Qatar : les travailleurs migrants entre sueur et sang dans le pays le plus riche du monde

Lors de son récent voyage au Moyen-Orient, le Premier Ministre italien Enrico Letta a répété son engagement pour les droits humains en… Russie. Il n'a pas eu un seul mot pour les conditions de vie inhumaines des travailleurs migrants dans les pays de la région, en particulier au Qatar. Et pourtant, cet émirat n'est pas un exemple pour le respect des droits des travailleurs, surtout pour ceux qui travaillent sur les chantiers des infrastructures qui accueilleront la Coupe du Monde 2022 de football.

Le Qatar, le pays le plus riche [anglais, en] au monde pour le revenu par habitant, est un parmi ceux où les conditions de vie des immigrants sont les pires. Diverses organisations de défense et de promotion des droits de l'homme ont dénoncé leurs conditions de travail, les qualifiant de forme d'esclavage.

Sur divers plans, le Qatar, petit pays du Golfe, exerce une activité inversement proportionnelle à la superficie de son territoire ou au volume de sa population autochtone. Pour poursuivre cette politique, il use de plusieurs moyens. Premier d'une longue série, la chaîne de télévision Al Jazeera, qui a démontré un grand professionnalisme en plusieurs occasions, en particulier durant les révolutions qui ont entraîné la chute des régimes corrompus et impitoyables dans plusieurs pays arabes.

Sur le plan diplomatique, les négociations internationales de Doha sur la libéralisation du commerce mondial, bien qu'avortées, ont donné au pays une exposition médiatique mondiale pour plusieurs années. Sur le plan sportif, il sponsorise des équipes dans diverses disciplines, dont les plus fameuses du monde, en particulier le football. Au cours de la dernière décennie, il a accueilli une moyenne de trois événements sportifs [en] à caractère international. Ce sera ainsi le Qatar qui accueillera la Coupe du Monde après le Brésil.

Sur le plan scientifique, l'État du Qatar a signé des contrats avec de nombreuses universités étrangères [italien, it], qui ont ouvert des sièges à Doha, la capitale. En outre, le musée des arts islamiques connaît déjà une renommée internationale grâce à ses œuvres provenant de diverses parties du monde.

 

Tout ceci pourrait faire penser que le Qatar est un pays où tous vivent en pleine jouissance de leurs droits. La réalité derrière cette belle image est au contraire toute autre pour les travailleurs migrants. Ceux-ci ont contribué à la prospérité de ce pays, mais ils en restent exclus.

Alma Safira écrit sur Reset.it :

I cittadini più ricchi del mondo vivono in Qatar accanto a quelli che ormai vengono considerati tra i più sfruttati. L’emirato ha il PIL pro capite più alto del mondo, oltre 100mila dollari secondo i dati del Fondo Monetario Internazionale, grazie alle 77 milioni di tonnellate di GNL (gas naturale liquefatto) che il Paese produce ogni anno dalle terze riserve di gas più grandi del mondo.

Les citadins les plus riches du monde vivent au Qatar à côté de ceux qui sont désormais considérés parmi les plus exploités. L’émirat possède le PIB par habitant le plus élevé du monde, plus de 100 mille dollars selon les données du Fonds Monétaire International [en] , grâce aux 77 millions de tonnes de GNL (Gaz Naturel Liquide) que le pays extrait chaque année de la troisième plus grande réserve de gaz du monde.

Selon les données du Rapport 2013 sur la richesse au Moyen-Orient publié par la Qatar Financial Center Authority en collaboration avec Campden Wealth, il y a plus de 4 000 millionaires [en] au Qatar, sur une population locale de quelque 300 000 qatari, et 290 habitants sont ultrariches c'est-à-dire qu'ils possèdent un patrimoine de plus de 30 millions de dollars.

À côté de cette richesse, au contraire, les mauvaises conditions de travail des immigrants ont été dénoncées par plusieurs organisations de la société civile internationale. Selon la Fédération international des droits de l'homme, la Fidh :

Les conditions de travail pour les travailleurs migrants, notamment sur les projets associés à la Coupe du monde, sont si mauvaises qu’elles s’apparentent parfois à du travail forcé. Les pratiques incriminées comprennent la servitude pour dette, la confiscation du passeport par l’employeur, la surpopulation et l’insalubrité des lieux d’hébergement des travailleurs, l’absence de contrats et les déductions arbitraires de salaires. Les travailleurs s’exposent également à un risque mortel en construisant les infrastructures de la Coupe du monde par des températures atteignant parfois 55°C. D’après les chiffres du gouvernement népalais, 191 travailleurs népalais seraient morts dus à ces conditions de travail en 2010, et 162 lors des 10 premiers mois de 2011. De plus, la loi du Qatar interdit aux travailleurs migrants de former des syndicats.

De son côté, Amnesty International révèle dans un rapport les cas de travailleurs subissant du chantage de la part de leurs employeurs. Les chercheurs de l'organisation pour les droits de l'homme ont vu de leurs yeux 11 hommes signer des documents devant des fonctionnaires du gouvernement par lesquels ils déclaraient – faussement -, avoir reçu leur salaire pour récupérer leurs passeports et pouvoir ainsi quitter le Qatar.

De nombreux travailleurs se sont plaints des mauvaises conditions de santé et de sécurité, dénonçant dans certains cas l'absence de casques de protection. Un représentant du principal hôpital de la capitale Doha a déclaré au cours de l'année que, en 2012, plus de 1 000 personnes ont été hospitalisées dans le service de traumatologie après être tombées d'échafaudages. 10 pour cent des hospitalisés sont devenus handicapés et le taux de mortalité est défini comme “significatif”.

 

Roberta Ragni rappelle sur GreenMe que :

Questi moderni schiavi alloggiano in baracche fatiscenti, in condizioni igieniche pessime, fanno turni massacranti, vengono privati dei loro passaporti e spesso non sono pagati. E muoiono a centinaia nei cantieri per via delle scarse misure di sicurezza. Le cose stanno solo per peggiorare, dal momento che saranno necessari tra 500.000 e un milione di lavoratori aggiuntivi da Nepal, India e altri paesi asiatici e del Sud Africa per le infrastrutture della Coppa del Mondo. È un aumento dell'organico di oltre il 50% e se non ci sarà alcuna riforma salirà immancabilmente anche la percentuale di incidenti mortali.

Ces esclaves modernes logent dans des baraques délabrées, dans des conditions d'hygiène déplorables, ils font des quarts épuisantssont privés de leurs passeports et souvent ne sont pas payés. Et ils meurent par centaines sur les chantiers à cause des mesures insuffisantes de sécurité. Les choses ne font qu'empirer, dès l'instant que sont nécessaires entre 500 000 et un million de travailleurs additionnels du Népal, de l'Inde et d'autres pays asiatiques et d'Afrique du Sud pour les infrastructures de la Coupe du Monde. C'est une augmentation du personnel de plus de 50 % et s'il n'y a aucune réforme s'élèvera aussi immanquablement le pourcentage d'incidents mortels.

“Plus de 4000 travailleurs risquent de perdre la vie dans les sept prochaines années de construction des installations si personne n'intervient pour donner des droits aux travailleurs migrants. Le nombre de morts parmi ceux qui travaillent sur des chantiers pourrait s'élever à 600 en un an – presque douze en à peine une semaine”, explique [en] Sharan Burrow, Secrétaire Générale de l'International Trade Union Confederation.

 

À la base de ces injustices se trouve une loi archaïque, connue sous le nom de Kafala. Nanopress explique [it] en quoi consiste cette loi en vigueur dans de nombreux pays du Golfe arabique :

I nuovi schiavi sono legati al proprio datore di lavoro dalla Kafala (Garanzia), un sistema di reclutamento che sembra in tutto e per tutto l'acquisizione di uno schiavo: un ufficio di collocamento nel Paese d'origine trova un datore di lavoro disposto a sponsorizzare il lavoratore immigrato, che da quel momento non può cambiare posto di lavoro per tutta la durata del contratto.

Les nouveaux esclaves sont liés à leurs employeurs par la Kafala (Garantie), un système de recrutement qui ressemble en tout et pour tout à l'acquisition d'un esclave : un bureau de placement dans le pays d'origine trouve un employeur disposé à sponsoriser le travailleur migrant, qui à partir de ce moment ne peut plus changer de lieu de travail pour toute la durée du contrat.

Les pressions internationales (de la part de l'ONU, de l'UE, des ONG humanitaires, d'organisations syndicales et de simples footballeurs) se multiplient sur le Qatar afin que les conditions des travailleurs étrangers s'améliorent, et sur la FIFA pour lui demander de réaffecter les mondiaux de foot de 2022.

L’International Trade Union Confederation (ITUC), en particulier, demande la fin de la Kafala, l'adoption de lois qui protègent les travailleurs migrants et leur confèrent le droit à l'activité syndicale, à changer d'employeurs et à se battre pour de meilleurs salaires. Non sans obstacles, comme ce qui s'est vu récemment sur l'Île Maurice, selon ce que fait savoir [it] l'organisation syndicale :

Otto rappresentanti di sindacati locali e internazionali sono stati arrestati dopo aver manifestato pacificamente all’esterno del Congresso FIFA alle Mauritius per chiedere alla Federazione di rimettere ai voti l’assegnazione al Qatar dei Mondiali di calcio 2022.

Huit représentants de syndicat locaux et internationaux ont été arrêtés après avoir manifesté pacifiquement à l’extérieur du Congrès de la FIFA sur l'Île Maurice pour demander à la Fédération de remettre aux votes l’assignation au Qatar des Mondiaux de foot 2022.

Depuis des années le gouvernement du Qatar fait des promesses [it] de changement. Mais les réformes tardent et en attendant, sur les chantiers où aura lieu la Coupe du Monde, on continue à mourir.

[Publié en cross-posting avec Voci Globali [it]]

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