Colombie : Les réactions colombiennes à la libération du journaliste français Roméo Langlois

(Sauf mention contraire, tous les liens sont en espagnol)

Le journaliste français Roméo Langlois a été libéré le 30 mai dernier, après avoir été détenu (fr) un mois par les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) (fr). Cela faisait plus de dix ans que Roméo Langlois était en Colombie dans le but d'enquêter sur le conflit armé ; il a été séquestré alors qu'il était en train de couvrir une opération avec les forces militaires colombiennes.

Un rassemblement a été organisé sur les lieux de sa libération à laquelle ont participé des journalistes, des “guerrilleros”, des représentants et délégués de la région. C'est également là où Roméo Langlois a fait ses premières déclarations ; en voici quelques unes :

“Buenos y malos no hay, cuando uno viene ve que la realidad es más compleja.” (Público.es)

“Il n'y a pas de bons ni de méchants, lorsqu'on arrive ici on se rend compte que la réalité est beaucoup plus complexe.”

“Se impuso una vez más la política sobre las cuestiones humanitarias y eso es algo que se ha hablado muchas veces de parte de la guerrilla y también del Gobierno y la Fuerza Pública. Yo no señalo a nadie particularmente, pero esto pasa una vez más.” (Público.es)

“La politique sur les débats humanitaires s'impose une fois de plus, c'est un sujet récurrent au sein de la guerrilla mais aussi du gouvernement et de la force publique. Je ne vise personne en particulier, mais ce n'est pas la première fois que cela arrive.”

Le journaliste français Roméo Langlois après sa libération. Image postée sur Flickr par Globovisión, sous licence de Creative Commons Attribution-Non Commercial 2.0 Générique

“No necesitaba esta experiencia para conocer bien el conflicto colombiano ni para conocer la guerrilla. Ya llevo mucho tiempo en esto, lo que me queda es la convicción de que hay que seguir cubriendo este conflicto y que conmigo se hizo mucha política de muchos lados.” (Público.es)

“Je n'avais pas besoin de cette expérience pour mieux connaître le conflit colombien ni pour voir la guerrilla. Cela fait pas mal de temps que je m'y intéresse et j'ai toujours cette conviction qu'il faut continuer à couvrir ce conflit et qu'il y a eu beaucoup d'agitation politique de tous les côtés autour de mon cas.”

“Ojalá siga la gente visitando estos lugares y dando el micrófono a los campesinos y a las víctimas, que son quienes tienen la verdad de este conflicto”. (El País)

Pourvu que les gens continuent à visiter ces régions et qu'ils donnent la parole aux paysans et aux victimes, car ce sont eux qui détiennent toute la vérité au sujet de ce conflit.”
Des colombiens ont réagi et repris ces déclarations et d'autres faites par le journaliste sur les réseaux sociaux.

Un article publié sur le blog du Parti communiste colombien, dont le titre est “Liberación del Periodista Roméo Langlois, un acto humanitario” (Libération du journaliste Roméo Langlois, un acte humanitaire), analyse la remise en liberté du reporter et fait référence au communiqué des FARC lu par le commandant “Colacho Mendoza”, dans lequel ce dernier présente ses excuses pour l'avoir confondu avec un prisonnier de guerre :

“Queremos aprovechar esta inigualable oportunidad, con la presencia de la prensa regional, nacional e internacional, para desagraviar a Romeo, pidiéndole excusas públicas por la lesión moral que pudimos haberle causado cuando en un comunicado lo declaramos- ‘prisionero de guerra’, por considerarlo en ese momento de confusión integrante activo del Ejército Nacional. Al principio lo tomamos por un asesor gringo o israelí”, dijo un aparte la lectura del comandante.

“Nous souhaitons profiter de cette remarquable opportunité, bénéficiant de la présence des média régionaux, nationaux et internationaux, pour nous excuser auprès de Roméo, lui demandant pardon publiquement pour le préjudice moral que nous avons pu lui causer lorsque dans un communiqué nous l'avons déclaré “prisonnier de guerre”, après l'avoir confondu dans ce moment de perturbation avec une recrue active de l'Armée nationale. Au début, nous l'avons pris pour un représentant nord-américain ou israélien”, affirmait un paragraphe du discours du commandant.

De même, l'article rapporte la réponse de Roméo Langlois :

 “Me curaron la herida, nunca estuve amarrado, los muchachos cargaban mi morral y hasta el colchón, para que me sintiera cómodo”

“Ils ont soigné ma blessure, je n'ai jamais été attaché, les garçons portaient mon sac et même mon matelas, pour que je me sente à l'aise.”

Dans la revue virtuelle Kien & Ke, Miguel Gómez Martínez reproche la différence du processus de libération du journaliste :

Es una vergüenza que un estado democrático ofrezca a los terroristas una oportunidad adicional de vanagloriarse por haber violado los derechos humanos y obtener propaganda gratuita de nuestros medios siempre dispuestos a venderse por una imagen.

C'est une honte qu'un État démocratique offre à des terroristes une nouvelle chance de s'enorgueillir d'avoir violé les droits de l'homme et d'obtenir une propagande gratuite de la part de nos médias qui sont toujours prêts à se vendre pour une image.

De son côté, Leonardo Farfán (@jleonardo07) poste sur Twitter :

Romeo Langlois al quedar libre, defendió la imagen romántica que los europeos tienen de los terroristas de las Farc.

En devenant libre, Roméo Langlois défend l'image romantique qu'ont les Européens des terroristes des FARC.
Marlon Martínez (@MMartin_G) ironise le fait que le reporter soit allé en Colombie pour passer de bonnes vacances :

Romeo Langlois deseaba unas vacaciones en las selvas colombianas.

Roméo Langlois souhaitait des vacances dans la jungle colombienne.

Sur son compte Twitter, l'ancien président Álvaro Uribe Vélez (‏@AlvaroUribeVel) accuse Langlois de s'identifier avec le terrorisme. Il l'a fait à plusieurs reprises, comme celle-ci :

Langlois: una cosa es la curiosidad del periodista y otra la identificación con el terrorismo.

Langlois : la curiosité journalistique est une chose, l'identification avec le terrorisme en est une autre.

Il ajoute :

Langlois, no nos engañe más, el 50% de las familias colombianas hemos sido víctimas de los terroristas a quienes usted  promociona.

Langlois, arrêtez de nous mentir, 50 % des familles colombiennes ont été victimes de ces terroristes desquels vous faites l'éloge.

Gabriela Perdomo‏ (@gabrielaper) ainsi que d'autres utilisateurs citent  une chronique dans laquelle le journaliste Daniel Coronel réplique que Langlois fait partie d'une liste de journalistes qui ont osé critiquer Álvaro Uribe et que par conséquent ils ont été “criminalisés” par l'ex mandataire.

Afrodita de Piscis‏ (@AfroditaBogota) rappelle une phrase du reporter Langlois au sujet des personnes impliquées dans le conflit colombien :

El conflicto COLOMBIANO es una GUERRA de ”POBRES MATÁNDOSE ENTRE POBRES”. – Roméo Langlois.

Le conflit COLOMBIEN est une GUERRE “DE PAUVRES TUANT D'AUTRES PAUVRES”. – Roméo Langlois.

Ana Miranda‏ (@AnamirandaG) fait référence à l'attitude du journaliste français après sa libération :

De verdad no se para que rescataron al periodista francés que estaba secuestrado por la FARC. El quedo encantado con eso de vivir allá!

Je ne comprends vraiment pas pourquoi ils ont libéré le reporter français séquestré par les FARC. Il a été ravi de son séjour là bas !

Dans la même lignée, Andi Bedoya Cardenas (‏@AndiBedoyaC18) se demande :

Romeo Langlois es ¿periodista o mensajero de las FARC ?

Roméo Langlois est un journaliste ou un messager des FARC ?

L'internaute Camilo Olaya Zea (@kamiloolaya) interroge tous ceux qui critiquent le reporter et la possibilité d'écouter d'autres média différents de ceux traditionnels, comme la maison RCN :

¿Porqué a la gente le molesta que el periodista francés entreviste a las farc? Ese es su oficio no? Estamos acostumbrados solo a lo q dice RCN

Pourquoi les gens n'aiment pas que le reporter français interviewe les FARC ? C'est son travail, oui ou non ? Nous ne sommes habitués qu'aux dires de la RCN.

Le blog de Felipe Sampo analyse certaines réactions suite à la libération du journaliste, mais cite également une des répliques de Langlois lors de la conférence de presse :

Dijo que tanto el gobierno como los medios de comunicación en Colombia “venden imágenes distorsionadas” del conflicto que se vive en ese país desde hace 40 años.

Selon lui, autant le gouvernement que les média “vendent des images déformées” du conflit dont souffre la Colombie depuis 40 ans.

La Fondation pour la liberté de la presse (FLIP) lance un appel pour réfléchir sur les conditions de sécurité et de protection des journalistes. Elle en profite pour dénoncer également les menaces contre la liberté de la presse en Colombie :

(…)  La FLIP aprovecha esta oportunidad para llamar la atención sobre los alarmantes ataques contra la libertad de prensa que se han dado este año en Colombia. En lo que va del 2012, la FLIP ha documentado 42 casos de amenazas, 11 de ellas hechas por las bandas criminales, afectando, especialmente, a periodistas de departamentos de Cesar, Antioquia y Arauca. Especial atención merecen las intimidaciones contra periodistas que están investigando temas de restitución de tierras en Córdoba.

(

…) La FLIP profite de cette opportunité pour attirer l'attention sur les attaques alarmantes contre la liberté de la presse qui ont eu lieu cette année en Colombie. En ce qui concerne 2012, la FLIP a enregistré 42 cas de menaces, parmi lesquels 11 avaient été prononcés par des bandes criminelles, affectant en particulier des journalistes dans les provinces de Cesar, Antioquia y Arauca. Les intimidations contre des reporters enquêtant sur les restitutions des terres à Córdoba méritent une mention spéciale.

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