Venezuela : Le résultat de la présidentielle montre l'érosion du chavisme

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Les résultats [anglais] de l'élection présidentielle du dimanche 14 avril 2013 ont illustré le début du reflux pour le chavisme.

A peine deux mois ont suffi au président par intérim et maintenant président élu, Nicolás Maduro Moros, pour perdre 685.794 voix par rapport aux nombres obtenus par feu [fr] le Président Chávez le 7 octobre 2012 (7-O), tandis que le candidat d'opposition Capriles Radonsky réussissait à engranger 679.099 voix de plus que le 7-O.

Des chiffres signifiant que malgré son avance héritée de 11 points, M. Maduro l'a emporté de moins de 2 points.

Le premier bulletin publié par le Conseil Electoral National (CNE, selon l'acronyme espagnol) a déclaré Nicolás Maduro vainqueur avec un total de 7.505.338 voix, représentant 50,66% des suffrages. De son côté, Henrique Capriles Radonski a obtenu 7.270.403 voix, soit 49,07% –une différence d'à peine 1,59%, ou 234.935 votants, un résultat que n'avaient su prévoir les sondages.

Sur Twitter, Jogreg Henridonsky (@Jogreg) a préféré l'image pour rendre compte des résultats.

@Jogreg: Una manera de ver lo que pasó ayer… pic.twitter.com/7wqiAvIx8C

@Jogreg: Une manière de voir ce qui s'est passé hier… pic.twitter.com/7wqiAvIx8C

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Pendant ce temps, la coalition de la Table de l'Unité Démocratique (MUD, selon l'acronyme en espagnol) obtenait 7.270.403 voix, contre 6.127.522 à la coalition du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV). Ces chiffres ont fait perdre au PSUV, pour la première fois, sa position de parti en tête des votes. Aux élections du 7 octobre, la coalition MUD n'avait pas participé en tant que telle, chaque parti avait soutenu Capriles séparément. Cette fois, l'opposition ne pouvait voter que pour la coalition MUD, qui a ainsi récolté plus de voix que le PSUV.

Cette mince différence d'à peine deux points en pourcentage et l'énorme quantité de plaintes diverses quant aux irrégularités (quelque 3.200 incidents) au long des opérations ont amené le gouverneur de l'Etat de Miranda, Henrique Capriles Radonsky, à ne pas reconnaître les résultats à moins d'un audit et d'un recomptage manuel des voix. La même requête a été émise par Vicente Díaz, un des cinq directeurs du CNE, après la publication du premier bulletin. Dans la soirée du dimanche, Nicolás Maduro acceptait l'audit.

Devant la polémique, débats et réflexions n'ont pas tardé à animer réseaux sociaux et blogs.

Jorge Media Azcarate a écrit un billet de blog intitulé “Félicitations au nouveau président de la démocratie populaire du Venezuela“, où il dit son désaccord avec le refus des résultats par Capriles. Pour Jorge, Capriles n'aurait pas dû se présenter s'il ne faisait pas confiance au système.

Quisiera especialmente denunciar el no-reconocimiento del perdedor Capriles frente a los resultados de la convocatoria. No sólo me parece miserable presentarse a unos comicios para luego no someterse a sus resultados (..si tienes desconfianzas no te presentes sinvergüenza!. Y si te presentas, acepta las reglas del juego), sino que incluso me parece un grave INSULTO a los 140 observadores internacionales que estaban supervisando la legalidad de la convocatoria. ..Qué pasa, ¿que ahora estos observadores son unos incompetentes que no ha hecho bien su trabajo??. ¿Antes sí valían, pero ahora no?

Je voudrais particulièrement dénoncer la non-reconnaissance par le perdant Capriles des résultats de la consultation. Non seulement il me semble misérable de se présenter à une élection pour ne pas se soumettre ensuite à ses résultats (…si tu n'as pas confiance, ne te présente pas, crapule ! Et si tu te présentes, accepte les règles du jeu), mais cela me paraît aussi une grave INSULTE aux 140 observateurs internationaux qui supervisaient la légalité de la consultation… Qu'y a-t-il ? Ces observateurs sont maintenant des incompétents qui n'ont pas bien fait leur travail ?? Ils étaient valables avant, et plus maintenant ?

11 de abril en el centro de Caracas durante el cierre de campaña de Nicolás Maduro. Foto de Luis Carlos Díaz bajo licencia Creative Commons  (CC BY-NC 2.0)

11 avril, fin de la campagne de Nicolás Maduro. Photo Luis Carlos Díaz, sous licence Creative Commons (CC BY-NC 2.0).

De son côté, sur son blog, Sofia Kariakin estime qu'avec ce nouveau président le Venezuela sera en panne de stratégies et d'objectifs, ce qui aggravera la situation du pays. Elle a fait part de ses réflexions dans son billet “Pause pour la résignation“.

Pues respiro profundo por los míos, que siguen creyendo que en algún momento Venezuela tendrá la oportunidad de salir de este abismo en el que se encuentra, antes con un tipo que realmente era un Líder. Ahora entiendo a los más desfavorecidos que decían, cuando murió, que se sentían como huérfanos porque es lo que serán… ahora no hay una estrategias, no hay un fin… ahora es un rollo sin fondo, ni sentido, ahora si se hundirá el país, y ustedes me dirán: ¿más?, pues si… lamentablemente si se acepta esta burla serán el completo destrozo y deterior de Venezuela.

Eh bien, je respire profondément pour les miens, qui continuent à croire qu'à un moment donné le Venezuela aura la possibilité de sortir de cet abîme où il se trouve, auparavant avec un type qui était vraiment un Leader. Je comprends maintenant les moins chanceux qui disaient, quand il [Chávez] est mort, qu'ils se sentaient orphelins car c'est ce qu'ils allaient être… à présent il n'y a pas de stratégies, pas de fins… à présent c'est un baratin sans fond ni sens, à présent le pays va couler, et vous me direz : encore plus ? Eh oui… malheureusement si on accepte cette farce ce sera la destruction et la perte complètes pour le Venezuela.

Des milliers de réclamations ont été postées sur les réseaux sociaux. Dans de nombreux cas, les internautes ont fait écho à des épisodes erronés, qui une fois apparus en ligne se sont propagés comme une traînée de poudre.

La découverte de cartons remplis de votes et de bulletins dans la rue dans l'Etat de Barinas, n'a fait qu'échauffer davantage les électeurs.

Foto difunfida ampliamente en las redes sociales

Image largement diffusée sur les médias sociaux

Pour couronner le tout, la proclamation de Nicolás Maduro président par le CNE, sans recours à un audit, a accru le mécontentement [anglais] à l'intérieur de l'opposition. Willy Mckey (@willymckey) a affirmé sur Twitter que cette précipitation était suspecte.

@willymckey: Ese apuro en la proclamación los pone en evidencia. #AuditoriaYA

@willymckey: Cet embarras dans la proclamation [de Maduro président] les met en évidence. #AuditoriaYA [audit MAINTENANT]

Tandis que Oliver Reina (@oliv22) dit sur Twitter que jusqu'à preuve du contraire par l'audit, il n'y a pas de raisons de ne pas soutenir Nicolás Maduro.

@oliv22: Apoyar a Maduro no es ilegítimo: hay un boletín oficial del CNE. Si la auditoría dice otra cosa quedaría sin efecto. Sino, no. Así de fácil.

@oliv22: Soutenir Maduro n'est pas illégitime : il y a un bulletin officiel du CNE. Si l'audit dit autre chose, le bulletin sera nul. Et sinon, non. C'est aussi simple que ça.

Cette marge très courte dans les résultats a déclenché dans le pays une crise politique qui pourrait se traduire en violences [De fait, il a été annoncé mardi que des manifestations la veille se sont soldées par la mort de sept personnes, des dizaines de blessés et une centaine d'arrestations].

Le magazine SIC, sur son blog, explique ce qui se dessine dans ces deux moitiés très différentes du pays.

No va a resultar fácil al Presidente asumir que una gran parte de los ciudadanos no quieren despertar de ese sueño libertario o de esa pesadilla. No va a resultar fácil gobernar cuando una parte considerable de la ciudadanía no quiere que le hablen del país concreto sino de la historia que se esculpe en bronce y mármol como señuelo vano de eternidad y otra, bastante considerable, solo sueña con que se acabe lo que considera nefasto y se pueda volver al estado anterior idealizado.

Il ne sera pas facile pour le Président d'assumer qu'une grande partie des citoyens ne veulent pas se réveiller de ce rêve libertaire ou de ce cauchemar. Il ne sera pas facile de gouverner quand une part considérable de la citoyenneté ne veut pas entendre parler du pays concret, mais de l'histoire sculptée dans le bronze et le marbre comme un vain leurre d'éternité, et que l'autre [part] tout aussi considérable, a pour seul rêve que prenne fin ce qu'ils estiment néfaste et de revenir à un état antérieur idéalisé.

Laura Vidal a contribué à l'écriture de ce billet

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