Egypte : Un résumé de la deuxième vague révolutionnaire

Ce billet fait partie du dossier spécial de Global Voices sur la Révolution en Egypte 2011.

[liens en anglais, sauf mention contraire] Jeudi 24 novembre 2011, sixième jour de la nouvelle période de troubles en Egypte, 4 h33 du matin au Caire. La place Tahrir, en Egypte, devrait connaître une trêve nocturne. Mais chaque cessez-le-feu intervenu sur Tahrir depuis les cinq jours précédent a été suivi par un assaut “victorieux” de la police et des Forces Centrales de Sécurité (CSF).

@mfatta7: La police a enfreint le cessez-le-feu rue Mohamed Mahmoud. Les jeunes ne céderont pas avant écrasement du ministère de l'intérieur.

Le drapeau blanc souillé tombe et une nouvelle volée de gaz est tirée sur la foule de protestataires qui occupe les différentes rues menant à la place – la rue Mohamed Mahmoud et la place Tahrir elle-même.

Cette vidéo, mise en ligne sur YouTube par l'abonné  le 23 novembre 2011, montre une tentative de cessez-le-feu entre le Ministère de l'Intérieur et les protestataires :

A Alexandrie, les désordres se sont bornés à des défilés entre la mosquée Al-Qaed Ibrahim et le faubourg de Smouha, où est située la Direction de la Sécurité (Modereyet elAmn). Mais malgré le caractère apparemment localisé des violences, au moins un passant innocent est mort dans la fusillade.

@RawyaRageh: La famille nous dit que Cherif ne manifestait pas, & ne faisait que passer en famille lorsqu'une balle l'a atteint au cou #Alexandria #Egypt #Smouha

A ce moment précis, le nombre des morts en Egypte friserait les 40 selon les indications données par le Ministère de la Santé ici, bien que ne paraissent pas inclus dans ce nombre les deux décès à Ismaïlia dans la nuit de mercredi. A en juger par les informations sur Twitter de journalistes sur place à Alexandrie et d'autres villes, on peut sans risque de se tromper affirmer que ce décompte est inexact. Le nombre ne fait que monter.

(La liste des victimes du Caire seul, à mercredi matins est ici. Le chiffre a probablement changé depuis).

Les manifestations non-violentes d'Ismaïlia auraient dégénéré aux environs de minuit mercredi 23 novembre, à en croire cet appel émotionnel [en arabe à Al Jazeera rapportant au moins un mort à l'hôpital de fortune.

Une mort confirmée aussi par des manifestants sur place :

@MostafaAmin84: Un garçon de 15 ans est mort à #Ismailia après les charges des forces de sécurité et de l'armée place Al Mamar

Un homme d'Ismaïlia s'est filmé en train de rouler à travers la ville pour prouver que les récits d'affrontements ne sont que des rumeurs médiatisées à outrance. Tout paraît calme sur ses images :

http://www.youtube.com/watch?v=6hRfHkOf-ec

Vidéo mise en ligne sur YouTube par l'abonné  le 23 novembre.

Pendant ce temps, les informations de heurts toute la nuit à Tahrir continuaient à affluer, des CSF et de la police poursuivant selon les récits leur ballet d'attaques et retraites avec les manifestants égyptiens, sur qui ils faisaient détonner lacrymogènes et autres gaz chimiques non encore identifiables. La seule évidence est la description unanime des effets ravageurs des gaz sur les protestataires.

Mais il tout n'est pas effusion de sang et violence aveugle. Les jeunes ripostent à l'incessante propagande de la télévision publique qui martèle qu'ils sont des fainéants chauds à aider les “mains de l'étranger” à détruire le pays, en mettant bout à bout leurs revendications.

L'acteur Khaled Abol Naga, reconnu pour son activité d'opposant à l'ancien régime pendant la révolution au début de l'année, a collationné ces points sur son blog dans un billet intitulé ‘Désormais, nos demandes doivent être des ordres‘ [en arabe].

Après cinq jours consécutifs de violences soutenues en Egypte, la vie continue normalement en-dehors de Tahrir et des autres points chauds de la contestation du pays.

De fait, un grand nombre de gens sont furieux contre les manifestants qui perturbent la paix si près des élections parlementaires qui doivent débuter le 28 novembre [en français].

L'argument financier est lui aussi récurrent. On en a par-dessus la tête de la pauvreté et des incidences des manifestations sur le marché des actions et la possibilité de travailler ou de trouver du travail.

@Sandra_Rizk: @mosaaberizing J'ai du travail à faire et je ne peux pas continuer comme ça à détruire l'Egypte et abandonner mon boulot.. Désolée pour ça.

Qui plus est, la même question pertinente se pose : si le Conseil Supérieur des Forces Armées (SCAF) se retire vraiment, qui va diriger le pays ?

@Sandra_Rizk: @mosaaberizing vous ne voulez pas que l'armée s'en aille ? Pourquoi ils se pointeraient pour vous aider ! Je ne comprends pas ce que vous faites à notre pays !

Et enfin, la question même qui a causé le plus de perplexité chez les observateurs extérieurs, c'est : pourquoi maintenant ? Pourquoi ne pas avoir attendu les élections, dans moins d'une semaine ?

Ce billet fait partie du dossier spécial de Global Voices sur la Révolution en Egypte 2011.

Une version plus longue de ce billet a été originellement publiée jeudi 24 novembre 2011, sur le blog de Miran Hosny. 

L'image de vignette et la photo dans l'article montre le rassemblement de masse place Tahrir, au Caire, par Nameer Galal, copyright Demotix (25/11/11).

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