Öcalan, clé des négociations des Kurdes avec la Turquie ?

(Billet d'origine publié le 18 novembre)

[liens en anglais] Des centaines de prisonniers politiques kurdes mènent depuis 67 jours une grève de la faim en Turquie. Alors que leur santé continue à se dégrader, les personnalités politiques du monde extérieur ont froncé un ou deux sourcils. Il y a eu de nombreuses manifestations de solidarité à travers l'Europe, et des grèves de la faim de 24 heures d'hommes politiques kurdes ont été déclarées en leur soutien. Ils réclament la fin de l'isolement pour le fondateur du Parti des Travailleurs du Kurdistan (le PKK) Abdullah Öcalan, et l'autorisation de l'usage de la langue kurde dans l'espace public sans discrimination. Aucune de ces revendications n'a été satisfaite, mais une déclaration d'Öcalan a créé la surprise en appelant à la cessation des grèves de la faim, aux dires de son frère Mehmet Öcalan.

Un appel qui n'a rien changé à la montée des tensions entre les Kurdes et l'Etat turc. Des manifestations se déroulaient déjà dans la ville kurde de Diyarbakir. La police a riposté (comme d'habitude) en tirant des lacrymogènes à partir de ses véhicules blindés.

Ivan Watson de CNN décrit la tension actuelle à Diyarbakir dans son récent article ici, et y donne la parole à plusieurs éminentes personnalités kurdes de la ville.

Au long de la manifestation, les forces de police ont parcouru Diyarbakir en répétant au mégaphone que Öcalan a déclaré la fin des grèves de la faim. Certains en ont déduit que Öcalan garde son utilité pour résoudre la question kurde.

Des dirigeants kurdes comme Jalal Talabani et Massoud Barzani ont indiqué que Öcalan jouera un rôle-clé dans les négociations entre les rebelles kurdes et l'Etat turc. Pourtant, Öcalan est à l'isolement total, et il y a peu, ses avocats se sont vu restreindre leur droit de visite. Si beaucoup refusent la moindre critique contre Öcalan, il faut souligner que les circonstances dans lesquelles celui-ci a fait ces déclarations restent inconnues, et posent la question générale de son rôle de leader. Ses propos voulaient-ils alléger la pression politique sur la Turquie malgré l'absence de suite aux revendications, ou pense-t-il sincèrement que les prisonniers politiques ne devraient pas recourir aux grèves de la faim ?

Zeynep Erdim tweete :

@zeynep_erdim: Les témoins à #Diyarbakir #Amed disent que les véhicules de police annoncent “Ocalan a demandé de mettre fin à #KurdishHungerStrike (grève de la faim Kurdes,” tout en patrouillant. Surréaliste !

La déclaration n'a pas toujours été accueillie positivement ni n'a convaincu tout le monde, car aucune des revendications n'a été satisfaite, et elle soulève des interrogations sur Öcalan et notamment pourquoi il n'a pas demandé aux grévistes de la faim d'arrêter leur mouvement dès le départ. Les dommages à la santé de centaines de prisonniers politiques en grève de la faim pourraient être irréversibles.

Lawen Azad demande :

@LawenAzad: Pourquoi ? Aucune des revendications n'a été satisfaite que l'on sache. A quoi bon les 67 jours de grève de la faim ?

D'autres ont vu l'appel d'un meilleur oeil, mais une chose est sûre : l'actualité divise la communauté des internautes.

Kamal Chomani écrit :

@KamalChomani: L'appel d'Ocalan à arrêter la grève de la faim mérite d'être soutenu. Pourquoi des gens devraient mourir quand Erdogan s'en fiche ? la lutte continue, c'est ce qui importe.

Et Heballo note :

@Hevallo: Les grévistes de la faim savaient qu'Ocalan dirait stop et ils ont forcé l'Etat à prouver son influence [celle d'Ocalan] sur le mouvement !

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.