Tunisie : Matraques et lacrymogènes contre une manifestation de chômeurs

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur la révolution tunisienne 2011.

Le 7 avril 2012, le syndicat des diplômés chômeurs a organisé une manifestation dans le centre de Tunis. Lorsque les manifestants ont tenté d'enfreindre l'interdiction des rassemblements sur l'avenue Habib Bourguiba, la principale artère de la capitale, la police a actionné gaz lacrymogènes et matraques pour les disperser, et des blessés ont été relevés.

Dans un communiqué publié le 7 avril, le Ministère de l'Intérieur a affirmé que les manifestants ont lancé des pierres sur la police, et ont essayé de pénétrer “de force” sur l'avenue.

Manifestant blessé. Photo ‏Albadil.org

La vidéo de YouTube ci-dessous, par TunisiaTalks montre l'intervention policière. On y voit des passants suffocant sous les lacrymogènes, et des manifestants blessés.

Déjà vu?

Les policiers dispersent les manifestants à coups de matraques. Photo Ali Garboussi.

La violence des policiers a rappelé à Sameh l'ère de Zine El Abidine Ben Ali. Elle a tweeté :

@sameh_b: #Tunisie dictature en marche… Av. Habib Bourguiba!!! Des milices avec des bâtons qui tabassent les manifestants!! Un air de déjà-vu!!!

Elle n'était pas la seule à avoir cette impression. Zarzouki a tweeté :

@ja3far2012: Raisons bidon “pr proteger les commercants et ne pas gener la circulation” le meme language que ZABA #tunisie

La répression, une solution au chômage ?

Une manifestante blessée. Photo Ali Garboussi.

“Travail, liberté, dignité nationale”, était un slogan du soulèvement tunisien de 2011. Quinze mois après la fin des 23 années de règne de Zine El Abidine Ben Ali, l'emploi reste toujours au centre des revendications populaires. Malgré les promesses du gouvernement intérimaire, conduit par le parti islamiste Ennahdha, de créer 400 000 emplois, le taux de chômage ne fléchit pas, et, selon une étude récente, publiée fin février 2012, il atteindrait à présent 18,9 %.

Le blogueur Bassem Bouguerra a publié un billet intitulé l'approche tunisienne contre le chômage, où il démontre que le gouvernement recourt à la répression pour résoudre le problème du chômage :

Désespérés et en colère, 400 diplômés chômeurs sont descendus dans la rue le 7 avril pour témoigner de leur mécontentement envers les résultats du gouvernement pour résoudre la question du chômage. Ils ont décidé de faire partir leur cortège du siège de l'UGTT (l'Union Générale des Travailleurs tunisiens) et de marcher jusqu'à l'Avenue Habib Bourguiba […] Le gouvernement [paralysé] devant ce défi insurmontable du chômage, n'a plus de nouvelles promesses à présenter aux protestataires. Les Tunisiens en ont été gavés. Ils ne peuvent pas les calmer avec des solutions puisqu'ils n'en ont pas. Alors ils ont choisi la solution de facilité : la répression. Alors que les manifestants se dirigeaient vers l'avenue Habib Bourguiba, la police a utilisé la tactique familière de l'ère Ben Ali, réprimer et disperser.

Une agression contre la dignité des sans-emploi

Dans un billet de blog publié le 8 avril, Salah Ben Omrane estime que s'en prendre à un chômeur, c'est attenter à sa dignité :

taper sur quelqu’un qui ne demande qu’un emploi, c’est s’attaquer à sa dignité! Aucune raison ministérielle ne peut le justifier et aucune morale ne l’approuve .

Les chômeurs, une menace réelle ?

Avant le slogan célèbre “Ben Ali dégage”, les manifestants criaient “Le travail est un droit, bande de voleurs [le clan Ben Ali]”, et “Travail, liberté, dignité nationale”. Le chômage était au coeur du soulèvement tunisien de 2011, déclenché par les jeunes sans emploi, les premiers à descendre dans les rues et affronter les violences policières. Les chômeurs sont-ils toujours une menace ? Représentent-ils un danger pour l'actuel gouvernement par intérim, nommé il y a quatre mois ?

Selon Zarzouki :

@ja3far2012: Simple: Ils ne repriment que ceux qu'ils trouvent dangeureux!

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur la révolution tunisienne 2011.

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