L'état de droit renversé à Nauru : que fait l'Australie ?

Sydney Asylum Seeker Protest

Un manifestant au rassemblement de la Coalition d'Action pour les Réfugiés. Sur sa pancarte : ‘Fermez Manus et Nauru – Non aux goulags offshore de détention’. Photo Richard Milnes © Demotix (22 November 2013)

[Liens en anglais] La République de Nauru, un confetti de l'océan Pacifique, vient de voir imploser sa démocratie avec le renvoi du Magistrat Résident, opportunément appelé Peter Law [Pierre Loi], l'exil du Juge en chef Geoffrey Eames et la démission de l'avocat-général Steven Bliim en signe de protestation. Tous trois sont Australiens.

Nauru est au centre de la controverse politique sur l'usage que fait le gouvernement australien de ce pays comme d'un centre offshore de traitement des demandeurs d'asile arrivés par bateaux. Le centre de détention compte actuellement 900 pensionnaires. M. Law était sur le point d’auditionner l'accusation contre les dizaines de demandeurs d'asile qui se seraient mutinés en juillet 2013.

Le gouvernement australien a été lent à réagir, et certains sur twitter l'ont accusé de complicité, citant Ben Saul, professeur de droit international à l'Université de Sydney, dans la section ‘Comment is free’ du Guardian Australia :

“Les traces de doigts sales de l'Australie se trouvent partour dans le système judiciaire de Nauru et les agissements australiens y ont érodé la culture de la légalité” 

Les juristes universitaires se sont activés en ligne. Kevin Boreham a blogué sur The Conversation : l'Australie a des obligations envers les demandeurs d'asile que nous avons transférés à Nauru et nous avons un intérêt juridique au maintien de l'état de droit à Nauru.

L'avocat et défenseur des droits humains Julian Burnside est aussi allé sur le web, pour critiquer les gouvernements récents qui ont prôné la Solution du Pacifique [fr], une ‘politique d'acheminement des demandeurs d'asile sur des pays insulaires de l'Océan Pacifique, plutôt que de les laisser débarquer sur le continent australien’ :

…les deux gouvernements – à Nauru et en Australie – ont un intérêt à une faillite de l'état de droit à Nauru.

L'Australie est le trésorier de Nauru, qui fera à peu près tout ce que nous lui ordonnerons, car nous sommes sa principale source de revenu. C'est très commode pour l'Australie. Howard l'a reconnu ; Gillard et Rudd l'ont reconnu ; Abbott le reconnaît.

Nombreux sont sur twitter ceux qui ont appelé le gouvernement australien et la ministre des Affaires étrangères Julie Bishop à prendre des mesures vigoureuses, comme les boycotts imposés à Fidji en pareille circonstance :

Le gouvernement australien devrait demander à ce que Nauru soit suspendu à présent  du Commonwealth. [Mme] Bishop ? 

Où sont les protestations et sanctions officielles comme pour Fidji, au renvoi anticonstitutionnel du Juge en Chef de Nauru ?

Le système judiciaire de Nauru est appremment financé au travers du programme d'aide de la Nouvelle-Zélande :

Lundi, RNZI a interviewé le Ministre des Affaires étrangères néo-zélandais Murray McCully sur la crise judiciaire de Nauru.

Pendant ce temps, Human Rights Watch a critiqué dans son rapport annuel le traitement par l'Australie des demandeurs d'asile, pour ses

…mesures pernicieuses conçues pour dissuader les demandeurs d'asile au prix de leurs droits, avec le traitement offshore obligatoire des demandeurs d'asile arrivés par mer, le “filtrage resserré” ou les expulsions accélérées après des entretiens sommaires, et le retrait de l'assistance juridique publique aux demandeurs d'asile.

Rebondissement dans l'affaire :

La nouvelle loi controversée sur les expulsions de Nauru pourrait aussi s'appliquer aux demandeurs d'asile envoyés par l'Australie

Sur sa page Facebook, ‘représentant des députés indépendants à Nauru’, le Nauruan Eko Dogin met en garde :

Le fait que le gouvernement néo-zélandais envisage cette mesure [cesser le financement] montre bien qu'ils condamnent les actes du gouvernement Waqa/Adeang et ne continueront pas à soutenir un abus de pouvoir et mépris aussi flagrants de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l'état de droit.

Nauru ne peut tout simplement pas se permettre de mettre en jeu le soutien de ses voisins et amis. Si notre économie est plus forte qu'il y a 10 ans, elle reste terriblement fragile, et à la même vitesse que ce gouvernement a détruit notre justice, il peut aussi ruiner notre économie en un éclair.

Le gouvernement nauruan a émis une série d'accusations contre Peter Law, qui l'a menacé d'un procès.

@NObservers, un ‘observateur politique indépendant à Nauru’, a tweeté :

Ça va être l'enfer sur Nauru.

Pour connaître la suite, suivez le mot-dièse #Nauru. Sur cette île de seulement 10.000 habitants nationaux et à peine 21 kilomètres carrés, il n'y a pas grand chose d'autre dans l'actualité.

Sydney Asylum Seeker Protest

A protester at the Refugee Action Coalition rally holds a sign reading: ‘Close Manus and Nauru – No offshore detention gulags’. Photo by Richard Milnes © Demotix (22 November 2013)

Democracy in the tiny pacific island Republic of Nauru has been imploding with the sacking of its Resident Magistrate, aptly named Peter Law, the exiling of Chief Justice Geoffrey Eames and the resignation of solicitor-general Steven Bliim in protest. All three are Australians.

Nauru has been the focus of political controversy over the Australian government’s use of the country as an offshore processing centre for asylum seekers who arrive by boat. Currently the detention centre has approximately 900 detainees. Mr. Law was due to hear charges against dozens of asylum seekers who allegedly rioted in July 2013.

The Australian government has been slow to react with some on twitter accusing it of complicity, citing Ben Saul, professor of international law at the University of Sydney, in Guardian Australia’s ‘Comment is free’:

Legal academics have been busy online. Kevin Boreham blogged at The Conversation: Australia owes obligations to the asylum seekers we have transferred to Nauru and we have a legal interest in the maintenance of the rule of law in Nauru.

Barrister and human rights advocate Julian Burnside also took to the web, criticising several recent governments who have supported the Pacific Solution, the ‘policy of transporting asylum seekers to detention centres on island nations in the Pacific Ocean, rather than allowing them to land on the Australian mainland’:

…both governments – in Nauru and Australia – have an interest in seeing the rule of law fail in Nauru.

Australia is Nauru's paymaster. It will do pretty much anything we tell it to, because we are its main source of income. That is very convenient for Australia. Howard recognised this; Gillard and Rudd recognised it; Abbott recognises it.

Many on twitter have been calling on the Australian government and Foreign Minister Julie Bishop to take strong action such as boycotts imposed on Fiji in similar circumstances:

The Nauru legal system is apparently funded through New Zealand’s aid program:

Meanwhile, in its annual report Human Rights Watch has criticised Australia’s treatment of asylum seekers for its:

…pernicious policies designed to deter asylum seekers at the expense of their rights, including mandatory offshore processing of asylum seekers arriving by boat, “enhanced screening” or fast-tracked deportations after cursory interviews, and withdrawing government-provided legal assistance to asylum seekers.

There is a new twist to this unfolding story:

On its Facebook page, ‘representing independant Members of Parliament in Nauru’, Nauru Eko Dogin warns:

The fact that the New Zealand Government is considering this action [terminating funding] is a significant statement that they condemn the actions of the Waqa/Adeang government and will not continue to support such blatant abuse of power and disregard for democracy, good governance and the rule of law.

Nauru simply cannot afford to risk the support of our neighbours and friends. Whilst our economy is stronger than it was 10 years ago, it remains incredibly fragile and just as quickly as this Government have destroyed our Judiciary, they can also ruin our economy in a flash.

The Nauruan government has made a range of accusations against Peter Law who has threatened to sue.

@NObservers, an ‘independent political observer in Nauru’ tweeted:

For further developments, please follow the twitter hashtag #Nauru. On this island with only 10,000 locals and an area of just 21 square kilometres (8.1 sq miles), not much else is making news.

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