Bangladesh : le corps d'un patient gardé en otage par un hôpital privé, pour défaut de paiement

A police guards in front of the United Hospital in Dhaka. Image by Firoz Ahmed. Copyright Demotix

Un policier surveillant l'entrée de l'United Hospital à Dacca. Image de Firoz Ahmed. Copyright Demotix (7/7/2011)

Billet d'origine publié le 27 août 2014. Les liens associés renvoient à des pages en bengali.

L’United Hospital Ltd. [anglais], un hôpital privé situé à Dacca, la capitale du Bangladesh, s'est finalement incliné face à la pression et a cédé à la demande de la libération du corps d'un patient, décédé dans leurs locaux. Initialement, l'hôpital avait refusé, sa famille ne pouvant régler sa facture immédiatement, ce qui avait provoqué l'indignation publique. 

En provenance d'un autre hôpital, le patient, souffrant de problèmes cardiaques et de défaillances de plusieurs organes, avait été transféré à l'United Hospital le 3 juillet. Il était sous traitement dans l'unité de cardiologie. Il est décédé dans la nuit du 15 août 2014.

Un grand débat avait eu lieu dans les médias sociaux sur l'absence d'éthique dans le fait de conserver le corps d'un défunt pour un règlement de factures. Le blogueur Kowshik Ahmed a ainsi écrit sur son blog sur BDNews24.com :

কল্পনা করতে পারছি না যে, বিলের জন্য লাশ আটকিয়ে রাখতে পারে চিকিৎসার মত মহান পেশায় জড়িত ঢাকার অতি উন্নত একটা হাসপাতাল। ৩১ লাখ টাকা বিল ছিলো, কেবিন /আইসিইউ ভাড়া ছাড়া এত বিল কিভাবে হয় যদিও সেটা নিয়ে প্রশ্ন থাকছেই, যার ১২ লাখ টাকা মৃতের পরিবার সাথে সাথে পরিশোধও করেছে– বাকী ১৯ লাখ টাকার জন্য হাসপাতালটির এই পৈশাচিক চরিত্র প্রকাশ্য হয়ে পড়েছে।

Je n'arrive pas à imaginer qu'un hôpital aussi moderne de Dacca, qui est impliqué dans la haute responsabilité de soigner les gens, puisse conserver un corps en raison de factures impayées. La facture s'élevait à 3,1 millions de takas (environ 31 500€). Bien qu'on puisse se demander comment la facture, comprenant une chambre dans l'unité de soins intensifs (ICU) peut être aussi élevée, 1.2 millions de takas (environ 12 000€) avaient été immédiatement réglés par la famille du défunt. Il manquait 1.9 millions de takas (19 500€), grâce auxquels la cupidité de l'hôpital a été révélée. 

Le blogueur Russel Parvez a demandé que l'hôpital présente ses excuses pour l'absence d'éthique de son comportement : 

লাশ জিম্মি রেখে বকেয়া আদায়ের অসভ্য-অন্যায় আচরণের জন্যে আশা করছি আজ রাতেই হাসপাতাল কর্তৃপক্ষ ক্ষমা প্রার্থনা করবেন। প্রতিটি মৃত ব্যক্তির স্বজনের তার লাশ ধর্মীয় বিধান অনুসারের সৎকারের অধিকার রয়েছে। ইউনাইটেড হাসপাতাল কর্তৃপক্ষ পাওনা টাকা আদায়ের জন্যে এই অসভ্যতা করে বাংলাদেশে আইনানুগ ব্যবসা করছে কোনো জরিমানা না দিয়ে এমনটা হওয়া উচিত না।

J'espère que le personnel de l'hôpital présentera ses excuses dès ce soir pour son comportement contraire à l'éthique et injuste en gardant en otage un corps en raison d'impayés. Toute personne a droit à des funérailles en respect de sa religion. Il faut que le personnel de l'United Hospital se voie infliger une amende pour avoir eu un comportement irrespectueux dans leur activité juste pour récupérer une somme due.

Ce n'est pas la première fois que l'United Hospital retient le corps d'un patient le temps que ses factures soient payées, rappelle le blogueur et journaliste Abu Sufian.

L'United Hospital a publié un communiqué [anglais] révélant avoir informé la famille du patient sur les coûts des soins. L'hôpital a continué le traitement avec l'assurance que la famille était solvable et que les factures seraient payées. L'hôpital souligne que les 25 000$ (environ 19 500€) restants correspondent aux médicaments et à l'équipement utilisés et que l'absence de paiement occasionnerait une grande perte pour l'hôpital. Cependant, l'hôpital n'a pas mentionné avoir gardé le corps en otage de la famille pour l'absence de paiement.

D'après les statistiques de 2006, 40% des 1683 hôpitaux de Bangladesh sont des hôpitaux publics, alors que le reste correspond à des hôpitaux privés. En l'absence d'une politique d'assurance maladie efficace et à prix abordable [anglais], l'hospitalisation pour une maladie chronique peut rapidement être un fardeau pour n'importe quelle famille. Quelques hôpitaux privés fréquentés par l'élite, comme l'United Hospital, peuvent réclamer des honoraires qui vont au delà de la capacité de paiement pour les Bangladais ordinaires.

Le blogueur Nir Sondhani a posté ses commentaires sur Sachalayatan, décrivant la nature commerciale des hôpitaux privés de Dacca. Le journaliste and blogueur Mahbub Morshed a averti les citoyens de ne pas se rendre dans des hôpitaux privés s'ils n'en avaient pas les ressources financières :

দেশে কোটিপতিদের চিকিৎসা-সেবার জন্য কয়েকটি হাসপাতাল তৈরি হয়েছে। হাসপাতালগুলো দেখতে ভাল। যে কারো মনে হতে পারে, ভর্তি হয়ে যাই। তবে ভর্তি হওয়ার আগে বা কাউকে ভর্তি করানোর আগে একবার ভাবুন আপনি কি কোটিপতি? যদি না হয়ে থাকেন তবে লাখপতিদের হাসপাতালে যান। লাখপতি না হলে পিজি বা ডিএমসিতে ট্রাই করুন।

Au Bangladesh, quelques hôpitaux ont été construits pour les soins de personnes millionnaires. Ces hôpitaux sont de très belle apparence. N'importe qui pourrait vouloir y être hospitalisé. Mais avant d'être hospitalisé, posez-vous la question si vous êtes millionnaire. Si vous ne l'êtes pas, alors rendez-vous dans un hôpital moins cher. Si vous ne le pouvez toujours pas, allez plutôt dans les hôpitaux publics.

L'utilisateur de Facebook Durjodhon a expliqué comme un “complexe d'infériorité” l'audace de s'être rendu dans un hôpital privé, au lieu d'un hôpital public, sans même en avoir la solvabilité financière : 

[…] তারা কিন্তু আমাকে জোর করেনি আসার জন্য, জোর করেছে আমার “ইনফিরিয়রিটি কমপ্লেক্স”- সরকারী হাসপাতালের মতন বাজারে (!)গিয়ে চিকিৎসা নেব আমি ? আমার মাঝে বাঙ্গালি সমস্যা, অন্যের চোখে ক্ষুদ্র হয়ে যাবার সমস্যা […] আমার সামর্থ্য আর সাধের মাঝে ফারাক বোঝার অক্ষমতা অথবা অনিচ্ছা- এইসবই এই প্রাইভেট হসপিটালগুলোর কাছে আমাকে শিকার বানিয়ে দিচ্ছে, আমার আত্মীয়ের লাশের জন্য এখন তাদের কাছে হাত পেতে থাকতে হচ্ছে ।

[…] Ce ne sont pas eux qui m'ont forcé à venir, plutôt mon “complexe d'infériorité”- puis-je aller me faire soigner sur le marché (!) des hôpitaux publics ? Je suis troublé par un souci bangladais, par le fait d'être perçu comme inférieur aux yeux des autres […] Mon déni ou mon incapacité à gérer entre ma solvabilité et ma volonté – j'en suis réduit à ce point en raison de ces hôpitaux privés, je dois quémander auprès d'eux pour récupérer le corps d'un membre de ma famille.

A group of worker from a NGO forms a human chain in the city marking World Health Day. Image by Firoz Ahmed. Copyright Demotix (7/4/2012)

Un groupe de salariés d'une ONG à Dacca formant une chaîne humaine urbaine lors de la Journée Mondiale pour la Santé, pour protester contre la commercialisation des services de santé. Image de Firoz Ahmed. Copyright Demotix (7/4/2012)

Les coûts entre les hôpitaux publics et privés varient grandement, non par le service ou la qualité du médecin, mais par la qualité des instruments médicaux, des équipements et du confort. Un traitement de plus de sept jours pour un patient souffrant du coeur peut coûter de 4000 à 5000 takas bangladais (soit 40 à 50€) grâce à des subventions de l'Etat. Dans un hôpital privé, le même patient devrait payer 100 000 takas bangladais (environ 1000€). 

Le Bangladesh, avec une population de 150 millions d'habitants, n'a que un médecin pour 2000 habitants. De même, il y a un lit d'hôpital pour 3000 habitants. Le Bangladesh possède des infrastructures de santé très étendues [anglais] dans le pays, mais dans les institutions publiques de santé, 48 % des postes de médecins ne sont pas pourvus [anglais]. Les défaillances dans les hôpitaux publics et les incertitudes dans leur service conduisent la population à choisir les hôpitaux privés malgré leur coûts excessifs. 

Ajouté à ceci, les patients doivent aussi faire face à de nombreuses allées et venues pour leur traitement. Helen Ahmed, une utilisatrice du réseau social Besto, se souvient de ce qui est arrivé à l'un de ses proches :

[…] বুকে pain হচ্ছে। তাই ডাক্তার একটা আল্ট্রাসনোগ্রাম করতে দেয়। বিকেলে রিপোর্ট আনে দেখি নিচে লেখা ছিল তার লিভার এ tumar ধরা পড়েছে। রিপোর্ট দেখে কাঁদতে কাঁদতে ডাক্তার কাছে গেলাম, বললাম আপা, ক্যান্সার তো লিভারে আছে, ডাক্তার বলল কাঁদবে না। রিপোর্ট ভুল আসতে পারে। তুমি এখনই ৭ হাজার টাকার লিভার ct স্ক্যান করাও। টাকার সমস্যা সত্তেও ওই দিন আবার লিভার ct স্ক্যান করাই। রিপোর্ট আসে লিভার ক্যান্সার নয়। ৭ দিন পরে আবার রিপোর্ট আসে ফুসফুসে ক্যান্সার। আমার কান্নায় আকাশ বাতাস এক হয়ে যায়। কেন বার বার এত হয়রানি।

[…] Il avait une douleur à la poitrine. Le médecin lui a donc prescrit de faire des ultrasons. J'ai récupéré le rapport dans l'après-midi, qui disait qu'il avait une tumeur au foie. Je suis allée voir le médecin en pleurant. Il a dit que le rapport pouvait être une erreur. Il a prescrit de faire un autre examen coûteux de 7 mille takas (soit 70€), un CT scan (de la tomodensitométrie) du foie. Je me suis arrangée difficilement pour réunir la somme qu'il fallait et nous avons réussi à faire le test. Le rapport de ce dernier a révélé qu'il n'avait pas de cancer à son foie. 7 jours plus tard, un autre examen montrait qu'il avait un cancer aux poumons. J'éclatais de nouveau en sanglots. Pourquoi tout ce harcèlement ? 

Le gouvernement a formé une commission pour enquêter sur l'incident de l'United Hospital. L'hôpital a accordé un délai de cinq mois à la famille pour régler une facture de 1.5 millions de takas bangladais, lui accordant un rabais de 25%. Dans le cas contraire, l'hôpital a menacé de poursuivre la famille en justice. 

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