L'Internet russe en route pour Pyongyang

What it might look like when global social network and search giants have to haul their servers into Russia. Based on Ilya Repin's seminal "Volga Boatmen." Images remixed by Andrey Tselikov.

Le réseau social mondial et les géants du moteur de recherche pourraient avoir à hâler leurs serveurs physiquement en Russie. D'après le célèbre tableau d'Ilya Repine, “Les bateliers de la Volga.” Montage d'images d'Andrey Tselikov.

Le mois dernier, RuNet Echo racontait [Global Voices, en anglais] comment un conseiller municipal de Moscou voulait imposer à tous les grands réseaux sociaux de stocker les données des utilisateurs russes sur le sol russe. Il semble que son souhait ait été entendu, ou du moins que les législateurs russes partagent son idée. Selon un des amendements à un projet de loi récemment adopté par la Douma russe, à dater du 1er août 2014, tous les diffuseurs de contenu en ligne seront requis de conserver 6 mois de données d'utilisateurs en Russie.

La réglementation [russe] fait partie d'un ensemble de lois “anti-terroristes” qui alourdissent le contrôle gouvernemental sur l'Internet russe : le texte exigeant [Global Voices] que les blogueurs dépassant les 3.000 visiteurs uniques s'enregistrent comme mass média fait partie de cet ensemble. L'obligation des 6 mois de stockage obéit à un motif simple : contraindre les compagnies internet étrangères à obéir aux demandes d'information des autorités russes. Selon les nouvelles dispositions, tout site internet doit obtempérer aux requêtes des forces de l'ordre de produire les informations sur ses utilisateurs. Mais sauf localisation physique des données en Russie, des géants comme Facebook et Twitter sont peu susceptibles de répondre aux assignations russes sur les données.

Ne pas donner suite expose à des amendes administratives de 50.000 à 300.000 roubles pour la première infraction, pour les institutions et sociétés. Si cela peut paraître de la menue monnaie (environ 6.000 euros) à des entités comme Google, une récidive peut être punie de fermeture et filtrage des sites.

Le président Poutine approuve la loi. Le 24 avril, s'exprimant [russe] devant un forum public sur les média, il a déclaré sans ambages que les serveurs étrangers de données contenant des informations russes devaient être déménagés en Russie. La motivation est partiellement sécuritaire. Lors de la même conférence de presse, on a remarqué ses propos sur le développement du web par la CIA qui continuait à le contrôler (il voulait peut-être parler de l'implication du DARPA dans la création de l'Internet).

Cette nouvelle loi assombrit sérieusement les perspectives de RuNet, du moins selon certains blogueurs russes. Les exigences sont par nature impossibles à satisfaire au vu de la nature mondiale de l'Internet, écrit [russe] Egor Kotkine. D'où sa crainte que leur mise en oeuvre ne soit qu'une étape préparant la coupure de RuNet d'avec le reste du monde, un nouveau Rideau de Fer en quelque sorte. Le gourou russe d'Internet Anton Nosik est de cet avis. Dans un récent entretien sur Radio Dojd, il a évoqué la rigueur des nouvelles lois :

В России устанавливается северо-корейская модель. Это не китайская, эта другая модель. Мы сейчас едем на полном ходу в Пхеньян, мы в Пекин не заезжаем по дороге.

En Russie se met en place un modèle nord-coréen. Un modèle qui n'est pas chinois, il est différent. Nous fonçons maintenant vers Pyongyang, sans passer par Pékin. 

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