Le Venezuela n'a plus sa place dans la nouvelle idylle Cuba – USA

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“Vas-y ! Tout ira bien !” Dessin d'Eduardo, source : page de'Edo’ Sanabria. Reproduit avec autorisation.

Le rapprochement diplomatique entre Cuba et les USA, qui succède à des décennies de relations aigres, a pris de court les alliés de Cuba dans les structures étatiques du Venezuela, et suscité une série de réactions qui traduisent l'embarras d'avoir été laissés dans l'ignorance au long de négociations qui duraient à l'évidence depuis des mois.

Conséquence, les médias sociaux au Venezuela ont répliqué par le sarcasme et la caricature, et publié mèmes et commentaires dépeignant le gouvernement comme le personnage délaissé dans l'histoire. Beaucoup pointent également l'apparente contradiction entre le réchauffement avec les Etats-Unis et les idéaux socialistes promus en commun par Cuba et le Venezuela.

Les Vénézuéliens ont eu vent du rétablissement des liens bilatéraux entre Washington et La Havane au surlendemain de la manifestation anti-impérialiste du 15 décembre à Caracas, motivée par les sanctions contre le Venezuela débattues à ce moment au Congrès américain.

Ces sanctions, approuvées le 18 décembre, visaient une brochette de hauts responsables considérés comme menant la répression des manifestants de l'opposition pendant le mouvement de contestation de 2014 au Venezuela.

Mais le dégel soudain dans les relations entre Cuba et les USA semble avoir contraint le Venezuela à la défensive. 

En l'espace d'une semaine, les responsables gouvernementaux sont passés d'un redoublement de leur habituelle rhétorique anti-américaine à la louange prudente de la nouvelle approche d'Obama envers Cuba avant un retour aux féroces critiques contre Washington quand les sanctions sont devenues réalité. Le Venezuela, qui exploitait depuis si longtemps son opulence pétrolière être une épine idéologique et géopolitique dans le flanc des Etats-Unis, se retrouvait soudain à côté de la plaque.

Angel Alayon, un économiste et penseur en stratégie, explique sur son blog Prodavinci comment le gouvernement a perdu la face :

Hay una pérdida simbólica-discursiva que se agrava con el hecho de que el gobierno venezolano ha lucido sorprendido por la negociación entre cubanos y estadounidenses. ¿Por qué no se avisó a Venezuela de estas negociaciones?

Il y a une perte symbolique et discursive aggravée par le fait que le gouvernement vénézuélien a paru surpris par les négociations entre Cubains et Etatsuniens. Pourquoi nul n'a avisé le Venezuela de ces négociations ?

Alayon poursuit en décrivant comment la détérioration de la situation économique a poussé Cuba dans les bras de Washington, et laissé aux décisionnaires vénézueliens une marge de manoeuvre économique et politique diminuée :

Cuba ya no puede contar con Venezuela como lo hacía en el pasado. Es la RealPolitik. Es justo mencionar que las negociaciones entre Cuba y Estados Unidos empezaron cuando el petróleo todavía estaba sobre los cien dólares, pero ya los problemas económicos en Venezuela eran evidentes.

Cuba ne peut plus compter sur le Venezuela comme avant. C'est la Realpolitik. Il est juste de mentionner que ces négociations entre Cuba et les Etats-Unis ont commencé quand le pétrole était encore au-dessus des cent dollars, mais déjà alors les problèmes économiques du Venezuela étaient évidents.

Lors de leur débat politique en ligne sur Global Voices, le contributeur de GV Luis Carlos Díaz et la blogueuse Naky Soto ont évoqué les aspects les plus marquants de la nouvelle du point de vue vénézuélien. Ils ont analysé le retournement politique de Raul Castro, qui il n'y a pas si longtemps “levait le poing aux côtés [du président vénézuélien Nicolas Maduro]” et clamait que les sanctions dont le gouvernement étatsunien menaçait les responsables vénézuélien étaient “inadmissibles” :

Parte de las sanciones que proponían en este caso los congresistas en EEUU era congelar bienes […] y eliminar visas. No a todos los venezolanos, no a todos los chavistas, [solamente] a este conjunto de personas que tienen sobre ellas sospechas o investigaciones sobre torturas y violación de los Derechos Humanos. [A esto] Nicolás [Maduro] responde: ‘No. Tienen que meternos a todos en las sanciones. Debería ser un honor para un revolucionario estar ahí. Todos merecemos esas sanciones, todos deberíamos estar ahí. La gente no debería tener visa.’ Y resulta que ahora los cubanos sí van a poder tener visa, y casas de cambio con dólares, y negociaciones con Estados Unidos […] y muchas empresas van a poder migrar… Y Cuba va a volver a crecer más que Venezuela, como en el año 2014, como en el año 2013…

Parmi les sanctions qu'ont proposées en l'occurence les Congressistes des USA il y avait le gel des avoirs […] et la suppression des visas. Pas pour tous les Vénézuéliens, pas pour tous les chavistes, [seulement] cet échantillon de personnes sujettes à soupçons ou enquêtes pour tortures et violations des droits humains. [A quoi] Nicolas [Maduro] répond : ‘Non. Ils doivent nous mettre tous sous sanctions. Ce devrait être un honneur pour un révolutionnaire d'y être. Npus méritons tous ces sanctions, nous devrions tous y être. Les gens ne devraient pas avoir de visa.’ Et le résultat c'est qu'à présent les Cubains pourront avoir des visas, et des bureaux de change avec des dollars [inexistants au Venezuela], …et beaucoup d'entreprises pourront y migrer… Et Cuba connaîtra une croissance supérieure à celle du Venezuela, comme en 2014, comme en 2013…

Une comédie sentimentale diplomatique ?

Les médias sociaux locaux ont commenté sur un ton badin l'isolement international croissant du Venezuela, en réduisant le gouvernement vénézuélien au perdant d'un cruel triangle amoureux. L'idée du pays plaqué pour une autre par Cuba a été répété dans de nombreux tweets :

Cuba a laissé tomber le Venezuela et sort maintenant avec les USA. Classique, votre copine vous largue pour un autre qui réussit mieux et a une voiture.

D'autres caricaturent la volte-face de Cuba :

La mascotte de Raul Castro regarde le discours de Maduro lundi 15 décembre qui insultait les USA.

Tandis que Cuba est présenté comme ayant tiré le meilleur à la fois du socialisme des pétro-dollars et du capitalisme yankee :

Le seul à sortir gagnant de 15 ans de prospérité pétrolière : Cuba. Il a ruiné le Venezuela et se rapproche aujourd'hui des USA.

Rapprochement définitif de Cuba avec les USA de peur d'une nouvelle Période spéciale après la faillite imminente du Venezuela ?

El Chigüire Bipolar, un blog humristique populaire au Venezuela, n'a pas manqué l'occasion d'apporter son grain de sel avec une amusante conversation imaginaire entre Nicolás Maduro et Raúl Castro sur Whatsapp.

Les utilisateurs vénézuéliens de médias sociaux ont aussi abondamment diffusé les caricatures d’Eduardo ‘Edo’ Sanabria sur ce thème :

Les USA et Cuba comme cul et chemise 

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