Tunisie : La censure d'Internet est de retour

Ce billet fait partie de notre dossier sur la révolution de 2011 en Tunisie.

La censure d'Internet fait son retour en Tunisie, au grand dam de nombreux cyber-activistes dans le pays.

Pendant le règne du président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali, le gouvernement a exercé une censure impitoyable en interdisant l'accès à tous sites et pages internet critiquant le régime, y compris ceux d'Al Jazeera, Amnesty International, Wikileaks, Youtube, Nawaat et DailyMotion, ainsi que de multiples pages Facebook.

Le 13 janvier, Ben Ali s'était adressé au peuple tunisien pour promettre la fin de la censure internet, dans une tentative de réduire la fureur des masses, et notamment de la jeunesse. Ben Ali a tenu sa promesse mais c'était trop tard pour se maintenir au pouvoir et, depuis le mois de janvier les internautes tunisiens commencent à jouir d'un accès à Internet d'une liberté sans précédent.

http://www.google.com/url?sa=t&source=web&cd=4&ved=0CEAQFjAD&url=http%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Ftakrizo&rct=j&q=Takriz&ei=bwnMTZjSBMOx8QO7_6mhBA&usg=AFQjCNH87HoM3w_OWFhm7KTA_bMY2jf_FA
Il y a quelques jours pourtant, l'Agence tunisienne d'Internet a censuré quatre pages Facebook suite à une injonction de l'armée. Sur son site internet officiel, le Ministère de la Défense a expliqué les raisons d'une telle décision :

لوحظ في الآونة الأخيرة تعمد بعض المواطنين إحداث صفحات خاصة بهم على شبكة الأنترنات قصد الإساءة إلى المؤسسة العسكرية وقياداتها من خلال نشر مشاهد فيديو وتداول تعاليق ومقالات مغرضة ترمي إلى زعزعة ثقة المواطن في الجيش الوطني وبث البلبلة والفوضى بالبلاد.

وأمام هذه السلوكيات المنحرفة والمخلة بآداب التعامل مع شبكة الأنترنات، بادرت وزارة الدفاع الوطني بعد أن تحصلت على تسخير صادر عن حاكم التحقيق بالمحكمة العسكرية الدائمة بتونس بإخطار الوكالة التونسية للأنترنات لحجب الصفحات التالية:

- “Jalel Brick”

- “Youssef patriote”

- “Takriz

Il a été remarqué que des citoyens ont délibérément créé des pages personnelles sur le World Wide Web pour essayer de nuire à la réputation de l'institution militaire et de son commandement, par la publication de vidéos et la diffusion de commentaires et d'articles qui visent à déstabiliser la confiance des citoyens envers l'armée nationale, et propager le désordre et le chaos dans le pays. En riposte à ce comportement déviant qui va à l'encontre de l'utilisation éthique de l'Internet, le Ministère de la Défense, après avoir obtenu une réquisition de la Magistrature du Tribunal Militaire Permanent, a pris l'initiative de demander à l'Agence Tunisienne de l'Internet de filtrer les pages ci-après :
– “Jalel Brick”
– “Youssef patriote”
– “Takriz

La mesure a indigné les blogueurs tunisiens, pour qui la décision des militaires est une régression.

Tounsi7orr (@tounsi7orr) tweete :

priver un peuple déjà censuré non pas 23 ans seulement mais tout un demi siècle de parler et de critiquer est de la pure anarchie #tunisie

Et d'ajouter  :

quelle démocratie veut on la construire si on ne respecte pas l'autre…et on censure ceux qui brise le mur de silence #tunisie

Ammar 404, caricature sur seifnechi.blogspot.com

“Ammar 404″ est le sobriquet donné par les blogueurs tunisiens à la censure : “404” vient de “erreur 404 page non trouvée” et “Ammar” est un prénom masculin en Tunisie.

La caricature représente Ammar 404 en vêtements militaires, tenant des ciseaux pour couper l'accès à un certain nombre de pages de la Toile et est titrée “Ammar enrôlé dans l'armée.”

Zied Mhirsi écrit :

Avec la révolution du 14 Janvier et la presence de Slim Amamou au sein du gouvernement, on aurait pu penser que la page de la censure a été définitivement tournée[…] Deux semaine avant la celebration de la 1ere année de la journée “Nhar ala Ammar” (contre la censure qd Slim 404 a été arrêté), voila que Ammar refait surface et cette fois ci habillé en militaire et ce placant derriere une décision de la court militaire.[…]

Les blogueurs ne peuvent rester silencieux devant cette “CENSURE” (et pas filtrage). Affaire à suivre…

Au nombres des pages censurées se trouvent “Takriz” et “Jalel Brik”, qui ont à plusieurs occasions incité à la violence contre les forces de sécurité.

La page Facebook “Tunisie: Contre les rumeurs post-révolution” a publié un article approuvant la décision du tribunal militaire :

Questionné sur la cause de cette agitation, l'on m'a expliqué que le tribunal militaire n'a pas le droit de s'immiscer dans telles affaires. J'ai répondu que ces deux pages ont appelé ouvertement, de manière flagrante, explicite et très claire à la violence. Pire encore, le dénommé Jalel Brik a incité carrément à brûler les postes de police, y compris les policiers

Aymen Ouerghi tweete :

Non à la censure, mais condamner diffamations, haine et violence n'est pas censure, ni atteinte à la liberté d'expression non plus #tunisie

Ce billet fait partie de notre dossier sur la révolution de 2011 en Tunisie

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