Chili : Les candidats à la présidentielle passés en revue

Sur la route de l'élection présidentielle du 17 janvier 2010, quatre candidats dominent le premier tour de scrutin du 13 décembre : le candidat de la Coalition pour le Changement (Coalición por el Cambio) Sebastián Piñera, le chrétien-démocrate Eduardo Frei, candidat de l'alliance au pouvoir Concertación, le candidat indépendant Marco Enríquez-Ominami, et pour le parti de gauche Juntos Podemos Más, Jorge Arrate.

Les élections de 2005 au Chili - photo Alastair Rae, publiée avec autorisation sous licence Creative Commons http://www.flickr.com/photos/merula/153178094/

Les élections de 2005 au Chili – photo Alastair Rae, publiée avec autorisation sous licence Creative Commons http://www.flickr.com/photos/merula/153178094/

La présidente actuelle Michelle Bachelet a été en 2006 la première femme élue présidente de la république au Chili. La constitution la limite à un unique mandat à ce poste. Le candidat Eduardo Frei brigue un nouveau mandat après avoir été en fonction de 1994 à 2000. Fils de l'ancien président Eduardo Frei Montalva (1964-1970) dont l'assassinat a été récemment un sujet de débat [en espagnol, comme tous les liens de ce billet sauf exception], M. Frei a le soutien de la coalition actuellement au gouvernement, qui domine la vie politique chilienne depuis la fin de la dictature de Pinochet en 1990.

Aux yeux du blogueur Juan Pablo Opazo, c'est la précédente expérience du gouvernement Frei qui lui fait se demander si ce candidat est à la hauteur des besoins réels du pays:

en su gobierno no se avanzo en ninguno de los temas de actualidad que hoy en día quiere captar para ganar más votos. Llamese unión civil homosexual, entrega y distribución de la pastilla del día despues, divorcio, aborto terapeutico, entre otras que jamás llevara a cabo ni plantearía de no ser por su bajo apoyo a una semana de las elecciones.

Pendant son gouvernement on n'a avancé sur aucun des sujets d'actualité qui sont requis aujourd'hui pour gagner plus de voix. On peut citer l'union civile homosexuelle, la distribution de la pilule du lendemain, l'avortement thérapeutique, entre autres points que jamais il n'aborderait ou soutiendrait si sa popularité n'était aussi basse à près d'une semaine des élections.

Même si la présidente Bachelet embrasse sa candidature, M. Frei, 67 ans, reste peu populaire auprès des Chiliens, ce que l'on s'accorde à attribuer au profond désenchantement ressenti par de nombreux électeurs pour la Concertación et son cours néo-libéral. Ce qui augmente les chances des concurrents de M. Frei, et notamment de Sebastián Piñera. Le candidat de la droite unit les forces du parti de la Rénovation Nationale (Renovación Nacional, RN) ainsi que de l'Union Démocrate Indépendante (Unión Demócrata Independiente, UDI), où se sont retrouvés chez eux de nombreux partisans de Pinochet. C'est la deuxième tentative de M. Piñera pour conquérir la présidence : en 2005, il a été battu par Mme Bachelet au second tour.

M. Piñera est l'un des hommes les plus riches du Chili : récemment le magazine Forbes a estimé sa fortune à un milliard de dollars [en anglais]. Il a été impliqué dans un délit d'initié concernant la compagnie aérienne chilienne LAN, et condamné à une amende de 700.000 dollars pour avoir acheté des actions de la compagnie en possession d'information privilégiée. D'une façon ou d'une autre, ses multiples affaires sont matière à critique, comme Daniel Mansuy le fait ressortir dans son blog Cuadernos de la quincena :

El problema de Piñera es consigo mismo: mientras no sea capaz de explicarnos quién es, es difícil que inspire confianza. Para decirlo en otros términos: he visto a Sebastián Piñera con la camiseta de la UC (cuando iba a San Carlos), con la de Wanderers (cuando intentó ser senador por Valparaíso) y con la de Colo Colo (desde que es accionista): ¿cuál es el verdadero Sebastián Piñera?, ¿a quién hay que creerle? A veces da la sensación que ni él mismo lo sabe muy bien.

Le problème avec Piñera, c'est lui-même : tant qu'il ne sera pas capable de nous expliquer qui il est, il lui sera difficile d'inspirer confiance. En d'autres termes : j'ai vu Sebastián Piñera en T-shirt de l'UC [Université du Chili) (quand il est venu à San Carlos), avec celui des Wanderers (quand il a voulu être sénateur de Valparaíso) et celui de Colo Colo (depuis qu'il est actionnaire) : lequel est le vrai Sebastián Piñera ?, auquel faut-il croire ? Parfois il donne l'impression qu'il ne le sait pas lui-même.

 

Photo magoexperto - utilisée sous licence Creative Commons : http://www.flickr.com/photos/magoexperto/2975945703/

Photo magoexperto – utilisée sous licence Creative Commons : http://www.flickr.com/photos/magoexperto/2975945703/

La plupart des thèmes de débats pour les candidats relèvent de sentiments moraux : le mariage entre personnes de même sexe, l'avortement (illégal au Chili, même en cas de viol ou de danger pour la santé de la mère), la contraception d'urgence, et la légalisation de la marijuana pour usage thérapeutique. Dans ce domaine, celui qui est en pointe est Marco Enríquez-Ominami, le candidat de 36 ans (que les Chiliens appellent MEO), qui a rompu publiquement avec la Concertación cette année et se présente maintenant comme indépendant.

L'atout de MEO est sa jeunesse : fils d'un important dirigeant de gauche, il est beaucoup plus à l'aise pour parler des droits des homosexuels que n'importe lequel des autres candidats plus âgés. A l'instar de M. Piñera, propriétaire de la chaîne de télévision Chilevision, MEO est un candidat à l'aise avec les médias qui a travaillé comme réalisateur et producteur de documentaires. Bien que le système électoral chilien favorise traditionnellement la stabilité bi-partisane ou les coalitions de partis, le candidat indépendant pourrait être un adversaire sérieux dans ces élections.

Contrastant avec le fenómeno MEO (”phénomène”, son surnom populaire), Jorge Arrate, candidat dela gauche  extra-parlementaire, n'a guère de chance de gagner. Il a obtenu un peu d'attention dans les débats à la télévision et sur Internet, mais en dépit de ses discours de qualité, même des partisans comme le blogueur Anai reconnaissent la difficulté de sa situation :

Ah, me olvidaba, Arrate no tiene ni una sola probabilidad de ganar.
Lo que a mi ojos le da una cosa como romántica; una cosa como de gladiador que da la pelea a sabiendas de que va a morir. Pero de pie.

Ah, j'oubliais, Arrate n'a pas la moindre chance de gagner.
Ce qui lui donne à mes yeux quelque chose de romantique ; un peu comme un gladiateur qui se bat même s'il sait qu'il va mourir. Mais en combattant.

Le blogueur Alejandro Lavquén énumère succinctement les autres candidats qui sont moins susceptibles de passer le premier tour de l'élection :

Pamela Jiles viene del mundo de la política comprometida y seria, pero sus detractores la relacionan con la farándula debido a sus últimos trabajos en televisión. Aún así, sería la alternativa confiable de los independientes. En el caso de Eduardo Artés se trata de un dirigente de larga trayectoria cuya doctrina es sólida. Héctor Vega Tapia es un desconocido públicamente comparado con los otros candidatos, pero por empeño no se queda y el nombre de su movimiento suena por lo menos significativo.

Pamela Jiles vient du monde de la politique sérieuse et engagée, mais ses détracteurs l'assimilent à l'industrie du spectacle à cause de ses dernières activités à la télévision. Pourtant, elle serait une alternative fiable pour les indépendants. Dans le cas d'Eduardo Artés, il s'agit d'un dirigeant à la longue trajectoire dont la doctrine est solide. Héctor Vega Tapia est un inconnu du public en comparaison des autres candidats, mais il mériterait de rester par sa détermination, et le nom de son mouvement a au moins du sens.

Il y a quelques années, le gouvernement a proposé une réforme de la loi électorale chilienne, promulguée sous le régime de Pinochet, pour abolir le système en vigueur, dans lequel l'inscription sur les listes électorales est volontaire, mais une fois effectuée, le vote est obligatoire. Le journal La Nación indique qu'il y a actuellement 200.000 nouveaux inscrits sur les listes électorales.

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