Cuba : le retour d'un sportif cristallise les attentes autour de la nouvelle politique migratoire

[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en espagnol.]

En avril 2012, le jeune journaliste Lenier González, éditeur de la revue cubaine Espacio Laical [un projet de communication sociale et catholique appartenant à l'archidiocèse de la Havane], conclut le prologue du recueil “Por un consenso para la democracia” [“Vers un consensus pour la démocratie“, document réunissant les textes résultants des discussions entre intellectuels cubains catholiques ou marxistes, envisageant des réformes institutionnelles] dans les termes suivants :

L'intense débat socio-politique qui a lieu actuellement dans la société cubaine et sa capacité d'influence auprès de l'opinion publique de l'île constituent une preuve irréfutable de la vitalité de Cuba.

Le caractère vivant de la nation caraïbe, mis en évidence notamment lors des récents débats sur la mise en place de la fibre optique et de la réforme en matière de migration [en français], s'est étendu aussi jusqu'aux blogs et aux réseaux sociaux.

Ainsi, il y a moins d'une semaine, le retour à Cuba de José Ariel Contreras, lanceur de baseball cubain résidant aux Etats-Unis depuis 2002, a ému les habitants de sa province natale, Pinar del Río [à l'ouest de Cuba], et les amateurs de ce véritable sport national.

Le journaliste Carlos Díaz rappelle sur son compte Facebook :

Les dernières modifications de la Loi migratoire, qui finalement « poussèrent » mon cousin à s'installer à Miami et mon meilleur ami à Belize, ont amené José Ariel Contreras au [stade de baseball] Capitán San Luis. Ça fait beaucoup pour ce seul village un peu morne de Pinar dans lequel José Ariel, avec son espagnol qu'il avait presque oublié avant de “partir” [de Philadelphie, Etats-Unis], a choisi d'élire domicile !”

En vigueur depuis le 14 janvier 2013, la réforme  autorise les visites des professionnels de santé et des sportifs aux revenus élevés “ayant quitté le pays après 1990 et s'ils ont passé plus de huit années à l'extérieur ;  la demande d'entrée sur le territoire sera traitée dans un délai inférieur pour les seuls cas répondant à des motifs humanitaires” rapporte une note de l'agence Inter Press Service.

Sur sa page Facebook, Le journaliste sportif cubain Aliet Arzola estime que :

Il y a peu, ce n'était encore qu'un rêve, mais c'est finalement devenu réalité… De la même façon que René Arocha avait brisé la glace et déserta [médiatique joueur de baseball cubain parti faire carrière aux États-Unis dans les années 1990], c'est au tour de José Ariel Contreras de devenir le premier lanceur cubain à revenir sur l'île… Espérons que beaucoup d'autres joueurs viennent à sa suite. Ce n'est pas le désir de revenir qui leur manque, ni celui de poser un pied à Cuba et d'enfiler le maillot de l'équipe nationale [de las cuatro“, c'est-à-dire les quatre lettres de la FCBA, la fédération nationale de baseball de Cuba].

Lors de la célébration s'ajouta l'entretien conduit par le blogueur et étudiant en journalisme Carlos Manuel Álvarez, qui voyagea le soir du 30 janvier jusqu'à Las Martinas (ville de naissance de Contreras) pour l'interroger, parmi d'autres questions auxquelles le sportif répondit avec gentillesse et courtoisie, sur sa perception de Cuba dix ans plus tard.

Carlos Manuel Álvarez entrevista a José Ariel Contreras. Foto: Cortesía de Carlos Manuel Álvarez

Carlos Manuel Álvarez s'entretient avec le sportif José Ariel Contreras. Photo : permission de Carlos Manuel Álvarez

Selon Álvarez, le départ de Contreras de la sélection nationale en 2002 a provoqué une forte émotion. Auparavant, les joueurs cubains venaient puis repartaient, mais Contreras semble vouloir rester un moment. Le blogueur demanda :

Ton retour ouvre aussi un chemin, amorce quelque chose de nouveau, comme un pont. Imagines-tu que d'autres joueurs de baseball qui sont partis puissent à nouveau jouer pour Cuba ?

Contreras lui répondit :

Nous sommes avant tout Cubains, où que nous soyons, quoi que nous fassions. Jouant au baseball ou balayant une rue dans n'importe quel endroit du monde, nous restons toujours Cubains.J'avais d'ailleurs signé une clause en 2002 avec les Yankees [équipe de baseball de New York] dans laquelle il est dit que je ne jouerai pas pendant les matchs contre Cuba. Si je joue lors d'un événement international, c'est avec mon équipe. Et mon rêve est de pouvoir jouer pour Cuba avant de prendre ma retraite.

Ce mois-ci, Cuba a modifié la programmation des chaines de télévision d'Etat. Parmi ces changements fut annoncée la transmission d'un match de baseball hebdomadaire des ligues professionnelles étrangères – demande devenue réalité pour la population qui, ses dernières années, souhaitait voir à la télévision les Yankees de New York.

La professionnalisation du baseball est l'un des enjeux à venir dans le sport à Cuba. Selon Contreras, “le meilleur baseball au monde se trouve au États-Unis, c'est là qu'y jouent les Japonais, les Coréens, les Dominicains, les Vénézuéliens. Les Cubains aussi devront s'y frotter. La qualité de jeu augmentera indiscutablement”.

Pour les lecteurs de OnCuba, revue ayant obtenu l'exclusivité de l'entretien, il importe que “les joueurs cubains puissent rejoindre les grandes ligues et que Contreras réalise son rêve de jouer avec l'équipe nationale cubaine lors de compétitions internationales tels que La Coupe du monde ou La Classique mondiale de baseball.”

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.