Pour en savoir plus sur les hackathons et les données ouvertes

Nous avons annoncé dans un précédent billet [en anglais et espagnol] la tenue d'un hackathon intéressant l'Amérique latine dans son ensemble : Desarrollando América Latina 2012 [L'Amérique latine en développement]. Il est possible toutefois qu'un certain nombre de lecteurs se soient demandé ce qu'était un hackathon et surtout, quelle était son utilité.

Martín Onetto de Red Users explique l'origine du terme :

Le “Hackathon” (est un) néologisme formé à partir des mots “hack” + “marathon”. “Il s'agit ici du ‘hacker’ au sens propre du terme : non pas celui qui commet des délits informatiques mais celui qui est capable de déconstruire et de transformer afin de résoudre une tâche complexe”,

Wikipedia comporte un article succinct mais avec une bonne définition de ce que l'on entend par hackathon :

[…] un événement où des développeurs se réunissent pour faire de la programmation informatique collaborative, sur plusieurs jours.

Les projets auxquels les programmeurs ou les développeurs peuvent consacrer leurs efforts sont extrêmement variés. Il y a donc, de fait, différents types de hackathons : certains portent sur une plateforme spécifique, comme les téléphones mobiles ou un système d'exploitation donné, tandis que d'autres concernent des développements dans un langage de programmation unique ou une entreprise spécifique.

Image de datos.gob.es sur Flickr, sous licence Paternité-Partage à l'identique 2.0 Générique (CC BY-SA 2.0) de Creative Commons.

Image de datos.gob.es sur Flickr, sous licence Paternité-Partage à l'identique 2.0 Générique (CC BY-SA 2.0) de Creative Commons.

“Desarrollando América Latina” [L'Amérique latine en développement], le hackathon qui nous intéresse, est un hackaton thématique, qui est consacré, à la différence des hackatons précités, à des questions sociales telles que la santé, l'éducation, la sécurité des citoyens, le transport, notamment. On peut se demander comment les développeurs peuvent aborder ces questions rien qu'en programmant ? C'est là qu'intervient le concept des données ouvertes (“open data” en anglais).

Que faut-il entendre par “données ouvertes” ? Wikipedia nous apprend à ce sujet que

La philosophie pratique de l'open data préconise une libre disponibilité pour tous et chacun, sans restriction de copyright, brevets ou d'autres mécanismes de contrôle.

Le Manuel de l'opendata, un projet de la Open Knowledge Foundation propose une définition similaire :

Une donnée ouverte est une donnée qui peut être librement utilisée, réutilisée et redistribuée par quiconque – sujette seulement, au plus, à une exigence d’attribution et de partage à l’identique.

De manière générale, lorsqu'il est question de données ouvertes ou d'ouverture de données, nous parlons des données gouvernementales, en partant du fait que la collecte et l'administration de ces données interviennent avec l'argent des impôts et que ces données appartiennent par conséquent à chacun. Ces données gouvernementales couvrent habituellement toutes les activités qui sont du ressort de l'État et également des citoyens.

Pour en savoir plus sur les données ouvertes, nous nous sommes entretenus avec Mariano Crowe, hacker et co-directeur de Escuelab, une plateforme d'apprentissage et espace de co-élaboration à Lima :

Il y a quelques temps, David Sasaki, de Omidyar Network, a résumé les principales caractéristiques des données ouvertes dans un billet intitulé “Los Ocho Principios de los Datos Abiertos (y los Hipsters) ” [Les huit principes des données ouvertes (et des Hipsters)] :

- Complètes : toutes les données publiques sont disponibles. Les données publiques ne sont pas assorties de données privées ni de restrictions de sécurité ou de privilèges.
- Primaires : les données sont collectées directement à la source, avec le niveau de granularité le plus élevé possible, et non sous forme agrégée ni modifiée.
- Opportunes : les données sont disponibles dans les meilleurs délais de manière à préserver leur valeur.
- Accessibles : les données sont disponibles auprès du plus grand nombre d'utilisateurs pour le plus grand nombre de finalités possibles.
- Compatibles avec un traitement informatique : les données sont structurées de manière à autoriser raisonnablement un traitement automatique.
- Sans discrimination : les données sont disponibles à quiconque, sans obligation d'enregistrement.
- Non propriétaires : les données sont disponibles dans un format sur lequel personne ne détient de contrôle exclusif.
- Sans licence : les données ne sont sujettes à aucun droit d'auteur, brevet, marque déposée ou accord de non divulgation. Sont autorisés : un degré raisonnable de respect de la vie privée, de restrictions de sécurité et de privilèges.

En Uruguay, l'AGESIC, l'agence du gouvernement électronique et de la société de l'information, est en charge de ces questions dans ce pays. Son site Web consacré aux données ouvertes commente les raisons pour lesquelles ceci devrait nous intéresser :

Savez-vous exactement quels sont les montants dépensés sur vos impôts pour l'éclairage public ou consacrés à la recherche sur le cancer ? Quel est l'itinéraire le plus court, le plus sûr et le plus pittoresque pour se rendre à bicyclette de votre domicile à votre lieu de travail ? Quelle est la qualité de l'air que l'on respire en chemin ? Dans votre région, où trouverez-vous les meilleures perspectives professionnelles et le plus grand nombre d'arbres fruitiers par habitant ? Quand pouvez-vous intervenir dans les décisions législatives ou gouvernementales sur les sujets qui vous préoccupent profondément, et à qui devez-vous parler ?

Ils ajoutent ensuite que l'utilisation des données ouvertes par les citoyens peut profiter à ces derniers, aux différentes institutions ainsi qu'au gouvernement lui-même, ce qu'ils illustrent ainsi :

- Dans le domaine de la transparence, Où va mon argent ? en Grande-Bretagne, est une application web qui montre comment l'administration dépense les recettes qu'elle prélève par la voie des impôts. Au Danemark et au Brésil, des applications permettent de suivre le processus législatif parlementaire.

- Le domaine de l'information géographique est l'un des plus avancés et de nombreuses applications intéressant les citoyens sont disponibles. Autobus urbains en temps réel, en Espagne, permet de localiser les transports publics en temps réel et de savoir dans combien de minutes le bus arrivera à l'arrêt suivant. OpenStreetMap peut être considéré comme le “Wikipedia des cartes”. Il fournit des données géographiques gratuites et en libre accès à toute personne intéressée.

Vous trouverez d'autres exemples d'applications développées avec des données ouvertes en suivant cet autre lien de l'AGESIC, ce lien du Gouvernement régional d'Andalousie, ainsi que celui du gouverment régional de Catalogne. Vous trouverez également, sur ce billet de Ticbeat, 10 applications que différentes personnes aimeraient voir développées à l'aide des données ouvertes.

Ceci dit, quelles peuvent être les motivations des développeurs – qui travaillent normalement sur des projets bien payés mais extrêmement prenants – pour consacrer une partie de leurs temps libre à continuer à programmer sans être payés en retour ? Pour lever ce doute, interrogeons Mariano :

Les éléments qui incitent à travailler effectivement avec les données ouvertes sont nombreux, depuis un gouvernement ayant une vision claire et déterminée en la matière, jusqu'à une société civile qui encourage et partage leur utilisation. Quoi qu'il en soit, les programmeurs constituent l'élément clé grâce auquel les initiatives de ce genre avancent.

Vous êtes vous-même développeur ? Ajoutez votre grain de sable pour que l'endroit où vous vivez soit meilleur. La lecture de cet article vous a donné une idée de la manière dont vous pouvez contribuer ? Inscrivez-vous vous aussi à “Desarrollando América” et participez !

Billet original publié sur le blog personnel de Juan Arellano.

3 commentaires

  • […] Pour en savoir plus sur les hackathons et les données ouvertes Nous avons annoncé dans un précédent billet [en anglais et espagnol] la tenue d'un hackathon intéressant l'Amérique latine dans son ensemble : Desarrollando América Latina 2012 [L'Amérique latine en développement]. Il est possible toutefois qu'un certain nombre de lecteurs se soient demandé ce qu'était un hackathon et surtout, quelle était son utilité. Martín Onetto de Red Users explique l'origine du terme : <b>Le “Hackathon” (est un) néologisme formé à partir des mots “hack” + “marathon” </b>. “Il s'agit ici du ‘hacker' au sens propre du terme : non pas celui qui commet des délits informatiques mais celui qui est capable de déconstruire et de transformer afin de résoudre une tâche complexe”, Les projets auxquels les programmeurs ou les développeurs peuvent consacrer leurs efforts sont extrêmement variés. « La gratuité, c’est ce qui a le plus d’importance dans nos vies » Jean-Louis Sagot-Duvauroux passe une bonne partie de son temps, comme dramaturge au sein d’une compagnie de théâtre malienne, Blonba . Il est aussi, en tant que philosophe, le co-auteur de « Voyageurs sans ticket. Liberté Egalité Gratuité. […]

  • […] Pour en savoir plus sur les hackathons et les données ouvertes … From fr.globalvoicesonline.org – Today, 9:08 AM […]

  • […] Hackathon et Opendata, GlobalVoices, Nov 2012 […]

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