Monde: Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition est célébrée chaque année le 23 août. En décidant de proclamer cette date en 1998, l'UNESCO a voulu contribuer à inscrire la tragédie de la traite négrière et de l'esclavage dans la mémoire de tous les peuples.

A cette occasion de nombreuses manifestations sont organisées à travers le monde par des associations militantes pour la promotion des droits de l’homme et des organisations internationales.

Le message d’il y a dix ans, du Directeur général de l'UNESCO d'alors, Mme Koïchiro Matsuura, destiné au monde entier garde encore toute son actualité. Le site Gens De La Caraibe nous rappelle des passages du message :

C'est dans cet esprit que je vous invite à organiser, à susciter et à soutenir toutes les activités – en particulier avec les jeunes, les enseignants, les artistes et les intellectuels – qui pourront être de nature à mieux faire connaître la traite négrière et l'esclavage, à favoriser la réflexion éthique sur sa portée et ses conséquences, notamment les formes nouvelles de l'esclavage, et à stimuler la solidarité avec les peuples qui en ont été victimes “.

Le site Reso.Net nous explique les raisons du choix de la date du 23 aout pour cette célébration et ses objectifs:

C’est dans la nuit du 22 au 23 août 1791 qu’a commencé à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti et République dominicaine) l’insurrection qui devait jouer un rôle déterminant dans l’abolition de la traite négrière transatlantique.

Toussaint Louverture via Wikimedia Commons- CC license share alike

Human Rights Education Associates (HREA), une organisation non gouvernementale internationale dédiée à l'éducation aux droits humains ainsi qu'à la mise en place d'une communauté virtuelle grâce aux technologies électroniques, explique sur son site les objectifs de cette journée :

Faire la lumière sur toutes les routes de l'eseclave est indispensable pour construire une vision globale et apaisée de la tragédie de la traite négrière et l’esclavage. Le projet de UNESCO, La Route de l'esclave, promeut ainsi une recherche qui permet à la fois d'expliquer et de comprendre, de restituer la trame des récits conflictuels et de combler les silences sur ce passé.

Cette année aussi, les activités sont nombreuses à travers le monde. Au Nigeria, une conférence internationale est organisée par black Nationalities avec la participation de Goodluck Ebele Jonathan GCFR, Président de la république fédérale du Nigeria. Les buts de la conférence de Black Nationalities sont entre autres [en]:

To promote general discourse and inter-cultural dialogue among the various peoples of the world with a view to promoting understanding and encouraging the Black race to aspire to greater heights in an increasingly inter-dependent world

Pour promouvoir un débat général et le dialogue interculturel entre les différents peuples du monde en vue de promouvoir la compréhension et encourager la race noire à aspirer à de plus grandes conquetes dans un monde de plus en plus inter-dépendant

Sur le blog brazzaville-adiac.com Boris Kharl Ebaka rappelle :

Les premières commémorations de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition ont eu lieu dans plusieurs pays, notamment le 23 août 1998 à Haïti et le 23 août 1999 à Gorée au Sénégal. Des manifestations culturelles et des débats sur la traite négrière ont été également organisés. En 2001, le musée de l'Étoffe de Mulhouse (France) s'est associé à la commémoration en organisant un atelier présentant des tissus appelés « Indiennes de Traite », utilisés comme monnaie d'échange pour l'achat d'esclaves aux XVIIe et XVIIIe siècles.

A Londres, le National Maritime Museum, organise une série de manifestations, le 23 aout, qui commenceront à 11 :00 pour finir à 16 :00, comprenant des conférences, des champs, des danses, et des projections de films [en]:

Trace the history of the transatlantic slave trade through rare and revealing manuscripts from the Museums archive collections.

Retracez l'histoire de la traite négrière transatlantique par des manuscrits rares et de révéler des collections d'archives des musées.

Selon le site panafricanfestival.org, à Trinidad & Tobago, les célébrations ont commencé à la fin de juillet :

One of the most popular highlights of the period is the Emancipation Day parade on the morning of August 1. Some 20,000 participants on the street, and tens of thousands more who crowd the sidewalk, create a spectacle of colour dominated by African motifs, textiles and designs adding visual vibrations to the rhythm of ancestral drums and chants, and modern African musical expressions of the diaspora. Exponents of the African martial art, capoeira, draw spectator attention with their dramatic flips and “sequencias”.

Un des moments les plus populaires des manifestations pour la célébration de la  Journée de l'émancipation a été la parade dans la matinée du 1 er août. Quelque 20.000 participants dans la rue, et des dizaines de milliers d'autres qui se pressaient sur le trottoir, créant un spectacle de couleurs dominées par des motifs africains, textiles, dessins et modèles avec des vibrations visuelles au rythme des tambours et des chants ancestraux, les expressions musicales modernes africaines et de la diaspora . Des personnalités de l'art africain martial, la capoeira, ont attiré l'attention des spectateurs avec leurs pirouettes et “sequencias” dramatiques.

Le projet le plus ambitieux dans le domaine éducatif sur la traite négrière, étalé sur plusieurs années sous l’égide de l’UNESCO, est sans nul doute celui qui est intitulé  “Briser le silence”, auquel participent des écoles de 24 pays d’Afrique, des Amériques et d’Europe.

Selon cette organisation, l’objectif du projet est :

de renforcer la sensibilisation aux causes et conséquences de la traite négrière transatlantique – y compris aux formes modernes d’esclavage et de racisme – grâce à des échanges éducatifs, au partage de bonnes pratiques ainsi qu’à l’élaboration et à la diffusion de matériels éducatifs.

Le blog noiraufeminin.com nous rappelle qu’en France, en plus du 23 aout, le 10 mai est aussi célébrée comme la journée de l’abolition définitive de l’esclavage en Métropole et dans toutes les colonies et possessions françaises :

Le Décret du 27 avril 1848, signe l’abolition définitive de l’esclavage en Métropole et dans toutes les colonies et possessions françaises.

158 ans après, en janvier 2006, le Président français Jacques Chirac a décidé de faire du 10 mai, la journée commémorative de l’abolition de l’esclavage en métropole.

Ce passage d’un discours de Lilian Thuram, l’ancien footballeur international, reconverti en intellectuel, prononcé le 9 mai 2007, lors d’une célébration organisée par la ldh-toulon.net nous rappelle :

Le silence des livres d’histoire et l’invisibilité de ses victimes. Le travail de mémoire constitue donc une urgence pour réhabiliter la résistance, physique et culturelle de ses victimes, et surtout pour faire l’archéologie du racisme qui imprègne encore en profondeur les sociétés, et les cultures, qui en ont été les scènes principales.

Franck Salin sur le blog d’afrik.com cite un discours du 10 janvier 2008 du Président français Nicolas Sarkozy sur la Journée de commémoration nationale de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions :

l’esclavage et son abolition seront introduites dans les nouveaux programmes de l’école primaire dès la rentrée prochaine. L’esclavage a été une tragédie qui a meurtri durablement des continents entiers. L’esclavage est une blessure. C’est une blessure profonde qui pèse encore sur nos consciences. Les mémoires portent le poids de cette histoire.

Dans le Dossier du 10 Mai, que le blog noiraufeminin.com consacre commémoration de l’abolition de l’esclavage, Eric KOUA décrit la condition féminine durant l’esclavage et l’esprit de refus de l’esclavage des femmes :

Un refus de l’asservissement qui s'est notamment manifesté par le suicide, plutôt que de vivre dans de telles conditions, ou l'interruption volontaire de grossesse, en réponse aux autorités coloniales qui encourageaient les mariages et la fécondité des femmes.

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