Les manifestants pro-démocratie de Hong Kong accusent la police de laisser des ‘malfrats’ les attaquer

A pro-democracy protester attacked by thugs in Mongkok. He accused the police for keeping a blind eye to the attack act. Photo from inmediahk.net

Un manifestant pro-démocratie agressé par des voyous à Mongkok. Il a accusé la police d'avoir laissé faire. Photo : inmediahk.net

Les adversaires du mouvement Occupy Central ont agressé et molesté des manifestants le 3 octobre, une semaine après le début de l'occupation massive du centre de la ville par les pro-démocratie, qui réclament des élections libres et équitables à Hong Kong. 

Les malfrats pro-Pékin, comme les appellent certains, ont accusé les contestataires de perturber leur travail quotidien, et se sont mis à arracher les banderoles et stands. Les manifestants qui ont tenté de les en empêcher se sont fait attaquer. Certains des agresseurs portaient des rubans bleus, un signe de ralliement apparu à une récente manifestation pro-gouvernementale de soutien aux policiers et à leur utilisation de gaz lacrymogènes.

The thug was safeguarded to the police vehicle after attacking pro-democracy protesters. Photo taken from inmediahk.net

Cet homme a été mis à l'abri dans le véhicule de police après avoir attaqué des manifestants  pro-démocratie. Photo : inmediahk.net

La confrontation de Mongkok a fait plusieurs blessés parmi les pro-démocratie. Ling Nan a relaté sur le site de média citoyen inmediahk.net comment les hommes en quête de bagarre sont entrés dans la zone du campement :

下午三時左右,約百位中年漢於旺角彌敦道貌似散步,慢慢一團一團包圍不同位置的佔領人士,並高聲叫囂:「警察你地隻眼開隻眼閉啦,俾我地打柒佢﹗」,中年漢邊撕走路上爭取普選的橫額,邊指罵帳幕及物資站旁義工,他們明反佔中立場,逐漸步向彌敦道阿皆老街佔領區要塞推進,其間對佔領區人士拳打腳踢。

[…] 有途人怕兩位青年遇險,嘗試走前隔開該名反佔中人士,卻被刀片指向面孔:「咩啊﹗夠贍你同我去天安門丫,屌你老母﹗」,該名「和事佬」見反佔中人士情緒激動,先自行離開現場,但被追隨約一個街口,不停被重複指罵:「「咩啊﹗夠贍你同我去天安門丫」,引來大群反佔中人士包圍叫囂。

Vers 15h, une centaine d'hommes d'âge mûr flânaient sur Nathan Road et ont peu à peu encerclé à divers endroits les protestataires du campement. Puis ils ont crié : “Policiers, fermez un oeil et laissez-nous les tabasser !” Les hommes d'âge mûr ont arraché la banderole et insulté le service d'ordre volontaire qui gardait le matériel dans les stands. Ils ont dit être contre Occupy et ont marché sur le campement au carrefour de Nathan Road et Argyle Street. En chemin, ils ont agressé les manifestants du sit-in.

[…] Un passant a tenté d'empêché un individu anti-Occupy Central de molester deux jeunes. Le voyou lui a brandi une lame au visage, et dit, “Tu as quelque chose dans le ventre ? Viens avec moi à Tiananmen, enfoiré !” Le passant a voulu s'en aller, mais le type lui a couru après en hurlant “Tu as quelque chose dans le ventre ? Viens avec moi à Tiananmen, enfoiré !” et une autre bande d'anti-Occupy Central lui a barré le chemin.

A high school student in school uniform was attacked by thugs in Mongkok. Photo uploaded by facebook user Dereck Eu.

Un lycéen en uniforme scolaire attaqué par des voyous à Mongkok. Photo chargée sur facebook par Dereck Eu.

Une travailleuse sociale, Mme Lam, volontaire du service d'ordre à Mongkok, a accusé la police de fermer les yeux sur l'attaque :

六點至七點左右,反佔中人士的確愈來愈多。在場的佔中人士感受到威協愈來愈嚴重。林小姐表示,那些反佔中人士都目露凶光,指住示威者罵,丟水樽等。[…]後來情況幾乎失控,當時警察極少,完全無法控場,在場義工有借出大聲公給警察做協調。與警方協調後,有十多名示威者由警方開路離開。但是後來,有個警員突然走進來,向示威者發出警告:示威者的聚集已經造成了危險,如不離開將會被捕。在場示威者感到不憤,為什麼受害者成了危險,包圍和挑起矛盾的反佔人士卻不被警告。結果更令到大部分示威者十分憤怒,大家認為警方不公,都認為應該留下來。

A partir de 18 – 20 heures, de plus en plus de voyous anti-Occupy Central sont arrivés. Les manifestants du campement ont pris peur. Mme Lam a dit qu'ils avaient l'air violents et ne cessaient d'insulter les manifestants et de leur jeter des bouteilles d'eau. […] La situation était incontrôlable. Les policiers étaient rares et les volontaires [du service d'ordre] devaient prêter leur mégaphone à la police pour gérer la situation. Une dizaine de manifestants ont décidé de partir et les policiers ont ouvert la voie. Mais plus tard un policier est venu au campement et a averti les protestataires que leur rassemblement avait mis d'autres en danger, et que s'ils ne s'en allaient pas ils seraient arrêtés. Les manifestants restants étaient très en colère. Ils étaient victimes d'une violente agression et c'est eux que les policiers accusaient maintenant d'être dangereux. Les malfrats anti-Occupy Central, qui avaient provoqué l'affrontement n'avaient, eux, même pas reçu d'avertissement. Les protestataires ont alors refusé de partir vu l'injustice de la police, ils ont décidé de rester où ils étaient.

Les policiers restant les bras croisés, des milliers de manifestants pro-démocratie ont afflué à Mongkok pour affronter les agresseurs. Certains ont découvert que des policiers avaient discrètement relâché un des hommes qui avaient initié les violences et l'avaient mis à l'abri dans un taxi. Indignés, ils ont encerclé la station de police de Mongkok en exigeant des arrestations.

Thugs with face masks appeared in Causeway Bay sit-in site at around 6pm.  Photo taken by Cheung Ka Man.

Des voyous masqués sont apparus au campement de Causeway Bay vers 18 h. Photo Cheung Ka Man.

Des faits similaires se sont produits à Causeway Bay, mais à plus petite échelle. Chu Hoidick a décrit la scène pour inmediahk.net :

傍晚六點多,一班戴口罩的流氓殺入SOGO對出的怡和街及渣甸街,毆打參與佔中市民及拆走鐵馬陣。
我們當時最差的評估是,旺角的情況將在銅鑼灣重複,因此我們在大台旁邊設立第二防線,預備如果被暴徒圍困時就返回第二防線留守。
到七點多,來聲援的市民愈來愈多,流氓開始撤退,但另一邊廂,有隊警察突然從地鐵站口冒出來,形勢大逆轉,我們面對的對手由流氓變成警察。
對於警察清場,我和戰友們的立場很清楚,就是在銅鑼灣留守到底,於是我和另一位同學,就以揚聲器呼籲市民留守。
到晚上八點多,仍然有零星三兩人在叫罵和掛藍絲帶,但局面大致穩定下來。其時我們也聽到旺角示威者重奪佔領區,大家士氣大振,我們一定可以堅守下去。

Aux alentours de 18h, une bande de voyous munis de masques respiratoires sont venus à pied dans Yee Wo Street et Jardin Street devant le  [grand magasin] SOG. Ils ont attaqué les manifestants du campement et arraché les barricades.
Nous nous attendions à ce que les incidents de Mongkok se répètent à Causeway Bay, nous avions donc édifié une autre barricade près du podium pour mettre les manifestants à l'abri si les malfrats nous encerclaient.
Les citoyens sont venus en nombre croissant après 19h pour nous protéger, et les malfrats ont commencé à se retirer. Un groupe de policiers est sorti du métro et nous nous sommes retrouvés face à face avec la police au lieu des malfrats.
Notre position était claire : nous allions rester et nous battre contre les tentatives des policiers de nous disperser. Un étudiant et moi tour à tour avons incité au mégaphone les citoyens à rester sur le campement.
Vers 20h, seuls quelques voyous à rubans bleus [en soutien à la police] étaient encore là, à insulter les manifestants. Le calme était revenu. Nous avons appris que les manifestants du sit-in de Mongkok avaient récupéré leur campement. Nous avions retrouvé le moral et poursuivrions notre sit-in.

Les manifestantes ont été la cible de harcèlement physique et verbal, mais les policiers ont ignoré leurs plaintes et refusé d'intervenir. Un collectif de 30 organisations de défense des femmes a publié une déclaration commune condamnant la violence sexuelle :

Nous avons déjà reçu de nombreux appels à l'aide de concitoyennes devenues les cibles de harcèlement sexuel verbal, du genre, “si vous sortez manifester, ne vous étonnez pas de vous faire tripoter !” et “vous avez des gros nichons, laissez-nous donc les caresser !” et ainsi de suite. Il y a aussi eu de nombreuses femmes qui ont subi des agressions obscènes directes, et des rumeurs que les voyous du mouvement anti-occupy se sont organisés en une “brigade pelotage”. Ce genre d'agression sexuelle et d'obscénités naît à l'évidence de l'inégalité de genre, qui traite les femmes comme des inférieures. Nous sommes scandalisées par un comportement aussi éhonté ! Ensemble, nous :

1. Condamnons fermement l'usage de violence sexuelle contre les femmes par les malfrats du mouvement anti-occupy.

2. Exhortons les personnes agressées à ne pas rester silencieuses, et à ne pas se laisser démoraliser par la violence sexuelle. Tous les protestataires doivent se lever et défendre les droits corporels et l'autonomie de chaque femme.

3. Appelons les policiers à immédiatement enquêter et maintenir la loi et l'ordre, ils doivent empêcher la délinquance concertée du camp du mouvement anti-occupy ; il faut qu'ils arrêtent les suspects sur-le-champ.

Dans la soirée, le Chef de l'Exécutif Leung Chun-ying a publié une vidéo demandant aux manifestants de quitter les campements et coopérer avec la police, mais il s'est abstenu de condamner les violences des malfrats.

La veille, la Fédération des Etudiants de Hong Kong, une des principales organisations à la tête du mouvement pro-démocratie, avait accepté l'offre de discussions de la Secrétaire en Chef du gouvernement Carrie Lam. Après les nombreux témoignages, dont ceux des blessés, rapportant que la police, au lieu d'empêcher les attaquants, menaçait d'arrêter les participants des campements, la fédération a annulé le dialogue.

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