Elections indiennes 2009 : Dieu et la Patrie

Les élections indiennes en cours ont révélé de profondes déchirures dans le tissu religieux du pays. Les blogs sont remplis d'allégations et de contre-allégations sur des persécutions religieuses dans un pays où on peut trouver des fidèles de toutes les grandes religions du monde.  

La persécution contre les Chrétiens est un sujet de grande actualité parmi les blogueurs indiens et étrangers. La violence contre des Chrétiens dans l'état d'Orissa est la plus largement commentée parmi les sujets sur l'intolérance contre les Chrétiens dans le pays.

Voici un reportage de Sandhya, journaliste en ligne pour Instablogs, sur les affrontements entre Hindous et Chrétiens. Le titre de cette vidéo a été donné par le journaliste, et non par l'auteur ni Global Voices.

Tandis qu'il y a une abondance de blogs et de sites sur la persécution des Chrétiens, des blogueurs indiens et des journalistes étrangers nient ces affirmations :    

Francois Gautier, un journaliste français, évoquait déjà le sujet en 2001 , bien avant les violences en Orissa:

“Pour en arriver aux récents cas de persécutions de Chrétiens en Inde de la part de groupes d'Hindous, j'ai personnellement procédé à des recherches, entre autres sur le viol de quatre religieuses à Jhabua, Madhya Pradesh, il y a deux ans. Ce viol est encore donné en exemple des “atrocités” commises par des Hindous contre des Chrétiens. Mais quand j'ai interrogé ces trois religieuses, elles ont admis, de même que l'éveque d'Indore, Mgr. George Anatil, que la religion n'y était pour rien: c'est un crime commis par une bande de membres de la tribu Bhil, connus pour avoir perpétré ce genre d'actes odieux sur leurs propres femmes. Pourtant, la presse indienne, la hiérarchie chrétienne et les politiciens continuent d'inclure les viols de Jhabua parmi les atrocités commises à l'encontre des Chrétiens.”  

Sur  le forum Vijayvaani, Hilda Raja, une professeure à la retraite, traite du débat sur la persécution des Chrétiens en Inde, qui s'intensifie à l'approche des élections:

“GCIC (Global Council of Indian Christians=Conseil général des Chrétiens indiens) a porté une grave accusation contre le gouvernement actuel de l'UPA (United Progressive Party=Parti progressiste de l'unité) – que les élections pourraient être déloyales. Mais il réclame aux mêmes leaders politiques, qui ne peuvent même pas assurer des élections équitables, de garantir la sécurité pour les minorités religieuses (à savoir les Chrétiens) et d'assurer leur participation aux élections, défendre la liberté religieuse et traduire les coupables de discrimination contre les Chrétiens devant la justice. C'est beaucoup demander. Si jusqu'à présent le gouvernement de l'UPA n'a pas été capable d'assurer cela, comment pourra-t-il le faire à la veille des élections?  

Si on analyse bien cette déclaration, on croirait que le GCIC souhaite le renversement d'un tel gouvernement pour en installer un qui sera capable de remplir cette mission difficile qu'il lui a fixée. C'est pour cela qu'il a accusé, implicitement, l'UPA, sous la direction de Mme Sonia Ghandi, une Chrétienne italienne, d'avoir failli dans la défense des minorités. Une autre grave accusation lancée par M. Abhishek (directeur, Open Doors) est que la loi a été limitée dans son application en faveur de la majorité hindoue et au désavantage des minorités comme les Chrétiens et les Musulmans (sous un UPA dominé par le Congrès, je suppose).

Est-ce que cela voudrait dire que lui et les autres organisations avec lesquelles il collabore veulent renverser le gouvernement de UPA incapable de protéger les minorités pour mettre à sa place un autre qui sera capable de le faire?”

Le parti-pris supposé contre les Musulmans indiens est aussi l'objet de discussions en ligne. Dans “Indian Muslims and the 2009 Elections – Challenges and Prospects of Political Success” (Les Musulmans indiens et les élections 2009 – Défis et perspectives de succès politique), le Dr. Zafarul Islam Khan procède à une analyse en profondeur.

Il remarque l'émergence de petits partis régionaux qui offrent un choix viable pour les Musulmans  qui se sentent discriminés par les grands partis nationaux:

“Le nouveau phénomène, cette fois-ci, c'est l'émergence des petits partis islamiques. Les Musulmans avaient déjà la Ligue musulmane de l'Union indienne au Sud de l'état de Kérala (avec deux ou trois députés au Parlement et une présence significative dans l'assemblée législative provinciale) et la Majlis Ittehadul Muslimin dans la ville méridionale de Hyderabad (un membre au Parlement et environ une douzaine dans l'assemblée provinciale). 

Une nouvelle formation musulmane qui vient de faire son entrée depuis l'année dernière est l'Assam United Democratic Front (AUDF) [Front démocratique uni d'Assam], au Nord-est de l'état d'Assam, qui a gagné neuf sièges aux élections à l'asemblée provinciale l'année dernière et qui espère en gagner 4-5 aux élections nationales actuelles. L'AUDF a maintenant déployé ses ailes sur d'autres états comme l'Utah Pradesh et le Maharashtra.”

Voici l'actrice Shabana Azami, évoquant ce que c'est que d'être Musulman en Inde. Une intéressante conversation sur les préjugés contre les Musulmans en Inde :

Ce billet fait partie de la couverture spéciale des élections indiennes 2009 de Global Voices  

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