Un e-book de “Perles” des femmes du monde entier

Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des sites en français.

“Des perles autour du cou” est une anthologie qui rassemble des contes, poèmes,  essais, entretiens et témoignages proposés par des femmes de races, langues, classes sociales, éducation, religion et âges différents.  Elles ont contribué à cette anthologie avec leurs propres mots et à leur tour, comme l'explique Catherine Beeckman, l'auteur de l'e-book, ces mots “reflètent par petites touches délicates les nombreuses facettes du monde des femmes”

Lectrice assidue de Global Voices, Catherine raconte que notre travail l'a inspirée de différentes manières. Dans l'entretien qui suit Catherine explique comment “nos écrits la nourrissent” et d'où provient Des perles autour du cou. Elle invite le lecteur à découvrir l'objectif de cette anthologie: “créer une écologie du coeur et entretenir le lien entre les mots et la compassion”.

Sex in Tokyo... Sex

Photo de Tim Gallo illustrant l'essai “Sexe à Tokyo… Sexe?” de Catherine Beeckman, Japon/U.S.A. Avec l'autorisation de l'auteur.

Global Voices (GV): Catherine, peux-tu nous parler un peu de toi ?

Catherine Beeckman (CB): Je suis née en Belgique et dès l'âge de 2 ans je me suis retrouvée sur les routes avec mes parents en Afrique et en Amérique du Sud. Je suis diplômée en linguistique et sémiologie de l'Université de Louvain dans mon pays natal.

J'ai cinq enfants. Avec ma famille nous avons eu une vie de globe-trotters, et nous sommes allés en Afrique, en Europe, en Asie, en Amérique du Sud et aux Etats Unis.

J'ai toujours été intéressée par les langues (la philologie), les livres (toutes les littératures, même les mangas), les voyages et les gens. Ma première passion ce sont mes enfants : de 5 à 23 ans je m'étonne toujours des trois générations qu'ils couvrent. Ils me poussent tous les jours dans tous les domaines: la musique, les médias, le cinéma, le vocabulaire et les nouvelles découvertes. Les cinq vivent dans des régions du monde différentes et font des études très variées. Ils sont pour moi une vrai source de connaissances. Je respecte les jeunes générations et fais confiance à leur appréhension de l'avenir.

Mon but est de transmettre ce que j'ai appris lors de mes pérégrinations et de faire participer le plus de monde possible: redonner ce que l'on a reçu est essentiel.

GV: En 51 ans tu as vécu dans 17 pays différents – ce qui fait une moyenne de 3 ans par pays. Comment cette éducation globale et multiculturelle a fait de toi ce que tu es aujourd'hui, pour aboutir à “Des perles autour du cou” ?

CB: C'est plutôt inhabituel, mais il y a tout de même beaucoup de monde à faire partie de la “diaspora des voyageurs sur la planète bleue”!

Parfois nous ne restions que quatre mois dans un pays (Rwanda, Burundi) ; dans certains pays nous habitions des mégapoles (Tokyo) et dans d'autres dans la jungle (Etat de Bendel au Nigéria). Nous avons fait nos études dans des langues différentes (Espagnol au Chili et en Argentine), nous avons côtoyé différentes religions, de l'appel à la prière par le muezzin au Sénégal aux temples bouddhistes de Singapour ; nous avons supporté le climat de la République Centre Africaine et révisé nos bonnes manières au Japon, nous nous sommes mis au rythme suisse et tout réappris dans le sud des Etats Unis ! Nous vivons comme des “invités”.

Et ce ne sont pas les seuls pays visités: Myanmar, Philippines, Indonésie, Haïti, Bélize… C'est impossible de rester indifférent: on est submergé, envahi par les autres, par leur rythme de vie, leurs couleurs, leurs accents, leurs traditions, leurs conflits et leur histoire mais surtout par leurs histoires… leurs mots.

Ma petite enfance (de 2 à douze ans) en Afrique a eu une énorme influence sur ma perception de l'expression “la palabre” = “le mot”. Les histoires paraissent plus organiques sur le continent africain. Et les femmes sont des conteuses exceptionnelles. Elles racontent des histoires différentes; les femmes sont les chroniqueuses d'anecdotes ignorées ou passées sous silence. “Des perles autour du cou” regroupe les témoignages de femmes du monde entier. Cette anthologie est une véritable déclaration, une preuve de la vie globale.

GV: peux-tu nous en dire plus sur “Des perles autour du cou”? Quel a été le point de départ et comment cela s'est-il organisé?

CB: Le projet est né début 2011. J'ai parcouru le net: des blogs, des articles et des sites d'information. Global Voices fait partie de mes sources : un site qui franchit les frontières et les limites. Je ne voulais pas plagier ce qui existait déjà et créer un autre blog ne me paraissait pas pertinent. Il y a beaucoup de moyens d'expression de nos jours. J'ai commencé à rassembler des textes et des histoires. Les réseaux sociaux étaient la clé : j'ai réactivé la totalité de mon agenda d'adresses électroniques et demandé à tous de me mettre en contact avec de nouvelles connections. Les histoires ont commencé à affluer: certaines étaient intéressantes, irrésistibles, provocantes, d'autres ennuyeuses. Voilà comment tout a commencé… je ne savais pas ce qui m'attendait !

Tim Gallo's photo to illustrate Twelve Moons, a poem by Marie JJMG. Switzerland.

Photo de Tim Gallo pour illustrer “Douze lunes”, un poème de Marie JJMG. Suisse.

GV: le livre a l'air d'être le résultat d'une vraie collaboration. Pour ne citer que les écrivains, on compte 56 femmes de 29 pays, sans parler des traducteurs, des photographes, et des rédacteurs. Qui sont ces co-créateurs et comment en sont-ils venus à travailler ensemble?

CB: Pourquoi ne pas laisser le lecteur découvrir par lui-même l'ampleur “Des perles”? Le nombre de personnes impliquées dans cette aventure est impressionnant bien que l'on ait jamais travaillé ensemble dans un même bureau: le monde virtuel est puissant et nous a permis de créer tous les morceaux de cette anthologie.

Une difficulté cependant : les traductions. J'ai reçu certains textes dans des langues que je ne parle pas; quelques uns étaient dans un anglais approximatif. Il était primordial de faire un livre accessible au plus grand nombre. J'ai créé une équipe de traducteurs entre Paris, Séville, New York et chez moi. Je devais rester fidèle aux textes qui m'étaient confiés…

J'ai décidé aussi de garder tous les formats possibles: sms, courriels, poésie, essai, entretien, slam (ce que je préfère), lettre traditionnelle, journal intime…

La présentation de “Des perles autour du cou” a aussi été décisive : je voulais que ce soit une oeuvre d'art. J'avais rencontré Tim Gallo à Tokyo, quand nous étudions le japonais ensemble ! Il est jeune, talentueux, audacieux et authentique. Tim a offert ses photos et adapté chaque photo au texte. Carrie Leigh Dickey avait fait auparavant un de mes livres (l'édition trilingue d'un livre pour enfants) : elle m'a proposé d'assurer le graphisme et la mise en page.

L'Université de Wake Forest a été  séduite par le projet et a publié “Des perles” sur son site d'édition numérique. Les co-créateurs sont donc : Brigitte de le Court, Carrie Leigh Dickey, Tim et moi.

GV: Plus tous ceux qui l'ont inspiré ! Peux-tu nous dire comment Global Voices a inspiré “Des perles autour du cou” ?

CB: Global Voices m'a aidée à garder une ligne directrice, à choisir mes sujets, et m'a donné le sens des priorités et de l'urgence pour les thèmes que j'ai choisi de traiter.

Nous poursuivons les mêmes objectifs et j'ai été inspirée par vos articles et vos textes. A la lecture presque quotidienne de Global Voices je me suis aperçue que les gens que j'avais rencontrés pendant toutes ces années dans les 17 pays où j'ai habité pouvaient m'aider à écrire une anthologie en racontant leurs histoires, sous des formes différentes, dans différentes langues (y compris en afrikaans et en wolof !).

Global Voices a été pour moi une source d'inspiration très diverse : la mise à disposition multilingue des textes et les origines multiculturelles des différents auteurs ; la grande variété des articles et l'approche courageuse des sujets brûlants abordés sous un angle marginal ; l'authenticité des personnages présentés aux lecteurs, des gens qui ont des histoires à raconter, des vraies femmes et des vrais hommes, pas des héros qui font la une des magazines.

Des histoires bien précises rapportées par Global Voices m'ont incitée et motivée pour rechercher des auteurs du monde entier qui participent à cette anthologie: Des pétales de rose qui tombent du Myanmar ; Je vous salue Marie pleine de grâce du Congo, après l'article de Global Voices sur le Docteur Denis Mukwege ; Chère Amalia a été inspiré par l'article de GV Mapa 76 ; Perspectives -où une jeune Indienne de 16 ans parle de sa vision du pouvoir du genre humain- s'est nourri de l'histoire de Malala la jeunes activiste pakistanaise.

Les écrits qui composent la Perle du Conflit Politique et la Perle de l'Evolution Sociale tirent leur inspiration d'articles publiés par Global Voices. La Perle de l'Engagement est directement liée à plusieurs articles. Prenez le post sur le Japon le 10 Juin 2013… il nous renvoie à ce qui avait été écrit pour les perles l'année dernière… un échange sincère et vrai de courriels qui fait émerger des questions importantes. Le journalisme est partout !

Nous nageons dans un océan d'informations, nous sommes parfois agressés par la quantité d'informations qui nous submergent et inondent nos écrans d'ordinateurs : des miettes de données périssables à consommer. Pourquoi ne pas tout simplement partager des faits réels, les histoires qui nous touchent profondément?

Fallen Rose Petals by Ohmar Win, Rangoon, Burma

Photo qui illustre “Des pétales de rose qui tombent : une histoire d'amour ou une histoire sur le manque d'éducation sexuelle”. Essai et photo d'Ohmar Win, Rangoon, Myanmar/Birmanie. Avec son autorisation.

GV: C'est bien de savoir que ce livre est, par définition, “inachevé et ouvert pour que l'on puisse enfiler d'autres perles sur le collier”. Quelles sont les perspectives du livre ? Les lecteurs peuvent-ils apporter leur perle au collier ?

CB: “Des perles autour du cou” est actuellement présenté et diffusé de différentes façons. De fait, l'objectif est d'offrir Des Perles aussi largement que possible et de créer une empathie globale : cette anthologie a été écrite et composée avec l'intention d'éveiller une sorte de compassion différente à l'égard de “l'information” traditionnelle.

Je souhaite que les lecteurs et lectrices de Global Voices puissent accéder à un nouvel outil d'expression, qu'ils puissent s'inspirer Des Perles pour élargir leur participation comme nous l'avons fait en étant créatifs. Les histoires publiées par Global Voices incitent à écrire d'autres Perles… d'un style sensible, personnel et intime. La matière diffusée par GV m'a poussée à aller plus loin… J'ai besoin d'habiter d'autres histoires, d'enfiler d'autres Perles…

Photo by Tim Gallo

Photo de Tim Gallo pour illustrer “Le combat amoureux”,  poème de Marisa Estelrich, Etats Unis. Avec son autorisation.

Téléchargement gratuit

Pearls Around the Neck cover

Couverture des Perles

“Des Perles autour du Cou” est édité par Books 2 Live 4 et peut être téléchargé gratuitement en Anglais, Français, et Espagnol. On peut aussi acheter une version Kindle du livre sur Amazon.

L'anthologie est illustrée des photos provocatrices de Tim Gallo (anglais), cinéaste et photographe russe installé à Tokyo, au “travail varié, parfois dérangeant, mais aussi cruel, intelligent, jeune et contemporain”.

On peut contacter Catherine sur Twitter @cathdBeeckman et sur la Pearl's fan page de Facebook.

 

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