Début d’une nouvelle ère pour la politique espagnole ?

Presentación de Ganemos Madrid. Imagen publicada bajo Licencia CC by SA 4.0

Présentation de Ganemos Madrid. Image publiée sous licence CC by SA 4.0.

En Espagne, les années de crise et de mal-être social ont généré une contestation forte et constante, traçant aujourd’hui les contours d'une nouvelle carte politique. Alors que la gestion du pays semblait jusqu’à présent destinée à retomber entre les mains des deux formations majoritaires, à savoir le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et le parti populaire (PP), les élections européennes du 25 mai 2014 ont démontré que le système bipartite chancelle et redonné espoir aux citoyens quant à un possible changement.

La croissance des forces politiques nées en Espagne suite aux révoltes sociales répétées laisse clairement entendre que les prochaines élections pourraient entrer dans l’histoire, un fait qui n’était pas palpable lors de l’émergence du mouvement des Indignés. Les partis minoritaires, qui arrivaient à grande peine à lutter contre les (jusqu’à présent) uniques formations gagnantes de l'ère démocratique espagnole, ont également vu leur potentiel et leurs soutiens augmenter.

Les années de contestation ont donné naissance à de nombreux collectifs qui proposent un changement de modèle pour le pays et une réforme complète du système. Aujourd’hui, ces mouvements se sont organisés pour faire entendre la voix des citoyens et faire passer les droits et le bien-être de la population avant l’enrichissement d’une minorité. Parmi ces nouvelles plateformes, deux sortent du lot : Podemos et Guanyem Barcelona ainsi que leurs équivalents dans les différentes régions de la péninsule.

Toutes deux résultent de l’union de collectifs de voisins, de mouvements sociaux et d’assemblées de quartier. Les figures emblématiques du travail social effectué au cours des dernières années, ainsi que des personnalités du monde académique et politique y contribuent dans le but de servir de contre-pouvoir. Podemos et Ganemos sont des plateformes collaboratives qui s’éloignent de la politique traditionnelle et ont rassemblé un grand nombre de personnes motivées par leur envie de construire un système différent et de faire front aux élites transnationales.

Ganemos et ses dérivés concentrent leurs efforts sur les élections municipales avec l’objectif de donner un nouveau souffle à la démocratie à partir du cadre local. Le 30 décembre 2014, Ganemos Madrid annonçait avoir récolté les 30 000 signatures nécessaires pour se lancer, en mai, dans la course à la mairie de la capitale :

Ganemos Madrid ha puesto en marcha un grupo de trabajo que se encargará de este asunto y que en breve comenzará sus contactos con organizaciones políticas y sociales. Lasúnicas condiciones mínimas para este proceso confluente serán el respeto mutuo, la cooperación entre iguales, la transparencia y el protagonismo ciudadano como base para la construcción de una candidatura y un movimiento municipal con garantías de victoria.

Ganemos Madrid a lancé un groupe de travail qui se chargera de cette question et qui commencera bientôt à prendre contact avec les organisations politiques et sociales. Les seules conditions pour que ce processus débouche sur une candidature et un mouvement municipal garantissant la victoire seront le respect mutuel, la coopération d'égal à égal, la transparence et le rôle central des citoyens.

Chapa con el logo de Ganemos

Photo publiée sous licence CC by-SA par le journal Diagonal.

Podemos est issu du monde académique madrilène où deux professeurs ont décidé de former une plateforme citoyenne d’opposition aux politiques européennes d’austérité. Ganemos Madrid s'est créé lors d’une assemblée du forum Municipalia organisé après les élections européennes du mois de mai passé. Les deux formations à vocation citoyenne ont obtenu un soutien considérable que les autres acteurs politiques espagnols ne peuvent plus ignorer et les attaques contre leurs représentants ne se sont pas fait attendre.

L’Espagne compte des élections municipales, régionales et générales. Podemos participera aux régionales et aux générales avec une formation unitaire, alors que les différents groupes de Ganemos, répartis sur tout le territoire, se présenteront aux municipales intégrés par quelques membres de Podemos. Après les mobilisations massives dans les rues, qui ont caractérisé les années 2011 et 2012, il semble que les appels à manifester se réduisent.

Cela s’explique probablement en partie par la maturation des mouvements qui ont commencé par sortir dans la rue manifester et qui désormais s’organisent sous forme d’assemblées pour les différentes élections qui se tiendront dans le pays. Il y a un mois, Podemos présentait publiquement un document exposant les lignes directrices de son Projet économique pour la population qui, s’il modifie quelques-unes des mesures annoncées initialement, comme l’implantation d’un revenu de base ou le défaut de paiement de la dette espagnole, plaide pour la création d’une banque publique, un sauvetage citoyen pour restructurer les dettes des familles, un audit public de la dette nationale, une réforme fiscale qui taxe plus les grandes fortunes et la récupération de l’État providence.

Bien qu’il soit difficile de juger les formations si récentes qui n’ont ni gouverné ni défini leur programme électoral, il est possible d’affirmer que la naissance de Podemos et Ganemos a eu le mérite d’apporter des idées nouvelles, de créer un débat politique et de proposer une nouvelle méthode de prise de décision plus participative qui s’articule autour de l’implication et du soutien des citoyens.

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