Pourquoi les fraudes électorales en Ukraine ne doivent pas être ignorées

Cet article fait partie de notre dossier central Relations internationales et sécurité

Militants de l'opposition et sympathisants se rassemblent devant la Commission électorale centrale à Kiev. Photo de ukrafoto ukrainian news, copyright © Demotix (5/11/12).

On se souviendra sans doute des élections législatives du 28 octobre 2012 comme de celles de la généralisation du vote de protestation, des décomptes des voix interminables dans les circonscriptions où les résultats étaient contestés, des allégations de fraude électorale et de la manifestation plutôt morose à Kiev. Cependant, les nombreux articles sur les médias sociaux, les émissions en direct sur internet et d’autres initiatives de diffusion de l'information ont rendu ces élections mémorables – sans parler des infractions qui ont eu lieu avant, pendant et après les élections. Via Twitter la journaliste de Ukrainska Pravda, Kateryna Avramchuk, a commenté ainsi la situation dans une des circonscriptions contestées :

@avramchuk_katya : Il y a une émission en direct sur le vol de nos voix […] Et vous ne voulez pas que les gens deviennent apolitiques après ça?

Manifestants à Kiev pendant la Révolution en 2004. Photo de Veronica Khokhlova.

Il ya 8 ans, la fraude électorale pendant l’ élection présidentielle de 2004 a été à l'origine de manifestions connues sous le nom de Révolution Orange. L'opposition avait ensuite reconquis les élections mais n'a pas correctement enquêté sur les nombreuses infractions commises et n'a pas poursuivi les responsables. Certains accusés ont même  reçu des prix de l'Etat ce qui, en plus des conflits internes permanents, a finalement effrité le soutien de la population à la victorieuse équipe “Orange”.

Le comportement de nombreux électeurs ukrainiens est bien illustré dans ce commentaire sur Facebook [en anglais] :

…Les gens disent qu'ils ne veulent pas [se joindre aux manifestations] mais ils ont déjà donné leur voix – et maintenant laissons [les hommes politiques de l'opposition] se battre avec le régime pour leur [siège au parlement] seuls…

La situation post-électorale actuelle est la conséquence de l'impunité et de la corruption systématique qui prévaut en Ukraine. Elle offre également une nouvelle chance à l'opposition de réparer ses erreurs du passé.

Les hommes politiques et les citoyens ne sont sans doute pas d'accord sur la meilleure façon de remotiver les électeurs dans ces circonstances (organisation complète ou partielle d'un nouveau scrutin ou recomptage des voix dans les circonscriptions contestées). La plupart des Ukrainiens, cependant, pense que l'opposition doit rester unie cette fois-ci, engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de fraude électorale et ne pas baisser les bras, au lieu de simplement en parler.

Olga Ajvazovska, coordinatrice des programmes électoraux pour le réseau citoyen OPARA est [en anglais] contre une réorganisation du scrutin dans ces circonscriptions :

[…] Si cette semaine le monde a vu [la police anti-émeute] “compter” les voix et les candidats kidnapper les responsables [des commisions électorales] avec leurs tampons [officiels], alors dans 60 jours [au moment du nouveau scrutin] nous risquons d'être témoins de fusillades. […]. Certaines personnes pensent-elles vraiment qu'un nouveau scrutin va assurer la victoire de ceux qui ont déjà gagné dans ces circonscriptions ? […] Les gagnants ont perdu [à cause de la fraude], et les perdants vont gagner [en cas d'un nouveau scrutin]. Si personne n'est emprisonné pour falsifications, alors le destin de cette campagne a déjà été décidé.

Mykola Kniazhytsky, directeur général de la chaine de télévision TVi et candidat de l'opposition aux élections, est du même avis [en anglais]  que Ajvazovska :

[…] Les gens ont gagné honnêtement. Si nous décidons d'organiser de nouvelles élections, nous devrions le faire uniquement une fois que des poursuites judiciaires auront été engagées contre les falsificateurs. Sinon, nous les innocenterons et nous les encouragerons

Andriy Parubiy, un autre candidat de l'opposition, préfère un recomptage [en anglais] des voix à l'organisation d'un nouveau scrutin et a suggéré [en anglais] la création d'un registre national des fraudeurs aux élections, “du [Président Viktor Yanukovitch] aux responsables des [commissions électorales locales]” [en anglais].

Il reste à voir, cependant, si les personnes responsables de la crise actuelle seront traduites en justice.

ISN logoL'article et ses traductions en espagnol, arabe et français ont été commandés par International Security Network (ISN) dans le cadre d'un partenariat destiné à faire entendre les points de vue des citoyens dans les relations internationales et les questions de sécurité à travers le monde. Cet article a d'abord été publié sur le blog de l'ISN. Voir d'autres articles ici.

 

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