Maroc : Blogoma et Blog Action Day

Les blogueurs marocains ont exprimé leur préoccupation pour l'environnement à l'occasion du Blog Action Day 2009, centré cette année sur le changement climatique.

L'objectif de cette Journée annuelle, fixée au 15 octobre, est d'unir “les blogueurs du monde entier dans la publication de billets sur le même sujet le même jour, en vue de déclencher la discussion autour d'une question d'importance planétaire.”

bad-180-150La blogoma, surnom de la blogosphère marocaine, s'est mise en mouvement, les blogueurs les plus en vue tenant l'estrade pour affirmer leurs opinions sur le changement climatique et l'environnement.

Taha Balafrej, qui écrit sur les questions écologiques marocaines sur le blog Vues du Maroc applaudit au fait qu'un institut public comme l’Institut royal d'études stratégiques marocain organise une conférence internationale sur les effets du changement climatique sur le Maroc. Il affirme :

C’est une initiative louable à plusieurs titres. D’abord parce que, de nos jours, il est inconcevable de prétendre parler d’avenir, de prospective, ou de stratégies des pouvoirs publics, sans affronter la problématique du climat. Et ensuite parce que l’initiative s’inscrit dans le cadre d’une réflexion soutenue visant à « suggérer des solutions adaptées aux défis que doit relever le pays en matière de sécurité hydraulique, alimentaire, sanitaire et environnementale ».

Dans un autre billet de son blog, Balafrej met en garde contre le danger que constitue le manque d'attention des autorités au changement climatique. Il écrit :

Le Maroc se trouve dans une région vulnérable aux effets néfastes du changement climatique. Bien que peu émetteur de Gaz à effet de serre, le Maroc est menacé dans son avancement vers le développement et le bien être de ses populations. Il doit par conséquent rester attentif à l’évolution de cette question au niveau mondial, tout en étant actif dans le processus de négociation mené sous l’égide de l’ONU …

Les blogueurs qui ont participé au Blog Action Day ont surtout traité des questions de l'énergie et de l'approvisionnement en eau.

Le blog d'Annouss [en anglais] prêche pour plus de coopération et le transfert de technologie des pays développés vers les pays émergents comme le Maroc. Annouss écrit :

L'un des gros problèmes pour le Maroc, c'est sa dépendance énergétique vis à vis du pétrole importé. Le gouvernement marocain devrait s'atteler à cette question de façon très ambitieuse afin de réduire notre dépendance au pétrole étranger et tirer tout le parti de notre territoire ensoleillé et de nos côtes venteuses. En 2008, les énergies renouvelables ont couvert 24% de la demande d'électricité espagnole … Pourquoi ne pas développer une politique d'énergie propre au Maroc à très grande échelle, en coopération avec ce pays européen. Le statut renforcé qu'a obtenu le Maroc avec l'Union Européenne ne devrait pas être seulement une affaire d'échanges commerciaux, d'immigration et de pêche, il devrait aussi porter sur le transfert de technologie et la coopération multilatérale.

Certes, cette coopération pourrait voir le jour, comme le souligne Omar El-Hyani sur son blog. Dans sa contribution au Blog Action Day, Omar implore les autorités marocaines de ne pas manquer la révolution verte – comme elles l'ont fait pour les révolutions industrielle et numérique. Il affirme :

Le déclenchement pourrait probablement venir du projet Desertec [en anglais] qui a pour ambition d’investir 400 milliards d’euros dans la production d’énergie solaire à partir des déserts d’Afrique du Nord et d’Arabie, pour l’acheminer ensuite en Europe. Le projet est pour l’instant en cours d’étude, mais s’il viendrait à se concrétiser, ce serait un véritable tournant dans la production énergétique mondiale, jusque là très dépendante des énergies fossiles. Au Maroc, ce projet pourrait transformer la structure énergétique du pays. D’importateur d’énergie à 98% de ses besoins, le Maroc pourrait alors se transformer en exportateur.

La deuxième question, celle de l'approvisionnement en eau, a été abordée par Ibn Kafka, parmi d'autres blogueurs. Il consacre son billet à la dépendance de l'économie marocaine à l'agriculture et à son besoin d'irrigation. Ibn Kafka écrit :

L’enjeu pour le Maroc n’est pas seulement celui de la survie de son agriculture, mais également de son économie, tant l’agriculture – les agrumes plutôt – joue un rôle vital dans son commerce extérieur et ses rentrées de devises … De fait, le Maroc, aussi aride soit-il, exporte de l’eau: agrumes et tourisme, voilà les principaux consommateurs d’eau au Maroc. Le Maroc vend son eau contre des rentrées en devises, mais que fera-t-il quand son aridité sera telle qu’il ne pourra plus ni exporter des agrumes ni promettre piscines et golfs aux 10 millions de touristes ?

La même inquiétude a été exprimée par Hisham sur son Mirror Blog où il a donné des exemples [en anglais], tirés de sa dernière visite au Maroc, de projets touristiques élaborés le plus récemment, tels que villages de vacances et parcours de golf, qui consomment de grosses quantités d'eau. Hisham s'étonne :

Mais la question obsédante demeure, pour des pays en développement comme le nôtre, de savoir comment nous pouvons espérer un progrès économique sans endommager l'environnement ou affecter le climat. Il s'avère que le pays tout entier a court-circuité la durabilité, dans son obsession de la croissance économique à tout prix …
Dans l'intervalle, la vue de la forêt de Hawzi’ya littéralement déracinée m'a laissé au coeur une douleur tenace. Plus jamais je ne jouirai des parfums fugaces des fleurs sauvages, ni de l'ombrage d'un arbre au milieu d'un pré, à seulement quelques kilomètres au nord de chez moi. Ou dois-je seulement me résigner à une réalité inexorable ?

Espérons que ce ne sera pas le cas.

PS: Pour plus d'informations sur le changement climatique et ses effets sur le Maroc, lisez le blog d’Ibn Kafka, où il donne de nombreuses réferences, ainsi que des documents et des liens.

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