Naissance d'un mouvement hackerspace en Russie

A robot made with a 3D printer at the neuron hackerspace. Republished with permission from neuron's Facebook page.

Un robot fabriqué avec une imprimante 3D au hackerspace Neuron. Photo reproduite avec la permission de la page Facebook de Neuron.

A quoi pense-t-on en entendant l'expression “hackerspace” ? Avant de m'entretenir avec Alexander Chemeris, un pionnier du mouvement hackerspace en Russie, je me représentais les hackers comme une bande de geeks s'efforçant, dans des sous-sols, de contrôler la Toile en élaborant clandestinement des virus pour pénétrer les sites web. Ma vision de l’ “hacktivisme” était très dépassée…

Qu'est-ce qu'un “hackerspace” ?

Le hacking est désormais associé à l'enseignement et à l'innovation, c'est un espace sécurisé pour explorer des idées neuves en technologie, où les professionnels peuvent partager leurs expériences et où les militants peuvent promouvoir des logiciels open source et la liberté d'information.

Dans sa présentation TEDx, Mitch Altman du hackerspace Noisebridge à San Francisco a expliqué que les hackerspaces se bornent à fournir aux utilisateurs les outils et espaces pour faire ce qu'ils aiment le plus. Ils sont aussi très attentifs à éviter le cliché du geek fou d'informatique : techniquement, Noisebridge n'est mmême pas appelé un hackerspace, c'est un “fournisseur d'infrastructure pour des projets technico-créatifs” à but non lucratif. Unis par un intérêt commun, les hackerspaces à travers le monde ont permis aux professionnels de l'informatique de révolutionner les paysages de la technologie et de l'art numérique.

Le premier hackerspace de Moscou

Pendant l'ère soviétique, la créativité scientifique et l'innovation technologiques étaient encouragées dans la jeunesse dans le cadre du “mouvement des pionniers” avec des clubs en sciences et ingénierie. Le chaos politique qui a suivi le changement de régime dans les années 90 a fait disparaître ce type d'activité organisée.

M. Chemeris voit dans les hackerspaces la version contemporaine de ces clubs de jeunes à orientation technologique. Enraciné dans une tradition coopérative, un hackerspace répond au besoin d'une plate-forme alternative. “Il y a un grand nombre de bons ingénieurs en Russie,” dit-il, “mais ils ont besoin d'un espace où partager leurs outils et trouver les personnes qu'il faut pour leurs projets.”

Après avoir assisté au Chaos Communication Congress de Berlin en 2010, la réunion annuelle organisée par la plus grande association de hackers d'Europe, Chemeris a décidé d'appliquer l'idée au pays pour combler ce vide d'infrastructure.

Le premier projet russe de hackerspace, Neuron, a démarré avec un billet de blog de Chemeris, invitant à le rejoindre. Avec Alissa Schevtchenko, Vladimir Vorontsov et Dima Oleksyouk, le collectif nouvellement créé s'est trouvé un lieu et a ouvert en juin 2011.

Avancer

Bâtir un collectif de personnes ayant des affinités a pris environ deux ans, dit Chemeris. Le projet de hackerspace n'a commencé à éclore que l'an dernier. Après avoir emménagé dans de nouveaux bureaux en centre-ville, le Hakerspace Neuron a attiré un plus grand nombre de jeunes professionnels de la technologie, leur permettant d'atteindre une masse critique et de commencer à bourgeonner.

Aujourd'hui, les hacktivistes moscovites peuvent assister à des conférences TEDx en anglais, ou à divers ateliers sur les médias sociaux et les technologies de la communication. Ils peuvent apprendre à construire leurs propres robots au Neuron Hackerspace, ou bénéficier du dernier cri de l'impression 3D. Le projet est en expansion, avec des projets de nouveaux cours et d'agrandissement. Le modèle fait aussi des petits ailleurs ; récemment, les organisateurs de Neuron ont commencé à diffuser leurs acquis auprès d'activistes souhaitant organiser des espaces analogues dans d'autres villes. La culture du hackerspace se diffuse, avec l'offre de classes de technologie robotique à Saint Petersbourg, de Java script à Kazan, et d'autres activités à Iékaterinbourg et Kaliningrad.

Une place pour le secteur public ?

La relation entre des projets comme celui-ci et l'administration locale peut être délicate. Mais plutôt que de rester clandestin et d'apparaître suspect, le collectif a pris langue avec des agents publics et assisté à diverses conférences officielles, installant une présence au grand jour. Sans pour autant collaborer, ils ont une relation satisfaisante, dépourvue de confrontation, et ont reçu quelque soutien du Service de la Science, de la Politique Industrielle et des Entreprises de Moscou.

Dans un pays qui possède quelques-uns des meilleurs hackers du monde, ce mouvement pourra-t-il fédérer les développeurs en technologie de Russie et les praticiens de l'enseignement alternatif ?

2 commentaires

Ajouter un commentaire

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.