Inde : Disparition d'une langue plurimillénaire, l'aka-bo

Boa Senior, la dernière personne  à parler l’antique langue d’aka-bo [en français] est décédée sur sa terre natale, les îles Andaman [en français] en Inde, le 26 janvier dernier.  Cette disparition illustre de façon frappante le rapport publié par l’UNESCO l’an dernier, qui mettait en garde contre la disparition de 2 500 langues [en français] .

Video: Boa Senior chantant dans sa langue natale Bo, via Survival International

Cependant, dans le blog True to words [tous les liens suivant sont en anglais ] dédié à «l’exploration du langage et de l’écriture», Sara Duance, qui vit dans le Minnesota aux États-Unis, rappelle que certaines langues, auparavant considérées comme mortes, ont pu renaitre :
En 1992, un éminent linguiste américain a prédit que d’ici l’an 2010, 90 % des langues du monde auraient cessé d’exister. L'une de ces langues a disparu avec la mort de Boa Senior, âgée de 85 ans. La langue de Boa était l'une des plus anciennes au monde, elle a été parlée pendant 70 000 ans.
(…)
Les langues peuvent être retenues au bord du gouffre, voire sauvées de l’extinction totale, si la volonté est suffisamment forte et surtout si elle a été écrite. L'hébreu était une langue morte au début du 19e siècle. Elle existait comme langue écrite savante, mais il n’y avait aucun moyen de savoir comment les mots avaient été prononcés. Grâce à la persistance et de la volonté des Israéliens, la langue a à nouveau été introduite dans la vie quotidienne. Il y a également eu un renouveau du gallois au Royaume-Uni et du maori en Nouvelle-Zélande.
Transubstantiation, qui se décrit comme un blog «qui essaie de donner un sens à l’héritage de la tour de Babel», suggère de préserver les langues moribondes par la recherche :
Si nous sommes capables de préserver la variété des langues,  faisons le donc, par tous les moyens. Pourtant, parfois, la préservation n’est pas possible, et dans ce cas, la tâche principale des linguistes est d’analyser, d'écrire et de documenter ; définissons la langue moribonde afin que nous puissions nous servir de ces informations pour approfondir la compréhension sur les conditions humaines.
Andaman Islands from above by Venkatesh K on Flickr
Madhu Baganiar, qui appartient à la communauté autochtone des Oraons (ou Kurukh)  en Inde, fait ce commentaire sur la mort de la langue Bo :
Chaque langue a son histoire unique, ses caractéristiques culturelles, son parcours. Quand une langue meurt, un grand édifice de savoir associé à cette langue disparaît avec elle. Aujourd’hui, une langue vivante tribale, Bo, est morte. Demain, d’autres langues indiennes sont destinées à mourir. Des centaines de causes contribueront à la fin des langues tribales vivantes…
Depuis l’Irlande, le blogueur The Porr Mouth regrette le décès de Bo :
Des langues viennent et des langues disparaissent. Sur les îles Britanniques (Yola, Norn, Cumbric, etc.), il y a des traces de langues perdues. Mais je ne puis m’empêcher de ressentir que nous perdons quelque chose d’important de la riche et sombre masse qui constitue l’humanité. Le décès de Boa nous rend tous un peu plus pauvre.

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