Madagascar : Ambiance étrange pour le cinquantenaire de l'indépendance

Le 26 juin sera le 50e anniversaire de l'indépendance de Madagascar, et les festivités ont déjà commencé. En dépit d'une brillante affiche de vedettes internationales du spectacle, l'ambiance n'est pas précisément festive, du fait de l'incertitude politique et de l'épreuve économique engendrées par la crise qui dure depuis 18 mois.

Pavoiser et allumer les lampions en l'honneur de l'indépendance est une tradition bien ancrée à Madagascar à cette période, mais pour diverses raisons les drapeaux sont plus rares cette année. L'atmosphère a été encore assombrie par la mort d'un piéton fauché par un motard du cortège présidentiel.

Les festivités ont sans doute rempli les médias traditionnels, mais plusieurs blogueurs se demandent si cela se justifie d'avoir une célébration coûteuse en temps d'incertitude économique et de disette massive dans la partie sud du pays. De nombreux Malgaches ont apprécié le spectacle, un répit bienvenu dans la routine quotidienne.

Les blogueurs ont été nombreux à donner leur avis sur la question. Ndimby rappelle les paroles célèbres d'un homme d'Etat romain et se demande ce qu'il est advenu des promesses de réduction de la dépense publique :

on se demande où sont passé les grands slogans lancés sur la Place du 13 mai contre le gaspillage des deniers publics pour des futilités ? Sans doute est-ce le prix à payer pour que le DJ Andry TGV puisse marquer à sa manière de son empreinte la vie nationale. C’est donc l’occasion de lui rappeler ces mots de Cicéron : « Plus on est placé haut, plus on doit se montrer humble ».

Lampion malgache, photo ChronoWizard sur Flickr sous licence CC

Le blogueur Randy affirme sur sa page Facebook que la fête nationale n'appartient à aucun parti politique et qu'il est heureux de voir des artistes étrangers venir honorer Madagascar :

ému en voyant le rapper américain Big Ali entrer sur scène drapé du drapeau national malgache. Il s'en est jamais séparé tout au long du show [..] La fête de l'indépendance n'appartient à personne. le drapeau national, tout comme l'hymne, fait partie des institutions sacrées de la République que chaque citoyen doit respecter indépendamment des dirigeants.

D'autres lampions, par ChronoWizard: http://www.flickr.com/photos/chronowizardmg/

Alors que la fête nationale approche, plusieurs procès criminels en relation avec les troubles de l'année passée sont en cours à Antananarivo.
10 journalistes de radio ont été emprisonnés depuis mi-mai. Si beaucoup de blogueurs réfléchissaient à la signification du cinquantenaire des indépendances pour de nombreux pays francophones, Basyvava se tourne quant à lui vers les affaires intérieures et se demande à haute voix si le système judiciaire à Madagascar peut se dire “indépendant” [en malgache]:

Fitsarana izay niniana natao amin’izao ankatoky ny fankalazana ny faha-50 nahazoana ny fahaleovantenam-pirenena izao. Ny eo anivon’ny fitondranana FAT no hita toa namaritra ity daty hanaovana ny fitsarana ity, izay heverin’ny mpanarabaovao, fa fitsabahana mivantana amin’ny asan’ny fitsarana eto amintsika.

Les procès sont programmés aux alentours de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance. Les dirigeants de la HAT (le gouvernement de transition) semblent avoir sélectionné cette date et c'est pourquoi on doit se demander si le système judiciaire est réellement indépendant dans notre pays.

En conclusion, dans cette année clé et au vu des troubles passés, Mitiyu se demande si cette “démocratie”, que chaque homme politique malgache semble revendiquer comme son but suprême, en vaut vraiment la peine pour des pays comme Madagascar :

On parle souvent d’élection, une manifestation de la démocratie. Si nous analysons les issus de certaines élections et l’impact social, économique ou politique de certaines élections à Madagascar on peut se demander si on a réellement besoin de la démocratie car en fin de compte on lave le cerveau du peuple « manipulé », on leur explique qu’ils sont malheureux et on leur demande de descendre dans la rue au nom de la démocratie.
Avec la démocratie, on met aussi en avant la liberté d’expression. Est-ce que cette liberté d’expression existe-t-elle à Madagascar ou est-ce qu’on doit toujours se cacher derrière une autre identité ou sous la ligne éditoriale imposée par le patron de presse pour mieux s’exprimer en toute quiétude?

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