Venezuela : Les manifestations font trois morts et les menaces sur les médias s'intensifient

Estudiante protestando el 12 de febrero, 2014. Foto de Carlos Becerra, copyright Demotix.

Etudiant manifestant le 12 Février 2014. Photo de Carlos Becerra, Droits Demotix.

[Sauf mention contraire, tous les liens font référence à des pages en espagnol.]

Hier, le Venezuela a fait face à une vague de manifestations [anglais] dans les rues de ses principales villes. Les citoyens, principalement des étudiants, sont descendus dans les rues pour exiger que les autorités libèrent un groupe de jeunes arrêtés lors de manifestations précédentes. Ils exigent également une meilleure sécurité alimentaire (les pénuries alimentaires [en] atteignent 27%) et une meilleure sécurité publique. 

Le défilé, qui avait pour objectif d'atteindre le bureau du procureur fédéral, était organisé principalement par le leader de l'opposition Leopoldo Lopez. La manifestation s'est déroulée calmement jusqu'à ce que les manifestants approchent du centre de Caracas, où une unité de la police anti-émeute et des membres armés des forces de sécurité, cagoulés et à moto, avaient pris le contrôle de la zone. La majorité des manifestants avait quitté la zone mais un petit groupe est resté et s'est heurté aux forces de sécurité. 

Les affrontements dans le centre de Caracas ont fait deux victimes : un étudiant et un membre d'un collectif. Des abonnés ont chargé des vidéos du moment où Bassil Alejandro Da Costa Frías a été frappé par une balle et tué. 

Les manifestants se sont étendues à l'est de la ville, et au courant de la nuit un autre étudiant a été tué. La journée s'est terminée sur un bilan de trois morts et des dizaines de blessés et d'arrestations.

 

Jóvenes protestando en Caracas el 12 de febrero, 2014. Foto de Carlos Becerra, copyright Demotix.

Jeunes manifestant à Caracas le 12 février 2014. Photo de Carlos Becerra, Droits Demotix.

Pendant les événements, notamment la manifestation et les violences qui ont suivi, les médias vénézuéliens ont continué la diffusion de leurs programmes habituels après que les autorités eurent menacé tout média qui couvrirait les manifestations. Ceux qui cherchaient des informations sur ce qui se passait devait se connecter à la chaîne d'information du câble NTN24.

Face à ces événements, Hilda Lugo Conde a posté sur Facebook :

Mientras se reportan heridos graves y hasta un muerto según la agencia Reuters en la marcha de hoy en Caracas, esto es lo que se ve en las pantallas de televisión de señal abierta en el país en este momento:
1- Venevisión: telenovela En nombre del amor
2- Globovisión: las películas más taquilleras en Estados Unidos este fin de semana según NTN24
3- Canal I: Mundo Fitness
4- VTV: Diosdado Cabello en la sesión especial de la Asamblea Nacional por los 200 años de la Batalla de la Victoria
5- Televen: telenovela Las Santísimas
6- La Tele: telenovela Cada quien a su santo
7- Tves: Pocoyo

Y la radio, también, en su mundo paralelo. Ese que impone la censura, la autocensura…

Alors que l'agence Reuters fait le bilan des blessés graves et même des décès pendant la manifestation d'aujourd'hui à Caracas, voilà ce que l'on peut voir sur les télévisions à signal ouvert du pays en ce moment :
1. Venevisión: Soap opera “En nombre del amor” [Au nom de l'amour]
2- Globovisión: Les films qui font les plus grosses entrées aux Etats-Unis ce week-end, d'après NTN24
3- Canal I: Mundo Fitness [Le monde du Fitness]
4- VTV: Diosdado Cabello en session extraordinaire à l'Assemblée Nationale pour le 200ème anniversaire de la Bataille de la Victoire.
5- Televen: Soap opera “Las Santísimas”
6- La Tele: Soap opera “Cada quien a su santo”
7- Tves: Pocoyo
Et la radio, également, existe dans un univers parallèle. Celui de la censure, de l'auto-censure…

Dans l'après-midi, les journalistes de la chaîne NTN24 ont dénoncé le fait que le gouvernement mettait la pression sur les sociétés de câbles pour retirer NTN24 de leurs sélections de chaîne. Quelques minutes plus tard, la plainte est devenue réalité et les Vénézuéliens ne pouvaient voir cette chaîne que sur internet.

Fran Monroy a posté sur Twitter :

A 18h17, à l'heure de Caracas, le signal pour NTN24 s'est éteint sur MovistarVe.

Rodrigo Blanco a posté une alerte sur la situation :

Pour nos amis du Venezuela : deux étudiants tués et blocage de l'information par le gouvernement. La police réprime.

Estudiantes protestando en Caracas. Foto de Juan Hernandez, copyright Demotix.

Etudiants manifestant à Caracas. Photos de Juan Hernandez, droits Demotix.

Daniel Prat remet en cause la démocratie dans son pays après les événements dans la capitale :

Ne manifestez pas parce que je vous tirerai dessus. Ne formulez pas d'exigences parce que je vous mettrai en prison. N'informez pas parce que je vous empêcherai d'être diffusé. Sympathique démocratie, n'est-ce pas ? 

Cependant, Gabriel Lopez a exprimé son désaccord avec les revendications affichées par Leopoldo Lopez et utilise le mot-clic #LaSalida:

“La salida” [La sortie] que certaines personnes proposent n'est pas démocratique. Il y a des failles et des façons de “sortir” le gouvernement, notamment un référendum. Et non par la force.

La nuit s'est terminée avec une parade nationale où le Président Nicolas Maduro a célébré la journée de la Jeunesse et le bicentenaire de la Bataille de la Victoire.

De plus, un juge a lancé un mandat d'arrêt pour Leopoldo Lopez. Ce matin, le bureau de son parti, Voluntad Popular (Volonté populaire), a été perquisitionné

Les manifestations ne se sont pas arrêtées.

La page Facebook Rebelión 2014 (Rebellion 2014) rassemble des informations et des photos (non vérifiées) des manifestations actuelles. 

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