Dorothée Danedjo Fouba sur le journalisme numérique en Afrique

Le journalisme numérique est en plein essor sur le continent africain. Dorothée Danedjo Fouba (dite DorothyDaf), blogueuse camerounaise et journaliste multimédia nous fait un état des lieux de ce secteur et des qualités requises pour y exceller. Elle est la lauréate du « Best African ICT Blog, Telkom-Highway Africa New Media Awards 2013» (Prix du meilleur Blog des Tic en Afrique).

Propos recueillis par Dibussi Tande (@dibussi)

Dorothee Danedjo, à la remise du Best ICT Blog 2013 Award - photo avec la permission de l'auteur

Dorothee Danedjo, à la remise du Best ICT Blog 2013 Award – photo avec la permission de l'auteur

Dibussi Tande: Félicitations d’avoir remportée le « Best African ICT Blog, Telkom-Highway Africa New Media Awards 2013. » Que-ce que cela représente pour vous ?

Dorothée Danedjo Fouba : Ce prix représente pour moi une grande reconnaissance pour mon travail journalistique, particulièrement en journalisme multimédia, pourquoi pas une consécration du travail bien fait.
Votre blog a été primé deux fois de suite par Highway Africa. Qu’est-ce qui fait la particularité dorotheedanedjo.com ?
Mon blog est orienté vers web et nouvelles technologies pour les journalistes et communicateurs. Concrètement il donne des astuces et outils didactiques en podcast audio et vidéo. Je pense que sa démarcation d’avec les autres c’est qu’il s’efforce de traiter l’information en français et en anglais dans une démarche éducative.
En plus de votre blogging, vous animez une chronique sur le multimédia a la CRTV et vous venez d’obtenir un Master professionnel en ingénierie de l’éducation aux médias en ligne de l'Université Sorbonne Nouvelle. Qu’est-ce qui explique votre passion pour les TIC et pour le journalisme numérique particulièrement?
Disons tout simplement que tout ce qui est technique m’a toujours attirée depuis mon enfance. Je suis peut être une bonne manieuse des lettres mais une scientifique dans l’âme. Tout ce qui peut être démontré de manière technique m’intéresse voilà pourquoi je me suis tournée au fil du temps vers le journalisme numérique en voulant toujours voir comment s’approprier les outils technologiques pour l’exercice de la profession.
Qu’est-ce qui vous a poussé vers le blogging ? Le désir de combler un déficit professionnel, une passion pour la chose écrite, etc. ?
Comme je le disais je suis une hybride, produit des lettres et de l’amour de la technique. En me tournant vers le blogging, non seulement ça m’a aidé à combler un déficit professionnel justifié par le fait qu’il n’est toujours pas aisé de traiter de tout type de sujet dans une rédaction ordinaire à cause de la ligne éditoriale mais également à extérioriser ce que je pense des méthodes et approches que l’on pourrait adopter pour l’arrimage des médias aux technologies nouvelles.

Dorothee Danedjo à la remise du  Best ICT Blog 2012 Runner-up Award- avec permission de l'auteur

Dorothee Danedjo à la remise du Best ICT Blog 2012 Runner-up Award- avec permission de l'auteur

Selon vous, qu’est-ce qui explique le manque criard des blogs camerounais et même africains qui focalisent sur les TIC ?
Je crois que ce manque se justifie par le fait que s’investir dans un blog essentiellement focalisé sur les TIC demande beaucoup de temps. Or dans sa définition première le blog est un journal personnel et de ce fait, il est géré par un individu. Ce qui n’est pas aisé. Autre chose, cela demande une certaine culture numérique, un investissement personnel afin de pouvoir collecter l’information. On préfère généralement écrire des brulots de propagandiste politique, des essais sur la culture et de « faire pitié » du point de vue politique face à certaines cibles. Parfois c’est tout simplement de la paresse.
La plupart des medias camerounais tardent à adopter les nouvelles technologies, ont une présence en ligne très timide et n’exploitent pas suffisamment les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ? Le manque des moyens financiers, une infrastructure numérique peu fiable ou un manque d’information tout court?

J’incriminerai plutôt l’inculture et la peur de l’inconnu. On a peur de tout ce qui est nouveau et qui peut amener un changement d’habitudes et de pratiques.

Selon vous quelles sont les principales caractéristiques d’un bon journaliste numérique ou blogueur ?
Un bon journaliste numérique ou un bon blogueur doit déjà posséder des caractéristiques intrinsèques à tout bon journaliste, c'est-à-dire : rechercher, collecter et diffuser des informations véridiques et avérées de manière claire, précise et concise et dans le respect de l’éthique et de la déontologie en matière de publication d’informations. En outre il doit être un bon curieux et avoir une bonne connaissance de la mise en ligne de contenu et des outils numériques.
Il y’a quelques années vous avez avancée l’idée selon laquelle les nouveaux medias peuvent sauver la littérature africaine. De quoi s’agissait-il concrètement ?
Cette idée date de 2011 si mes souvenirs sont bons. Celle-ci consistait à voir comment mettre en place un réseau en ligne de distribution du livre africain. Mon concept à réaliser sous forme de portail spécialisé s’appuie sur la transformation des livres ordinaires en e-book. Une solution qui pourrait se baser stratégiquement sur le bulk sms.
En 2011, vous avez tracée les contours d’un projet de librairie numérique basé sur deux portails littéraires dénommés Kamerbooks et Afrobooks. Qu’en est-il avec ce projet ?
Effectivement, ce projet numérique est la résultante de mon idée sur les nouveaux médias pour la littérature africaine. Il y a deux ans lorsque je cherchais les voies et moyens de le mettre en place, j’ai failli me faire berner un soi-disant entrepreneur web Camerounais. Aujourd’hui je nourris le projet de le réaliser dans les plus brefs délais et je ne suis pas fermée aux propositions de potentiels partenaires pour ce projet.
En mars 2012, vous avez remporté un autre prix panafricain, l’African FOSS Reporter Award (prix de reportage africain sur les logiciels libres et open source) du FOSSFA. Comment est-ce que les logiciels libres peuvent êtres les catalyseurs du développement socio-économique pour les pays Africains ?
En réalité le caractère moins coûteux de ce type de logiciel, la liberté que l’on a de les modifier de les distribuer et la protection anti-virale qui en découlent font en sorte qu’ils se présentent irrémédiablement comme des catalyseurs de développement. Imaginer un seul instant que l’administration camerounaise se les approprie, premièrement l’on réduirait de 0 les frais d’importations en anti-virus, deuxièmement les coûts d’achat de logiciels à licence s’amoindriraient d’au moins de moitié. Ce qui représente incontestablement un gain énorme qui permettrait d’employer quelques chômeurs quand on sait qu’ils sont si nombreux dans les pays en voie de développement.
Est-ce qu’il y’a une différence entre DorothyDaf la bloggeuse et Dorothée Danedjo Fouba la journaliste chevronnée qui travaille au Ministère de la Communication?
Ha, pas vraiment. DorothyDaf c’est bien le diminutif de Dorothée Danedjo Fouba. Les actes que je pose en tant que Dorothydaf sur la toile sont entièrement assumés par Dorothée Danedjo Fouba , cadre à l’inspection générale du Ministère de la Communication du Cameroun. Les deux tâches impliquent ma liberté et ma responsabilité de journaliste en tout point.
Une dernière question : Vous avez 30 ans à peine mais vous avez déjà une armoire plein de trophées et des distinctions, et un Master tout nouveau entre autres. Comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
La suite de ma carrière professionnelle se profile à l’horizon avec la réalisation d’une plateforme didactique multimédia d’éducation aux médias en ligne que j’ai commencé à mettre en place pendant mon année de Master avec Ingenieris Cameroun : Matic.edu (Médias Assistés par les TIC). J’espère avoir la grâce et la santé que seul Christ donne afin de pouvoir le voir se concrétiser.
Merci des encouragements et de l’intérêt que vous m’accordez.

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