Elections tant attendues de Madagascar : bientôt le deuxième tour

Madagascar s'achemine vers le deuxième tour de l'élection présidentielle. Les résultats arrivent au compte-goutte depuis le premier tour, le 25 octobre 2013 -premier scrutin depuis le coup d'Etat soutenu par l'armée, en 2009 – mais le score final est de 21,1 % des voix pour le candidat Jean-Louis Robinson et 15,0 % pour Hery Rajaonarimampianina. 

Le deuxième tour est fixé au 20 décembre. Les deux candidats sont considérés comme des simples mandataires de l'ex-président Marc Ravalomanana, chassé en 2009, et d'Andry Rajoelina, l'actuel président de transition. Ravalomanana comme Rajoelina étaient interdits de participation à la course présidentielle.

L'élection était extrêmement attendue, et si le vote a été “largement pacifique” et que les observateurs internationaux ont été prompts à qualifier les opérations de “libres et honnêtes”, de nombreux électeurs potentiels ont été empêchés de glisser leur bulletin dans l'urne pour des problèmes de listes électorales, comme rapporté par allAfrica.com.

The two candidates remaining in the run off JL Robinson (left) and H  Rajaonarimampianina. Photo via Ta Ramses on Facebook (with permission)

Les deux candidats qui seront présents au deuxième tour de l'élection : Jean-Louis Robinson (à gauche) et Hery Rajaonarimampianina. Photo via Ta Ramses sur Facebook (utilisée avec permission)

Les blogueurs ont réagi à ces résultats. Lalatiana Pitchboule écrit sur son blog :

Au cœur d’un bureau populaire lors de la soirée électorale, je peux témoigner de l’enthousiasme de nos citoyens vis-à-vis du processus. Et de leur respect des résultats. Magnifique illustration de démocratie populaire ou chaque bulletin annoncé faisait l’objet d’une joyeuse approbation.

Une vidéo de Tossoa Bacca illustrait l'ambiance à un bureau de vote [malgache] :

D'autres ont voulu extrapoler les résultats du second tour à partir de ceux du premier :

Des voix pessimistes prédisent déjà une nouvelle crise, comme relate Radio France Internationale :

tous les ingrédients d’une nouvelle crise sont d’ores et déjà présents : des institutions peu fiables, une élection organisée à la va-vite sans le préalable d’un contexte apaisé… D’ailleurs, plusieurs candidats ont demandé l’annulation du premier tour. L’un de ses propres alliés a accusé le candidat d’Etat, Monsieur Hery Rajaornarimampianina, d’avoir enfreint les règles et a exigé sa disqualification ! Les exemples de contestation de la sincérité du vote sont légion. Dans ce contexte, si le candidat d’Etat devait remporter au deuxième tour, il n’aurait jamais la légitimité nécessaire pour asseoir son autorité présidentielle.

Il n’y a aucune chance que le candidat de l’opposition gagne les élections car ceux qui tiennent l’Etat aujourd’hui feront tout pour garder le pouvoir. Le « ni-ni » (ni candidature de Rajoelina ni celle de Ravalomanana) a été une énorme erreur, comme les résultats du premier tour le montrent. Les électeurs ont remis en selle les deux camps qui étaient responsables de la crise de 2009 et ont éliminé tous ceux qui se revendiquaient de la troisième voie

En attendant, malgré les lois électorales interdisant au président de la transition de prendre position explicitement en faveur d'un candidat, Andry Rajoelina a publiquement confirmé son soutien à M. Rajaonarimampianina, son ex-ministre des Finances. Radio France Internationale rapporte :

Jean-Eric Rakotoarisoa, professeur de droit à l'Université d'Antananarivo, le confirme : « Ce soutien d'Andry Rajoelina peut amener à la disqualification d'Hery Rajaonarimampianina. Pour ça, il faudrait que la Cour électorale spéciale [CES, ndlr] soit saisie d'une requête, et quelle détermine si, dans les faits, Hery Rajaonarimampianina a bénéficié, ou bénéficie, du soutien d'Andry Rajoelina. »

Le journaliste Sébastien Hervieu a rapporté la réaction du candidat d'opposition à ce soutien ouvert mais inattendu :

Susanne [anglais] a comparé la saison électorale à Madagascar au carnaval :

A Madagascar voter n'est pas évident. Il n'y a pas de partis politiques. Pas de programmes électoraux. Pas d'idéologie, pas de gauche, de droite ou de centre, pas de Républicains ou Démocrates [sic]. Il est difficile de faire un choix éclairé si on ne peut pas comparer les programmes. Alors comment pour un candidat capter l'intérêt de l'électeur ? avec des T-shirts. Beaucoup de t-shirts. Et des chansons. Un candidat s'appelle Sylvain. Son slogan est “Sylvain sur vingt” (très drôle). Sa chanson est bien trouvée : Bye Bye chômage, bye bye famine, bye bye maladies. A mes oreilles, la moitié des chansons sortent tout droit de l'église, les autres sonnent comme des tubes de carnaval antillais. Certains candidats vont jusqu'à s'habiller comme des chanteurs de calypso.

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