Japon : Souvenirs d'un hors-la-loi – première partie

Après presque trois ans à l'ombre, un blogueur – qui préfère garder l'anonymat – a décidé de raconter l'histoire de sa vie derrière les barreaux.
Arrêté pour un crime qui, dit-il, n'a tué ni blessé personne, il blogue ‘pour réexaminer une vie partie en vrille’.

source Mrhayata, licence CC.

Les citations ci-dessous sont des extraits de différents billets écrits à l'origine en japonais et reproduits avec l'accord de l'auteur.

Des faits à l'arrestation

J'ai commis le crime en hiver, il y a 7 ans.
A l'époque je ne savais pas pourquoi je l'avais fait, mais j'étais faible, j'ai paniqué et suis parti. Je suis rentré chez moi, ai pris la voiture et me suis mis à rouler sans savoir où j'irais..
Autrement dit, j'ai pris la fuite.
Dans ma tête, je n'avais qu'une pensée : ‘Je devrais demander pardon à ma famille en mourant’. Il y avait aussi des victimes mais à ce moment je n'avais vraiment pas le temps de penser à elles…
Comme je l'ai dit, je n'ai blessé personne, parce que, quand la chose s'est passée ils n'étaient pas présents.
Quoi qu'il en soit, pendant deux mois j'ai fui à travers tout le Japon…
Je dormais dans les saunas, les hôtels-capsules bon marché ou les parcs. Quand j'étais dans le parc de Nara et que les cerfs approchaient, c'était effrayant…

J'ai été arrêté dans un hôtel capsule à Tokyo. Jusque-là j'avais toujours utilisé de faux noms pour m'enregistrer mais, je ne sais pourquoi, cette fois j'avais inscrit mon nom et adresse véritables. Aussi, quand l'employé de l'hôtel l'a vu, il a appelé la police.
La police vérifiait mon compte bancaire et savait que j'étais en cavale à travers le pays, un avis de recherche avait donc été adressé à chaque sauna et hôtel dans les régions où j'avais été.
Il était 22 h je crois, lorsque le rideau de la capsule où je dormais fut brusquement ouvert et qu'une voix dit “Police, vous savez pourquoi nous sommes là !”
Il y avait trois enquêteurs et un officier de police dans le corridor de l'hôtel. En m'emmenant vers la voiture de police, ils ne m'ont pas menotté mais ils tenaient solidement l'arrière de mon pantalon. Un aboyeur d'un bar voisin qui ne comprenait pas ce qui se passait me parla mais à ce moment j'avais un trou et ne comprenais pas bien les événements…

Ma vie dans la cellule de police

Le lendemain de mon arrestation, je me réveillai à 7 heures.
A 9 h précises, l'enquêteur vint et on m'emmena dans la pièce d'interrogatoire. Ce fut la première fois qu'ils me menottèrent les mains derrière le dos. Les menottes étaient serrées et lourdes. Je comprenais maintenant pleinement que j'étais en état d'arrestation.
Ce jour-là, l'interrogatoire dura toute la journée. Je ne me souvenais pas bien et avais oublié certaines choses, mais si je répondais selon mes souvenirs, l'enquêteur tapait sur le la table et criait “menteur” ou “rappelez-vous” ! J'avais l'impression de regarder un film policier et comment j'ai pu rester calme reste un mystère pour moi.
L'enquêteur chargé de m'interroger ne fumait pas, alors ils m'ont dit que je ne pouvais fumer que 3 cigarettes au cours de l'interrogatoire. Je n'ai appris qu'après que ça n'avait pas de sens.
Lorsque je dus signer quelques pages dactylographiées de procès-verbal, je fis remarquer qu'il y avait des différences avec ce que j'avais dit. Ils répondirent quelque chose comme “C'est largement pareil, non” ou une expression de ce genre, mais je leur fis reprendre. A l'époque je ne savais rien du procès mais par la suite j'ai été extrêmement content de leur avoir fait corriger…

Dans la cellule de police il y avait des parrains yakuza, des gangsters, des Chinois, des Irakiens, des Américains etc. Les crimes étaient variés. Les étrangers et les gangsters étaient un groupe indifférent, mais les parrains étaient serviables. Ils ont donné au bleu que j'étais des articles de toilette et des casse-croûte.
On était relativement bien traité dans la station de police où j'étais et une fois par semaine ils faisaient des courses pour vous si vous aviez de quoi payer. Je pus acheter des chips de pommes de terre, des bonbons, jus de fruit, sucreries, du pain ou de de quoi manger pour la journée.
Ce qui me laissa sans voix, c'est un Américain qui était devenu violent, dès le début ils le mirent donc seul dans une cellule pour femmes ou mineurs. Il hurlait la nuit, frappait les policiers et lançait des excréments… Aussi chaque fois qu'ils le déplaçaient il fallait trois policiers. Il répétait “Vous êtes grossiers avec les Américains parce que vous avez perdu la guerre !” Quelle idiotie.
L'interprète avait du fil à retordre…

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