Haïti : Réactions de blogueurs haïtiens aux interventions régionales

Depuis plus de deux semaines, la gouvernance de Haïti suite au séisme inquiète les blogueurs haïtiens. Sont à l'ordre du jour les réactions des nations voisines et des îles de la Caraïbe. Voici une revue des blogs en français sur cette question.

Radio Kiskeya réagit à la déclaration de Fidel Castro sur la supposée “occupation américaine” à Haïti. Après avoir donné sa “Leçon d'Haïti” sur la santé et la coopération, l'ancien président de Cuba condamne aujourd'hui l'intervention de l'armée américaines, et, par-dessus tout, le silence qui équivaut à approbation de l'ONU [en français, comme tous les liens, sauf mention contraire ]:

“Au milieu de la tragédie haïtienne, sans que personne ne sache comment ni pourquoi, des milliers de soldats des unités des Marines des États-Unis, des troupes aéroportées de la 82e Division et d’autres forces militaires ont occupé le territoire d’Haïti”, affirme le “lìder maximo” dans un billet publié sur le site officiel Cubadebate.cu.

“Pire encore, ni l’Organisation des Nations Unies, ni le gouvernement des Etats-Unis n’ont fourni aucune explication à l’opinion publique mondiale sur ces mouvements de forces”, a poursuivi Fidel Castro…

Radio Kiskeya fait état des mêmes craintes à propos de l'intervention des Américains, exprimées par d'autres dirigeants sud-américains :

Avant Fidel Castro, les Présidents nicaraguayen Daniel Ortega, bolivien Evo Morales et vénézuélien Hugo Chàvez avaient dénoncé avec véhémence le déploiement sur et autour du territoire national d’un imposant contingent militaire américain qui devait s’élever dimanche à près de 20.000 hommes.

Potoprincipe s'intéresse également au rôle des autres nations, dans son billet “Chavez annule la dette de Haiti” :

“Nous allons annuler (la dette). Elaborez les documents nécessaires et la dette est annulée”, a déclaré Chavez à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance bolivarienne des Amériques (Alba) sur Haïti à Caracas, sans préciser le montant de cette dette.”

Potoprincipe conclut son billet par l'annonce de la naissance d'une collaboration entre nations caribéennes, via l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les Amériques):

Le plan inclut l'assouplissement des conditions d'accueil des Haïtiens dans les pays de l'Alba: Cuba, Venezuela, Nicaragua, Bolivie, Equateur, Honduras, la Dominique, Antigua-et-Barbuda, Saint-Vincent et les Grenadines.

D'autres blogueurs se montrent inquiets, ou septiques, sur l'intervention du pays frontalier d'Haïti, la République dominicaine.

Réseau Citadelle exprime son désaccord total devant le déploiement de soldats de la République dominicaine en Haïti :

Rien n'est plus révoltant que de lire sur Radio Kiskeya un article faisant état d'une autorisation du gouvernement haïtien accordée aux Nations Unies pour le déploiement de 150 soldats dominicains en Haïti.

Dans cette même mise à jour, Réseau Citadelle prêche pour l'autodétermination, pour que les Haïtiens viennent en aide aux leurs :

Nous voulons démontrer aux étrangers qu'il y a encore en Haïti des hommes et des femmes capables d'assurer la continuité nationale. La destruction de Port-au-Prince, n'est pas celle d'Haïti.

Dans la mise à jour suivante, Réseau Citadelle insiste sur l'impact psychologique de l'intervention dominicaine :

Le déploiement de soldats de la République Dominicaine sur le sol d'Haïti est un coup dur pour le moral des haïtiens. Dans la ville du Cap-Haïtien, les observateurs n'y croient pas…

Dans  “Solidarité dominicaine”,  Alterpresse dresse la liste des initiatives des Dominicains et de leur gouvernement pour aider Haïti depuis le 12 janvier. Cependant, le billet mentionne une certaine défiance parmi les Haïtiens, qui fait écho au rejet de Réseau Citadelle :

Des migrants haïtiens, qui ont été contactés par AlterPresse à Santo Domingo, se sont montrés prudents, voire sceptiques quant à l’intention réelle du gouvernement dominicain d’aider Haiti.

Réseau Citadelle condamne tout à la fois la République dominicaine, la MINUSTAH (Mission pour le maintien de la paix à Haïti, ONU) et le Président Preval,  et s'interroge sur le recours à la  Communauté Caribéenne (CARICOM):

Toutefois, pourquoi il ne fait pas appel aux soldats de la CARICOM ? Ils avaient intervenu en Haïti en 1994 au coté des troupes américaines.

Selon le blog en anglais Bajan Global Report, la CARICOM examinerait une participation active à l'effort de reconstruction de Haïti. En phase avec Réseau Citadelle et Radio Kiskeya, l'ancien Premier ministre de la Jamaïque, PJ Patterson définit une priorité  : que les Haïtiens en Haïti ou à l'étranger se chargent de l'aide aux leurs afin que la reconstruction soit durable :

“S'il n'y a pas appropriation par ceux qui sont directement affectés, les meilleurs projets ne mèneront nulle part. En sus de l'implication des autorités haïtiennes dès le départ, celle de la société civile et du peuple haïtien sont aussi d'importante capitale” a-t-il ajouté.
[…]
L'ancien dirigeant jamaïcain a ensuite préconisé d'y associer la diaspora haïtienne, ainsi que le rétablissement urgent de la fonction publique de l'état [haïtien] et de ses services publics, pour s'assurer que les progrès en matière d'établissement d'équipements et de services publics de base soient durables.

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