Il y a 80 ans prenait fin la Guerre du Chaco, le conflit armé le plus meurtrier du 20ème siècle en Amérique du Sud

Fortín Boquerón. Fotn en Fickr del usuario Tetsumo (CC BY 2.0).

Texte que l'on peut lire au Fortin de Boquerón (Paraguay) au sujet de la Guerre du Chaco. Image provenant du site Fickr – Usager: Tetsumo (CC BY 2.0).

Entre 1932 et 1935, la Guerre du Chaco opposa le Paraguay et la Bolivie. Considérée comme étant le conflit armé le plus meurtrier qu'ait connu l'Amérique du Sud au cours du vingtième siècle, elle a eu pour motif le contrôle, qui a déterminé les limites géographiques entre les deux pays, de la région appelée Chaco Boreal. Près de 400.000 soldats boliviens et paraguayens furent mobilisés pendant ces trois années de conflit.

La région du Chaco Boreal se trouve au nord du Gran Chaco, zone jouissant d'une grande diversité naturelle et culturelle dans le Cône Sud, et qui comprend des régions des territoires actuels d'Argentine, de Bolivie, du Brésil et du Paraguay, situées entre le Río Paraguay, le Río Paraná et les hauts plateaux des Andes.

Presque 70 ans auparavant, le Paraguay avait été dévasté suite à la Guerre de la Triple Alliance. Cette coalition était constituée du Brésil, de l'Uruguay et de l'Argentine. Le conflit se prolongea plus de six ans, entre 1864 et 1870. À la fin, le Paraguay avait perdu une grande partie des territoires qu'il disputait au Brésil. En outre, le pays fut condamné à payer une très lourde indemnité de guerre qu'il ne parvint pas à verser.

Le site web El Historiador relate la Guerre du Chaco qui prit fin le 12 juin 1935. Il y est également question des différents acteurs de ce conflit :

En 1932, le gouvernement bolivien dirigé par Daniel Salamanca déclara la guerre au Paraguay. […] Il croyait qu'une victoire rapide lui permettrait d'affronter deux fronts différents, à savoir en Bolivie et au Paraguay.

En Bolivie, le gouvernement s'efforça de créer une unité patriotique. Il en profita également pour attaquer les opposants et interdire les syndicats qui dénonçaient le fait que l'ensemble du peuple subissait les conséquences de la crise de 1929. Concernant le Paraguay, il fut proposé d'annexer le Chaco Paraguayen ainsi qu'une voie fluviale qui, depuis trente ans (de trop, selon le gouvernement bolivien), donnaient accès à l’Océan Pacifique, du côté du Chili.

Voici ce que l'on peut lire sur ce site au sujet du Paraguay :

Les Paraguayens ne cherchèrent pas la guerre, mais ils montraient à nouveau que, malgré les chocs historiques qu'avaient vécus leurs pays voisins […] ils sauraient comment riposter. […] l'avancée des troupes boliviennes obligea le pays à décréter la mobilisation générale.

La contre-offensive du Paraguay, qui connut son tournant lors de la Batalle de Boquerón (en septembre 1932), permit à ce pays de récupérer les forts frontaliers et, peu après, d'être rattaché aux Andes, où les troupes s'arrêtèrent. Y seraient engagées des négociations ardues.

Le 14 juin 2015, les présidents Evo Morales (Bolivie) et Horacio Cartes (Paraguay) se sont réunis pour commémorer les 80 ans de la fin du conflit armé qui opposa les deux pays :

En ce jour anniversaire, les gouvernements des deux États soulignent que leur avenir réside dans le processus d'intégration encouragé par des vents de paix en Amérique du Sud.
[…]
Ce dimanche, au coeur du Chaco, à Villa Montes, les gouvernements d’ Evo Morales et de Horacio Cartes Cartes donneront un nouveau souffle au processus d'intégration physique des pays voisins avec l'idée de générer des bienfaits pour les populations de deux pays qui n'ont pas accès à la mer. Celles-ci luttent pour sortir de la pauvreté.

Comme cela se passe habituellement dans les guerres, derrière les mobilisations se cachaient des intérêts économiques, tant du côté de gouvernements étrangers que d'entreprises privées, comme le décrit le site web Infonews qui qualifie ce conflit de “guerre sanguinaire et inutile” :

Les puissances internationales ont également joué un rôle dans ce conflit. En particulier la Grande-Bretagne et les États-Unis, qui ont vendu des armes et des munitions à la Bolivie ainsi qu'au Paraguay. […] La rivalité qui, à cette époque, existait entre les compagnies pétrolières Standard Oil (États-Unis) – active au sud des Andes – et Royal Dutch Shell (Royaume-Uni) – qui promouvait ses intérêts sur le territoire paraguayen.
[…]
Le paradoxe est que, dès que le conflit prit fin, aucun de ces deux pays n'atteignit ses objectifs de départ. Le Paraguay ne parvint pas à s'emparer de la zone pétrolière du Río Parapetí (Bolivie) ni de ses environs. La Bolivie ne réussit pas davantage à élargir son territoire vers les rives du Río Paraguay, où elle n'obtint tout juste qu'un port franc, sans véritable possibilité de transporter ses marchandises. Le traité de paix conclu en 1938 prévoyait pourtant tout cela.

Les usagers de Twitter se sont souvenus du sacrifice que fit la famille Campero, de Bolivie, en envoyant ses cinq fils au combat :

La famille qui envoya ses cinq fils au combat. Les frères Campero partirent à la guerre pour l'amour de la patrie. http://t.co/pNwkfPWNrT  — Daniel Antonio (@dvelasquez38), le 15 juin 2015

Fernando Campero Paz, fils de l'un de ces cinq frères, a également réagi à ce sujet sur Twitter :

C'est un honneur. Les cinq frères Campero Trigo ont défendu la patrie. Article de la BBC Mundo !!! http://t.co/c7ID9aRbkL — Fernando Campero Paz (@Fercapaz), le 14 juin 2015

D'après la BBC Mundo, un récent recensement, effectué en mars 2015 par la Confédération des Anciens Combattants de la Guerre du Chaco (la Conexchaco) a montré qu'il ne restait en Bolivie à peine qu'une centaine de survivants sur les 180.000 soldats ou Beneméritos qui furent mobilisés au vingtième siècle. Et ces quelques survivants sont centenaires.

Le 9 juillet 1938 fut signé un traité secret. Ainsi, au cours de ce mois-là, le Paraguay céda, à la fin des hostilités, 110 000 km² de territoires qu'occupait son armée. Le Traité de Paix, d'Amitié et des Frontières fut conclu le 21 juillet 1938. Bien des années plus tard, le 27 avril 2009, les frontières définitives furent établies. L'ancienne zone qui était l'objet du litige fut divisée en quatre parties. Trois d'entre elles restèrent rattachées au Paraguay, la quatrième à la Bolivie. Ce pays obtint une zone se trouvant sur les hautes rives du Río Paraguay.

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