Otages et rançons : quelle politique pour la France ?

Environ trois mois après la décision de François Hollande de stopper le versement de rançons aux preneurs d’otage, la famille Moulin-Fournier a été enfin libérée, un immense soulagement pour leurs familles et amis. Cependant, il reste qu'aucune information à ce jour n'est venue éclairer les conditions de cette libération.

Mi-janvier, le président de la république François Hollande a fait savoir à l’ensemble des familles de citoyens français à travers le monde que la France allait dorénavant suivre une politique refusant toute transaction financière avec les détenteurs d’otages. Autrement dit, le temps des rançons est terminé.

Un changement déjà envisagé sous l’ère Sarkozy car le versement de rançon attise la convoitise des kidnappeurs. Abdoulaye Bah sur Global Voices notait en 2010 que:

Plus de 90% du financement des groupes terroristes proviennent de paiement de rançons. [..] Tant que les pays occidentaux paient pour libérer leurs otages, les groupes terroristes garnissaient leurs «comptes».

C’est la crise au Mali qui a accéléré le processus. Désormais, les agents des services de renseignements vont être tenus d’adapter leurs méthodes de négociation. Il s’agit d’une décision en rupture avec les techniques françaises qui prévalaient jusqu’ici. Le modèle adopté est plutôt celui des pays anglo-saxons.

Quelle différence avec les pays anglo-saxons ?

Bernard Kouchner rappelle les différentes approches sur la résolution des prises d'otages:

On oppose souvent un modèle français qui paie et un modèle anglo-saxon qui ne paie pas mais les choses ne sont pas si claires que cela, chaque affaire d'otage est unique et plus complexe qu'on ne le croit.

 

A la différence des pays anglo-saxons (Royaume-Uni, Etats-Unis) où il est en effet clairement spécifié aux citoyens que la politique gouvernementale ne prévoit aucune espèce de concessions à l’égard des individus ou des groupes preneurs d’otages, la France ne précisait aucunement sa politique en la matière dans ses documents officiels. Elle mettait simplement en garde contre les enlèvements.

François Hollande a donc opéré un changement radical en énonçant clairement le refus français de céder aux demandes de rançon. Mais l'opacité de la dernière libération des otages au Cameroun laisse penser que la situation est plus compliquée.

Quid de la libération des Moulin-Fournier ?

La famille d’otages français enlevés le 19 février au Cameroun et revendiqués par Boko Haram, groupe terroriste nigérian a été libérée le 19 avril. « La France a-t-elle payé une rançon à Boko Haram? » interrogeait Slate Afrique au lendemain de leur libération:

Des questions qui se posent avec d’autant plus d’acuité que l’on se souvient des revendications de Boko Haram, lorsque la secte nigériane a confirmé être l’auteur de l’enlèvement de cette famille française, dans la localité de Dabanga, dans l’extrême-nord du Cameroun, le 19 février dernier

L'article remarque aussi la discrétion du gouvernement camerounais et français dans cette affaire.

https://www.youtube.com/watch?v=sZPIQQHwpSs
(Vidéo de l'arrivée des otages suite à leurs libérations via zoominwal)

L’Elysée a réaffirmé ne pas avoir enfreint ses résolutions de non versement de rançon. Les membres de Boko Haram avaient notamment fait savoir, dans une vidéo publiée le 25 février, qu’ils souhaitaient la libération de membres de leurs familles « emprisonnés au Nigeria et au Cameroun. Le gouvernement nigérian a intercédé. Mais les détails des négociations n’ont pas été révélés.

De leur coté, les Moulin-Fournier se contentent de raconter leur dure expérience aux médias et ne laissent filtrer aucune information concernant les conditions de leur libération. La question reste donc entière.

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