Bolivie : Morales candidat à un second ou un troisième mandat ?

[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en espagnol.]

L'actuel parti au pouvoir en Bolivie, le MAS [en français. Movimiento al Socialismo, “Mouvement vers le socialisme”]  a annoncé que le président Evo Morales visait sa réélection lors du prochain scrutin présidentiel prévu en décembre 2014. Morales, ancien producteur de coca devenu syndicaliste et leader de gauche, rencontre un soutien significatif en Bolivie, surtout parmi les Indiens et les populations rurales.

Mais l'annonce d'une future candidature a suscité un débat quant à savoir si, d'une part, l'actuel mandat du président Morales est son premier ou son second et si d'autre part la constitution du pays, qui a tout juste quatre ans, l'autorise ou non à se représenter.

Après des années d'instabilité politique en Bolivie, Evo Morales en a été président en 2005 avec 54% des voix. Son premier mandat a commencé en janvier 2006 mais le conflit politique s'est prolongé, surtout entre les régions orientales du pays et le gouvernement de gauche de Morales qui a adopté une nouvelle constitution [le conflit politique est lié à une revendication autonomiste de ces régions, économiquement mieux dotées].

Evo Morales, image de la campagne présidentielle. Photo de vocesbolivianas on Flickr, sous Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

Evo Morales, image de la campagne présidentielle. Photo de vocesbolivianas on Flickr, sous Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

A la suite d'un accord politique en 2008 auquel sont parvenus le parti au pouvoir et l'opposition, la révision de la constitution a été soumise et ratifiée par référendum en janvier 2009. Le mandat du président a été écourté et de nouvelles élections [présidentielles] ont eu lieu en décembre 2009. Evo Morales remporta une seconde élection consécutive avec 64% des voix.

La constitution bolivienne de 2009 déclare que

Art.168. La durée du mandat de la Présidente ou du Président et de la Vice-Présidente ou du Vice-Président de l'État est de cinq ans, et elles ou ils ne peuvent être réélues ou réélus consécutivement qu'une seule fois.

Un peu plus loin, cette même constitution précise que :

Les mandats exercés avant la mise en vigueur de la présente Constitution seront pris en compte pour calculer la durée d'exercice de nouvelles périodes de fonction.

Les soutiens d'Evo Morales à une troisième candidature , tels que le sénateur Rene Martinez, estiment que l'éventuelle réélection de l'actuel président est constitutionnelle et légitime.

Le sénateur Martinez explique sur son compte Twitter :

@ReneMartinez_: la disposition transitoire de l'article de la CPE [paragraphe II de l'article 168 de la Constitución Política del Estado, la Constitution bolivienne] ne concerne que les élections de 2009, et n'a pas d'application a posteriori.

Sur cette question, certains soulignent en revanche que le mandat actuel du président Morales est bien son second mandat et qu'une troisième candidature serait inconstitutionnelle.

Reprenant cet argument, le militant politique Julio Aliaga (@JulioAliagaL) a publié sur Twitter la photo d'un timbre officiel émis par le gouvernement bolivien célébrant le second mandat du président Morales.

"Second mandat. Président constitutionnel de l'État plurinational de Bolivie" Image diffusée sur Twitter par l'utilisateur @JulioAliagaL

“Second mandat. Président constitutionnel de l'État plurinational de Bolivie” Image diffusée sur Twitter par l'utilisateur @JulioAliagaL

La Cour constitutionnelle plurinationale de Bolivie [équivalent du Conseil constitutionnel] examine actuellement la question de constitutionnalité d'une troisième candidature.

Comme l’explique le blogueur Mario Duran, d'El Alto, les soutiens de Morales ont toutefois une autre alternative si la Cour déclare celle-ci inconstitutionnelle, empêchant Morales de se présenter à nouveau:

Afin de rendre le président Morales éligible à une nouvelle réélection, il faudrait un référendum pour approuver toute modification de la Constitution. Or Morales peut se prévaloir d'un soutien de plus de 50% des votants, ses partisans devraient par conséquent opter pour un référendum.

Tandis que l'appareil électoral bolivien devrait être de nouveau mis à l'épreuve d'ici quelques mois, les calculs électoraux vont pour l'instant bon train en Bolivie.

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