour avoir ignoré l'événement, tout en faisant les éloges de « l’efficace Capitol News » pour sa couverture détaillée « incluant une interview d’un responsable local d'Oxfam ». Le gouvernement en prend également pour son compte en critiques de la part de ce blogueur, qui cite le rapport de Oxfam :

Faible coordination sur le terrain. Aucune réponse à large échelle de la part des parties prenantes.

Comme pour justifier son argument, Living Guyana fait ce commentaire :

A 12:09 aujourd’hui, le Ministre de l’Agriculture naviguait fièrement sur FACEBOOK et faisait des commentaires sur la page de Ruel Johnson.

N’a-t-il pas mieux à faire que flâner sur FACEBOOK ? Des choses comme aider les gens à vider l’eau de leurs maisons ? Est-ce pour cela que nous le payons avec l’argent du contribuable ? Pour naviguer sur FACEBOOK…pendant que les gens sont submergés par l’eau qui leur arrive jusqu’aux narines ?

Sans surprise, les rumeurs abondent sur les relations tendues entre Oxfam et le gouvernement guyanais, que l’organisation humanitaire minimise, et dont les motifs sont qualifiés par le Coordinateur National des désastres guyanais de « suspects ».

Cela n’a bien sûr pas empêché les blogueurs de citer largement le contenu du rapport- et il apparaît que des têtes commencent à tomber. Living Guyana a été le premier à relever que “le chef du Secrétariat Présidentiel de Guyane et le Coordinateur National des Désastres, le Dr Roger Luncheon, ont demi aujourd’hui le Chef d'état major à la retraite Michael Atherly de ses fonctions de chef de la Commission de la Protection Civile, qui avait pour tâche de coordonner la réaction du gouvernement face à l’inondation sur la Côte Est de Demerara et dans la région de Mahaica Mahaicony Abary”. Il commente aussi le curieux timing de cette destitution.

Cette action arrive juste deux jours après que le rapport de Oxfam ai qualifié de faible la réaction du gouvernement face à l’inondation. Le rapport, qui a été réfuté par plusieurs membres du gouvernement, semble avoir frappé celui-ci en pleine action, même si Oxfam n’a pas blâmé directement la commission de la protection civile, soulignant juste que cette administration avait manqué de ressources pour exécuter sa mission, ayant été privée de celles-ci par le gouvernement.

On peut penser que le Chef d'état-major à la retraite Atherly a servi de bouc émissaire en assumant la responsabilité de la réaction mal coordonnée du gouvernement, bien que celui-ci refuse de considérer la région inondée de MMA (Mahaica Mahaicony Abary) comme zone sinistrée, et refuse même d’admettre qu’il y a une inondation en cours, préférant qualifier celle-ci d’ « accumulation d’eau », tout en utilisant les medias d’état pour mener une propagande bon marché sur la question. Le Réseau National de Communications, qui appartient à l'état, et le journal Guyana Chronicle ont reçu la discrète interdiction du Bureau du Président d’utiliser le terme « inondation » dans leurs reportages.

Peu après, Living Guyana a mis en ligne des photos aériennes du stade  communiquées par Guyana Providence Stadium. Mais ce qui semble le plus choquer les blogueurs locaux est l’absence apparente de leadership fort en plein milieu d’une crise :

Où se trouve notre leader ? Où est notre président ?
Il est en visite, cabriolant et poursuivant un voyage inutile dans trois pays que sont la Libye, la Grèce et le Qatar, tous des acteurs globaux mineurs, sans aucune puissance de nature à apporter des investissements majeurs à la Guyane. Ce voyage rapportera au total un bénéfice ZÉRO à la Guyane et a lieu au moment même où les résidents de Mahaica et de Mahaicony sont trempé jusqu’au cou, et où ceux de la Côte Est sont sous les eaux depuis maintenant trois semaines.

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