Egypte : Le plan du FMI contesté

Ce billet fait partie de notre dossier spécial Egypte.

(Liens en anglais) Pour aider l'Egypte à surmonter le marasme économique dans le sillage de la révolution du 25 janvier, le Fonds Monétaire International a consenti dimanche un plan d'aide assorti d'un prêt de 3 milliards de dollars à la nation la plus populeuse du monde arabe.

L'accord est supposé aider l'Egypte à obtenir des financements pour remédier à un déficit de sa balance des paiements oscillant entre 10 et 12 milliards de dollars depuis la révolution qui a jeté à bas le président Hosni Moubarak en février.

Livres égyptiennes. Photo sur Flickr de Moemen Shahawy (CC BY-NC-SA 2.0).

Si le gouvernement égyptien et le ministre des finances Samir Radwan ont salué le plan comme une étape pour “relancer l'économie égyptienne, l'accueil a été beaucoup plus sceptique chez les Egyptiens, avec des réactions négatives des internautes et militants.

Sur Facebook, un groupe appelé “Pas de plan du FMI pour l'Egypte” a été créé, qui comprend dans les 300 membres, pour discuter de l'accord et proposer des alternatives afin de faire des économies et réduire le déficit budgétaire.

Membre de ce groupe, Noha El Shoky, par exemple, défend :

réduire la rémunération des consultants ministériels pourrait économiser plus de 70 milliards de dollars

Et Reda Eissa affirme :

36 milliards de dollars pourraient être économisés immédiatement si les fonds privés étaient ajoutés à l'équilibre général du budget

Sur Twitter, la blogueuse et militante Gigi Ibrahim (@Gsquare86) a exprimé un refus total du plan :

@Gsquare86: NOUS DEVONS REJETER CE PRÊT !!!! nous sommes dans une révolution, AUCUN #SCAF AUCUN GOUVT ne peut prendre ces décisions sans le consentement des gens !!! #IMF #Egypt

L'utilisateur Amr El Gohary (@amr_gohary) conteste la validité d'une approbation du plan par “un gouvernement transitoire” :

@amr_gohary: Comment se fai-il qu'un gouvernement intérimaire non élu prenne des décisions aussi stratégiques que celle du prêt du FMI ? #Egypt

L'accord intervient après le satisfecit du FMI au projet de budget 2011/2012 de l'Egypte, qui accroît les dépenses publiques d'un quart. Le gouvernement intérimaire affirme que ce budget contribuera à améliorer la justice sociale et à remédier à certains maux économiques qui étaient, selon un sondage Gallup publié dimanche, parmi les motifs principaux du déclenchement de l'insurrection de janvier.

Il s'agit essentiellement d'un relèvement du salaire minimum national de 34 livres égyptiennes (3,90 euros) par mois à 700, et de l'instauration d'un fonds de 2 milliards de livres égyptiennes pour verser des indemnités de chômage. Le FMI a indiqué que le plan aiderait à mettre l'économie égyptienne sur la “bonne voie”, malgré l'opposition des milieux d'affaires qui voient le projet aller à contre-courant de la politique néo-libérale sous laquelle leurs entreprises avaient prospéré pendant l'ère Moubarak.

Ce qui est sûr, c'est qu'autant les Egyptiens que leur gouvernement vont scruter les mouvements de l'économie dans les jours qui viennent. Mais pendant que les dirigeants du pays tentent de “ressusciter” ce secteur souffrant, la crainte plane que ce soit aux dépens de l'indépendance post-révolutionnaire égyptienne.

Ce billet fait partie de notre dossier spécial Egypte.

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