Hongrie : Pécs, capitale européenne de la culture 2010

Cette année, le titre de Capitale européenne de la culture est partagé par trois villes : Essen (pour la région de la Ruhr) en Allemagne, Istanbul en Turquie et Pécs en Hongrie.

Sans attendre la cérémonie d'ouverture de la saison à Pécs, les discussions avaient commencé dès le lancement des préparatifs. La cité de Hongrie occidentale n'a pas manqué de ragots sur l'organisation, les rénovations et les travaux découlant de son titre. Après la cérémonie samedi, le débat en ligne s'est intensifié, et les internautes ont discuté jusque sur la page Facebook de la capitale culturelle (en hongrois) des articles et commentaires critiquant les détails de l'ensemble des opérations en cours.

Certains se sont en revanche consacrés à faire par leurs propres moyens la promotion de la ville : il existe un collectif de blogueurs de Pécs sur ekf-pecs.hu (en hongrois), et un photoblog sur pecs2u.eu qui collecte et diffuse les images de Pécs, comme la voient ses habitants, tels Leslie Szendrő.

The Djami of Pasha Gazi Kasim is the symbol of multiculture in the city. , who later became Pasha of Buda, is the most prominent Ottoman-era building in Hungary. It was built during Turkish rule in the 16th century, then turned into a church by the Jesuits. Photo courtesy of Leslie Szendrő      

La mosquée de Pacha Gazi Kassim est le symbole de la diversité culturelle de la ville. Elle a été construite pendant la domination ottomane au 16e siècle, puis transformée en église par les Jésuites. Photo publiée avec la permission de Leslie Szendrő

Le démarrage laborieux des préparatifs a été attribué en partie aux difficultés de la municipalité : le maire de la ville, László Toller, a eu un grave accident de voiture en 2006—peu avant la désignation finale  des capitales européennes de la Culture—qui l'a laissé dans le coma pendant des semaines, jusqu'à ce qu'en 2009 il soit officiellement déclaré dans l'incapacité d'exercer ses fonctions [liens en anglais]. Péter Tasnádi succéda à M. Toller comme maire de Pécs, mais en 2008 il annonça qu'il était gravement malade ; il décida malgré cela de poursuivre sa tâche, mais, malheureusement, décédait début 2009 (en hongrois). Après des élections partielles sans résultat, c'est Zsolt Páva du parti d'opposition qui fut élu maire en mai.

Éva S. Balogh de Hungarian Spectrum commentait ainsi le résultat de l'élection municipale de Pécs l'année dernière :

[…] Que va-t-il se passer à Pécs? Páva promet d'examiner les affaires de corruption alléguée mais je doute qu'il retrouve soudain les milliards perdus. Le gouvernement ne peut pas “punir” Pécs même s'il le voulait : l'an prochain Pécs sera une des deux “capitales européennes de la culture.” Ce serait un coup terrible à la réputation du pays si Pécs était aussi peu prête l'an prochain que maintenant. Les relations entre les deux partis dans la ville ne sont pas aussi perverses que dans certaines autres. […]

L’ “impréparation” précitée a inspiré à des activistes la création d'un pseudo-parti politique : ils ont lancé un site web appelé pecs2100.hu (en hongrois) pour caricaturer l'officiel pecs2010.hu et y ont listé des programmes bizarres et donné des pseudo-informations sur la ville, par exemple en la désignant du nom de Peć au Kosovo.

Cathedral in Pécs, József Ottófi      

Cathédrale de Pécs, photo avec l'autorisation de József Ottófi

Il y a eu de longues discussions sur la salle de concert et de conférence [en anglais] prévue pour le projet et encore loin d'être prête, et sur les travaux qui se poursuivaient. La veille de la cérémonie d'ouverture, un architecte, Miklós Koós, a publié un billet avec photos (en hongrois) sur la place Széchenyi au centre de la ville, et d'autres endroits. Il écrivait :

[…] Seuls un petit nombre des espaces publics ont été construits, mais c'est le moindre des problèmes, le plus gros, c'est que la place Széchenyi, qui est considérée comme le coeur de la ville, a été remise provisoirement, non qu'elle ait été bien reçue par les habitants de Pécs, au contraire de long en large ils sont furieux et irascibles, car ce qu'ils ont vu, c'était un travail de dilettante. […]

The Turkish Djami in Pécs      

La mosquée turque pendant la cérémonie d'ouverture, photo avec l'autorisation de pinterpi

Enfin est arrivé le jour de la cérémonie d'ouverture. L'événement a commencé par les discours du maire, Zsolt Páva et du premier ministre hongrois, Gordon Bajnai. (L'enregistrement de la cérémonie en entier est disponible sur le site web de la télévision hongroise.)

Placido Domingo, le parrain principal du programme 2010 de capitale européenne de la Culture (ECC) à Pécs, a salué la population en fête dans un message vidéo, où il faisait allusion au contexte multiculturel de la ville par ces mots : “La richesse de Pécs m'a conquis, moi aussi. La Rome antique, la chrétienté et l'Islam vivent ensemble ici. De même que la Renaissance et l'Âge des Lumières, la belle époque [en français dans le texte] du 19e siècle et les reliques de l'art nouveau du 20e siècle.”

Annamária Apró a fait le compte-rendu (en hongrois) de la cérémonie d'ouverture pour le blog du magazine d'UnivPécs (Université de Pécs) (en hongrois):

[…] Placido Domingo envoie aussi un message sur les écrans en sa qualité de parrain des ECC. Ensuite, de grandes marionnettes blanches se mettent en marche, et derrière elles, des quantités d'écoliers, à la queue-leu-leu, il y a du son et des lumières, bien que je suive surtout sur les écrans, la scène est complètement cachée. Les acteurs, danseurs et musiciens représentent les périodes marquantes de l'histoire de Pécs, avec pour arrière-plan les motifs changeants peints sur la mosquée, la peinture avec les illuminations est vraiment captivante. Sur la scène apparaissent l'ère romaine, la période paléochrétienne, la fondation de l'université, jusqu'à notre époque. […]

Le fondu-enchaîné des feux d'artifice dans la brume sur la place éclairée par les projecteurs sont spectaculaires, de même que la cérémonie d'ouverture dans son ensemble, il n'y a pas de couacs, finalement tout se passe bien, les téléspectateurs sont sûrement satisfaits, eux aussi. Il me manque juste l'impression que cela s'adresse à moi, citoyenne de Pécs, que cela cherche à me toucher, à m'engager, à me faire non seulement rester en arrêt à regarder ce qui se passe autour de moi, mais aussi vouloir embrasser la ville, ma ville, la capitale culturelle.

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