Sénégal : Cette manifestation est twitter-isée

Jeudi le 23 juin 2011, Dakar a été prise d’assaut par les manifestants. Leur objectif : faire déraper une réforme électorale qui permettrait l'élection du président avec 25% des voix au premier tour et qui proposerait un ticket de vice-président à l'américaine. Ils ont réussi.

Si la principale cible des manifestants a été l'Assemblée nationale, grabuge et colère se sont multipliés autour de la ville de Dakar. Pendant près de 12 heures, divers foyers de manifestants ont semé la pagaille un peu partout sur la péninsule du Cap Vert s'attaquant à différentes cibles:  les maisons de personnages influents du régime Wade , les bâtiments de la compagnie d'électricité, la Sénélec, l’Hôtel des Députés. La foule s'en est particulièrement pris à Farba Senghor, perçu comme le “ministre de la Propagande” du Président Wade: ses deux maisons de Dakar et ses voitures brûlées. Une vidéo sur youtube montre comment Senghor a dû se sauver de sa maison, escorté par les policiers.

De nombreuses autres vidéos et photos ont été diffusées sur le net présentant cette journée mouvementée sous de nombreux angles.

La rue s'est tue vers  20h: les derniers manifestants ont rejoint le Commissariat central de Dakar pour faire libérer les leaders du mouvement Y'en A Marre mis en garde à vue lors des évènements de la veille. Une vidéo, diffusée entre autre sur youtube, a présenté le témoignage de Simon, un des militants du mouvement, après sa libération.

Bilan: 102 blessé, dont 13 policiers et deux défenseurs des droits de l'homme.

Dans la journée, alors que les députés étudiaient le projet de loi, les commentaires fusaient de toute part sur la toile. Les internautes ont tout de suite ridiculisé le premier débat à l'Assemblée nationale portant sur les fautes d'orthographes contenues dans le projet de loi.

La surenchère de modifications qui ont été apportées sous la pression de la rue a elle été aussi ridiculisée. FatCuriosita a commenté ainsi:

C'est vers 17h qu'on a officiellement annoncé le retrait du projet d'amendement constitutionnel. Même si personne ne peut nier que la rue a réussi à faire plier le gouvernement, ce que certains ont déjà osé appelé la révolution des cacahuètes, le Président Wade s'est dit avoir retiré le projet de loi sous la pression des chefs religieux.

Internet au coeur de la mobilisation

Tout au long de la mobilisation, les manifestants ont commenté les évènements sur #ticketwade et #TouchePasMaConstitution. Twitter a permis de suivre les différents évènements autour de Dakar et de permettre le rassemblement des manifestants devant le Commissariat central en fin de soirée. Twitter est donc devenu une façon de déjouer la stratégie des policiers qui ont tout fait pour diviser la masse et isoler les différents éléments sur le terrain.

Plus encore, alors que plusieurs émeutes ont émergées dans les quartiers populaires, twitter a permis de prévenir les manifestants de l'arrivée du Groupe mobile d'intervention (GMI), l'escouade responsable de casser la manifestation.

Ils ont été plusieurs à se féliciter pour le succès de la mobilisation sur différents blogues et tweet. N'empêche, même si certains continuent de demander la démission du président Wade, ce qui reste surtout sur la toile, c'est les images de la destructions… et ce alors que les balafres de la ville ont été totalement effacées le lendemain matin.

 

 

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